Nous parlons de plus en plus mal et personne ne s’en offusque. Ou presque: le poète Alain Borer analyse le désastre que vit la langue française et lance un cri d’alarme. à suivre…
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Nous parlons de plus en plus mal et personne ne s’en offusque. Ou presque: le poète Alain Borer analyse le désastre que vit la langue française et lance un cri d’alarme. à suivre…
Il y a tout juste 175 ans, l’invention de la photographie était enfin divulguée à Paris, après six mois d’une attente rendue fiévreuse par les rivalités, les rumeurs et les enjeux liés à la primeur de la découverte. Ce 19 août 1839, François Arago présentait aux Académies des sciences et des beaux-arts, spécialement réunies pour l’occasion, le procédé de Louis Daguerre en ces termes: «A l’inspection de plusieurs des tableaux qui ont passé sous nos yeux, chacun songera à l’immense parti qu’on aurait tiré […] d’un moyen de reproduction aussi exact et aussi prompt.» à suivre…
Que reste-t-il des films, livres, disques, spectacles découverts tout au long de l’année? Retour sur nos coups de cœur les plus marquants.
par Eric Bulliard et Christophe Dutoit
Un film, un seul, suffit à rendre exceptionnelle l’année cinématographique. Un film prodigieux d’intensité et d’équilibre entre la puissance émotionnelle et la rigueur formelle. Palme d’or à Cannes, La vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche est «le film de la semaine, du mois, de l’année, du siècle», selon Eric Libiot, critique de L’Express, qui dit rarement des bêtises.
Combien de temps encore durera l’histoire d’amour entre Prince et le public du Montreux Jazz Festival?
En 2007, le kid de Minneapolis donnait un concert d’anthologie, rassasiant ses fans avec une apparition surprise à 3 h du matin au Montreux Jazz Café. La légende raconte que le musicien finira au petit matin par jouer, tout seul, au piano du Palace. Un mois plus tard, rebelote à Londres, où Prince joue 21 soirs, à chaque fois devant 20000 personnes, sans jamais répéter le même concert.
Il n’en fallait pas tant pour que Claude Nobs réinvite le bonhomme en 2009. Pour deux concerts le même soir, pour chacun desquels les amoureux se sont empressés de prendre un billet. Malgré la douloureuse, le show en valait – paraît-il – la peine.
Jamais deux sans trois. En février 2013, un mois après le décès du fondateur, Montreux offre son Stravinski trois soirs à sa majesté. Samedi, le virtuose ne daigna pas emmancher sa guitare ni s’asseoir derrière son piano. Avec ses 20 musiciens, il s’est juste mué en maître de cérémonie digne de James Brown, rapportent des critiques plutôt saumâtres. Mieux encore. A la fin de la prestation, on annonce une after au Lab. Prix d’entrée: 100 francs.
Là, franchement, c’en est trop, on dépasse les bornes! Devant une salle à moitié pleine (ou moitié vide, c’est selon), les pigeons assistent à trois solos de trente secondes durant le concert de Larry Graham! Et le pire dans tout ça, c’est qu’on les y reprendra encore…
par Christophe Dutoit
Les trente secondes de solo de Prince durant le concert de Larry Graham et son Graham Central Station…
Que retenir des livres, disques, films, spectacles de l’année écoulée? Le temps d’un double regard dans le rétro, forcément subjectif. Quelques œuvres qui nous ont marqués en 2012.
par Eric Bulliard
D’abord, il y a eu ce choc, dès le mois de janvier. Dans Claustria, Régis Jauffret, explorateur implacable des parts les plus sombres de l’être humain, revenait sur l’affaire Fritzl, du nom de cet Autrichien qui a séquestré sa fille durant vingt-quatre ans. Un roman monstrueux, insupportable et grandiose. à suivre…
Jacques Dupin est mort le 28 octobre, à 85 ans. Qui osera dire que ce n’est pas l’événement de ce mois? Souvenir de ce choc en découvrant Le grésil, en 1996, en goûtant cette poésie âpre, ce souffle à la fois ténu et tranchant. «Le froid, le fendre / et sonner comme une pierre / devenue aveugle / devenue / lumière errante». à suivre…
Dans l’histoire des Francomanias, certains concerts ont vécu des circonstances exceptionnelles. Sans que le public s’en rende vraiment compte, les prestations d’Hubert-Félix Thiéfaine et de Brigitte Fontaine, le 18 mai à Espace Gruyère, méritent qu’on raconte enfin l’envers du décor. à suivre…
Sans remonter à Piero della Francesca, la provocation fait depuis longtemps les beaux jours de l’art occidental. Après le fameux Urinoir de Duchamp (1917), il a même été érigé en dogme par quelque plasticien.
Que penser alors du geste de Vladimir Umanets, un Russe de 26 ans, dont l’imbécillité n’a visiblement pas attendu le poids des années. Dimanche, le courageux esthète a graffité l’une des toiles de Mark Rothko exposées à la Tate Modern de Londres.
Arrêté lundi, ce corniaud qui se veut lettré a défendu ainsi son acte: «Ce n’est ni de l’art ni de l’anti-art. Je ne suis pas un vandale. Je suis un jauniste! Je voudrais que les gens en parlent…» Ben, voyons! Il ne nous manquait plus que le péril jauniste!
Personnellement, j’avais souri lorsqu’une admiratrice avait laissé, en 2007, un baiser rouge à lèvres – réversible celui-là – sur une toile blanche de Cy Twombly. Mais, de là à sprayer à la bombe un Rothko, il y a un monde contre lequel le bon sens doit s’ériger. Oui, l’art doit poser des questions. Oui, l’art doit pousser dans les cordes les limites de la liberté d’expression (ce ne sont pas les Pussy Riot qui me contrediront). Mais, cher Vladimir, pas question de toucher à un Rothko! N’y a-t-il pas assez de murs en béton sur cette planète pour une telle ignominie?
Christophe Dutoit