Pierre Lemaître: «Son silence pour une pincée de billets»

Comment oublier Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre? La suite, Couleurs de l’incendie, se lit, ou plutôt se dévore avec la même frénésie et les mêmes haut-le-cœur. L’entredeux-guerres en France, banal enterrement d’un banquier évidemment richissime: tous les protocoles coincés de cette élite bourgeoise sont là. Déjà, les mensonges suent sous les voilettes des femmes bien pensantes et les chapeaux des hommes politiquement corrects. Cependant, lors de la cérémonie, un fait divers tragique perturbe tout ce beau monde tellement sûr de lui, n’ayant jamais de doute à sa certitude…

Dès lors, nous sommes au cœur de la mesquinerie, de la perversité de ce milieu arriviste qui tente de refaire fortune après la Première Guerre mondiale. Tous les coups bas sont possibles. «Non. Vous avez perdu votre fortune en même temps que je constituais la mienne, c’est tout à fait différent», dit Gustave. La minutie de l’écriture, autant sur les futilités que sur les choses graves (la montée du nazisme), nous plonge dans un univers tragico-burlesque. Le petit-fils du mort, Paul, bègue dès son enfance aurait pu dire c’est «t-tr-trop-cr-cru-cru-cruel!»

Par Vérène Gremaud

Pierre Lemaitre, Couleurs de l’incendie, Albin Michel, 544 pages

Posté le par Eric dans Littérature, Livres Déposer votre commentaire

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