Thomas Wiesel: «La presse locale, un îlot d’espoir»

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Thomas Wiesel © Olivier Steiner

par Thomas Wiesel

Quand on m’a proposé d’être l’invité de la rédaction de La Gruyère pour une journée, j’ai accepté immédiatement. Premièrement, que faire d’autre un mercredi matin pluvieux à Bulle? Et surtout, j’ai cru que je serais rédacteur en chef pendant une journée.

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Je me réjouissais de vérifier l’étendue de mes pouvoirs, de convoquer des gens dans mon bureau pour leur expliquer que le journal allait pouvoir se passer de leurs services, de commander un papier sur l’étonnante générosité et les actions caritatives du jeune humoriste Thomas Wiesel. J’ai rapidement découvert que je n’avais aucun pouvoir décisionnel, j’étais invité, j’avais le droit d’observer et de commenter. Le tout sur une chaise de bureau avec des ressorts. C’était déjà pas mal.

J’ai eu le privilège d’assister au briefing du matin, dans le bunker antiatomique qui sert de salle de rédaction à La Gruyère. J’y ai appris des noms de lieux, et même un vocabulaire: «Tu peux prendre le bandeau pour aller avec ta tête?» ou encore «la 19, elle est bien bétonnée, mais file-moi un bouchon». Je me suis demandé si c’était moi qui avais mal dormi ou si j’étais à une brocante surréaliste.

Une presse qui s’occupe de nous
J’ai assisté au même exercice pour le quotidien Le Temps, il y a quelques semaines et le contraste est saisissant. D’un côté, c’était la mort du président ouzbek et le bombardement d’Alep; de l’autre, la visite de Saint-Nicolas et un concert à Semsales. Je vous laisse deviner qui est qui. Ne voyez là aucun jugement hiérarchique de ma part.

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J’adore l’actualité locale. Je suis persuadé de l’importance et de la nécessité d’une presse locale de qualité. Qualité qu’incarne bien La Gruyère, je crois, mais je suis pas objectif, ils m’ont offert des croissants.

Cette presse qui s’occupe de nous, de chez nous, des nôtres. Cette presse qui parle même de trucs qui n’intéressent que nous. Cette presse qui, contrairement à la majorité des médias, comporte parfois une majorité de bonnes nouvelles. Rien que le fait que le canard paraisse trois fois par semaine, je suis fan, il en fait qu’à sa tête.

Dès que je vais jouer quelque part et que je veux agrémenter mon spectacle de quelques références et blagues de proximité, je consulte le journal du coin, et c’est un véritable crève-cœur quand il n’y en a plus.

Je ne connais pas les chiffres financiers de La Gruyère, mais je pense qu’ils sont excellents, je n’ai vu aucun signe de malnutrition parmi l’effectif. Nombreux sont les collaborateurs qui n’ont même pas touché aux croissants, pourtant gratuits. J’en ai pris trois.

De temps en temps, des bêtises
On n’a de cesse de l’entendre, la presse écrite va mal. Je suis d’un œil inquiet les déboires des journaux de Tamedia, le sauvetage du Temps, ainsi qu’une méfiance généralisée des journalistes, alimentée par les sites dits de réinformation et les théories du complot.

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La presse locale constitue un îlot d’espoir. La majorité des titres jouissent d’un lectorat fidèle et d’une bonne popularité. Le Journal de Morges vient d’être racheté par son rédacteur en chef et La Gruyère vient de nommer un humoriste prometteur à sa tête. Une de ces infos est fausse, mais il faut bien de temps en temps un article qui raconte des bêtises dans ces pages. ça fait garder les pieds sur terre.

Parce qu’à force d’aller à Estavayer-le-Lac interviewer des pisciculteurs ou de faire un décryptage de la nouvelle Loi sur les communes, ça peut monter à la tête. Ou au bandeau. Ou au bouchon. Je n’ai toujours pas compris de quoi ils parlaient. Il reste des croissants?

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