Quand on m’a proposé d’être l’invité de la rédaction de La Gruyère pour une journée, j’ai accepté immédiatement. Premièrement, que faire d’autre un mercredi matin pluvieux à Bulle? Et surtout, j’ai cru que je serais rédacteur en chef pendant une journée.à suivre…
Entendons-nous d’emblée. Personne ne connaît Christian Kjellvander sous nos latitudes. Ce qui est évidemment un tort. Natif de Malmö, ce Suédois de 40 ans pratique une forme de folk intime et introvertie, saupoudrée de guitares aux sonorités vintage. Douze ans après son premier album Songs from a two-room chapel, le crooner publie A village: natural light, neuf titres enregistrés dans une vieille chapelle, dans la nature sauvage du nord de Stockholm.
Sur des rythmiques lentes ou parfois mid-tempo, Christian Kjellvander égrène ses comptines sombres (Dark ain’t that dark) avec des accents subtilement kitsch, ce qui est sans doute sa seule faute de goût. Au reste, le Suédois dispose d’une voix chaude et envoûtante et signe des compositions subtiles et très atmosphériques, à l’exemple de Midsummer (red dance), un petit chef-d’œuvre. Sous ses airs torturés, il chante des ballades marquées du sceau du romantisme noir, comme lorsqu’il se souvient «de la première fois que nous avons fait l’amour / dans un cimetière»… A village: natural light n’est pas sans rappeler les magnifiques albums de Luka Bloom, ce chanteur irlandais que le succès épargne également depuis plus de trente ans.
par Christophe Dutoit
Christian Kjellvander A village: natural light Irascible Music
Redécouvert il y a une dizaine d’années, le pionnier fribourgeois de la photographie Pierre Joseph Rossier fait l’objet d’une exposition à la BCU de Fribourg. Avec une mise en valeur numérique de ses vues stéréoscopiques prises au Japon, en Chine, au Siam et… à Fribourg entre 1858 et 1872.
En 2004, cet homme était encore un inconnu sur ses terres d’origine. Durant plus de cent quarante ans, le nom d’un certain P. Rossier était certes parvenu aux oreilles de quelques spécialistes de la photographie ancienne. Mais on le croyait français, bien que durant ses séjours en Extrême-Orient on le surnommât «l’Anglais». Il y a une douzaine d’années cependant, l’historien britannique Terry Bennett et le président de Pro Fribourg Gérard Bourgarel identifiaient formellement celui qui est désormais considéré comme l’un des pionniers fribourgeois de la photographie. Aujourd’hui, même si la vie de Pierre Joseph Rossier demeure encore très mystérieuse, la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg lui consacre une exposition intitulée Japon-Fribourg, à voir jusqu’au 12 novembre.à suivre…
Depuis 2011, le photographe fribourgeois Jean-Luc Cramatte accumule ses photographies d’arrières de fermes, regroupées dans un magnifique ouvrage aux Editions Patrick Frey.
par Christophe Dutoit
On ne dit jamais un cul de ferme On dit l’arrière d’une ferme L’endroit où s’entassent Une archéologie du futur Un oubli de génération Des secrets bien gardés
Malgré ce qu’il en dit dans son aphorisme, Jean-Luc Cramatte a appelé son dernier ouvrage Culs de ferme. «Durant un temps, on pensait l’intituler Farm lovers», avoue-t-il. Un titre en anglais, car les Editions zurichoises Patrick Frey vendent d’abord leurs livres aux Etats-Unis et au Japon. Finalement, le photographe fribourgeois aux origines jurassiennes est revenu au français. Le charme de la langue, sans doute.à suivre…
Cet automne, le centre culturel Ebullition fête ses vingt-cinq ans d’activité et s’apprête à sortir, samedi, son livre anniversaire. En 2014, son programmateur Flavien Droux avait réalisé un travail de bachelor sur le thème «Les structures culturelles, des lieux de formation?» Depuis 1991, de nombreux éclairagistes, ingénieurs du son ou membres du comité ont fait carrière après leur passage à la rue de Vevey.
par Christophe Dutoit
«Certains voient Ebullition comme un lieu de bruit, de danse et de nuisances. Mais pas d’emblée comme un lieu de formation.» Le constat émane de Flavien Droux, l’actuel programmateur de la salle bulloise et auteur d’un travail sur la question en 2014.à suivre…
Ecrivain et dramaturge, August Strindberg a aussi mené une activité de peintre et de photographe. Le Musée cantonal des beaux-arts, à Lausanne, organise la première rétrospective de ses œuvres en Suisse.à suivre…
Christophe André travaille pour une ONG dans le Caucase, en Ingouchie. Lors de sa première mission, alors qu’il dort seul au début du mois de juillet 1997, un commando fait irruption dans sa chambre et l’emmène de force, torse nu et sans pantalon. Après des premières heures d’incertitude – «Vont-ils voler le coffre-fort de la mission, me torturer ou me tuer?» – il est transbahuté de l’autre côté de la frontière, en Tchétchénie. Sa geôle consiste en une pièce vide de meubles, aux fenêtres barrées. Un matelas, un radiateur, une paire de menottes: le quotidien de l’humanitaire français se transforme en enfer de la solitude, attaché en permanence.à suivre…
Trois ans après L’invention de nos vies, Karine Tuil reprend un principe comparable: imbriquer des histoires intimes, des relations amoureuses, amicales ou familiales, aux événements qui marquent notre époque. Dans L’insouciance, elle tisse son histoire de manière encore plus serrée alors que son regard, très appuyé, sur notre société et ses dérives paraît plus pertinent encore.à suivre…
En vingt ans de carrière, Madeleine Peyroux s’est fait une très belle place dans le paysage des voix jazz actuelles. C’est accompagnée du guitariste Jon Herington et du bassiste Barak Mori que la chanteuse américaine a concocté un huitième album très intime. A la suite d’un concert dans une petite église d’Angleterre, très touchée par l’acoustique exceptionnelle du lieu, Madeleine Peyroux décide d’y enregistrer, en trois jours, les dix titres de Secular Hymns. à suivre…
Quarante ans après, Higelin 75 fait écho à BBH75, disque charnière dans la carrière du grand Jacques. Comme à l’époque, ce nouvel album lâche la bride à sa folie généreuse, sa rage et sa soif de liberté.à suivre…
Le trio fribourgeois Dirty Sound Magnet vernit son troisième album ce vendredi à Fri-Son. Rencontre avec le guitariste Stavros Dzodzosz et le bassiste Marco Mottolini pour évoquer la lente maturation de Western lies.
par Christophe Dutoit
Demain soir sera le grand soir pour Dirty Sound Magnet. Sur la scène de Fri-Son, le trio fribourgeois vernira son troisième album, Western lies, fruit de plus d’une année de travail acharné.à suivre…
Philosophe, spécialiste de Michel Foucault, Frédéric Gros se lance pour la première fois dans le roman. Et son entrée en littérature a été remarquée: Possédées est toujours en course pour le Goncourt, qui sera décerné le 3 novembre. Même s’il a peu de chances de le décrocher, c’est déjà un signe de reconnaissance assez rare pour un nouveau venu. Frédéric Gros s’est emparé à son tour de l’affaire des possédées de Loudun, régulièrement transposée en roman, au théâtre, en BD…à suivre…
L’incipit donne le ton: «Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes.» Des mots secs, glaçants, que l’on garde en mémoire tout au long du récit qui suit: l’apparente bienveillance de la nounou ne peut pas nous tromper. On sait que tout finira mal et Leïla Slimani ne relâche pas sa prise. Chanson douce, son remarquable deuxième roman après Dans le jardin de l’ogre (2014), connaît certes des moments d’apaisement, mais qui ne ralentissent guère cet effroyable crescendo.à suivre…
L’histoire est simple et extrêmement compliquée: depuis les années trente, l’éditeur DC a multiplié les créations, vécu des changements de ligne complets et rajouté des concurrents à son portefeuille, tout en essayant de garder un univers unique et cohérent. Passé, futur, mondes parallèles, avec toujours des variations des personnages emblématiques de la firme (Batman, Superman…): on essayait de tout faire tenir dans une cohérence de plus en plus chancelante. Pour ses cinquante ans d’existence en 1985, DC décide de mettre de l’ordre et confie à Marv Wolfman et George Pérez la tâche de réécrire – et de simplifier – cinq décennies d’histoire. Au final, une seule terre survivra dans les larmes et le sang.à suivre…
Avec A présent, Vincent Delerm continue d’observer le quotidien et de distiller des merveilles légères ou mélancoliques. Rencontre lors d’un récent passage à Lausanne.à suivre…