Ebullition

«Ebullition doit garder son esprit alternatif et rock’n’roll»

Ebullition clôt l’année de ses vingt-cinq ans sur un nouveau record de fréquentation et ses finances n’ont jamais été aussi saines. Interview croisée à quelques semaines du départ du programmateur Flavien Droux au Nouveau Monde et de l’arrivée de son successeur Thomas Van Daele, en provenance du Nouveau Monde.

par Christophe Dutoit

Quel bilan tirez-vous après ces cinq saisons de programmateur à Ebullition?
Flavien Droux: Il s’est passé tellement de choses en cinq ans. Que du positif! Des rencontres incroyables, tant d’événements et de groupes pour lesquels je me suis battu et auxquels j’ai cru, des moments magiques, des fêtes improbables. Du travail par-dessus la tête aussi. Ebullition, c’est un marathon. Mais, quand j’entends les retours positifs des gens, je me dis que tout ce travail a abouti à quelque chose de bon. J’ai fait partie d’un tout qui a bien fonctionné, d’une équipe soudée. On tire tous à la même corde. C’est beaucoup de paramètres mis ensemble qui font qu’Ebullition tourne aussi bien. à suivre…

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Hey Satan: «Je viens du hardcore, j’aime quand ça dépote»

Hey Satan vient de sortir son premier album et se produit vendredi à Ebullition. «La salle où j’ai sans doute joué le plus de fois», avoue son chanteur et guitariste François Barras, ancien d’Eastwood, de Shovel ou de Houston Swing Engine. Rencontre.

par Christophe Dutoit

Rendez-vous est pris au Bar Tabac, à Lausanne, un troquet à l’ancienne à deux pas de la tour Edipresse. Journaliste à 24 heures depuis dix-sept ans, François Barras porte la chemise noire de rigueur sous un sweat à capuche et une casquette qui témoigne de son passé hardcore. Devant un Arkina cassis à l’heure de l’apéro, le quadragénaire est affable, volontiers drôle, intarissable sur les musiques actuelles, dont il est un spécialiste dans la presse romande. Rien à voir avec le furieux guitariste que d’aucuns ont croisé sur les scènes underground de Suisse et de Navarre.

Une fois n’est pas coutume, le journaliste devient l’interviewé, à l’occasion de la sortie de l’album de son nouveau groupe Hey Satan et de sa venue vendredi à Ebullition.

La question brûle les lèvres: depuis peu, le guitariste François Barras s’est mis à chanter: «Oui, je suis devenu chanteur. C’était ça ou plus rien.» Il sourit, sirote son cassis et reprend. «Depuis 1993, je joue avec le batteur Frank Matter (oui, l’animateur de Couleur 3). Tous les chanteurs de nos divers groupes, soit ils sont partis, soit on a fini par les virer. En répétition, il m’arrivait de chantonner des mélodies. Mais Frank me disait à chaque fois: “Ta gueule, tu chantes comme une merde!” Le sujet était donc clos pour moi.»

«Ne pas dérailler»
Début 2015, François Barras hésite à relancer Houston Swing Engine, «un groupe cool où on jouait des morceaux avec huit riffs différents en cinq minutes.» De la balle pour un guitariste. «On s’est bien marrés au sein de ce groupe, mais Frank ne voulait pas rejouer des vieux trucs. Il préférait aller vers quelque chose de nouveau.»

A trois avec le second guitariste Laurent Macquat, le combo se donne trois mois pour «essayer» son nouveau chanteur. «En Suisse romande, beaucoup de groupes sont instrumentaux par défaut. J’ai eu l’occasion d’interviewer Josh Homme, leader des Queens of the Stone Age, qui a influencé la musique comme guitariste, avant d’empoigner le micro. Il m’a dit: “Je dois seulement chanter juste.” J’ai trouvé cette réponse assez cool. Du coup, j’essaie simplement de ne pas dérailler.»

Et le bougre fait le job plutôt bien, tantôt en voix de tête, tantôt lorsqu’il pousse une gueulante. «Je manque de puissance. Je sais mes limites. Mais je viens du hardcore et j’aime quand ça dépote. Je fais ce que je sais faire, sans tricher.» Le résultat: un rock à riffs tendu à souhait, rentre-dedans et mélodique, avec juste ce qu’il faut de sonorités vintage. «Le format power trio nous permet davantage de concision», sourit-il.

A l’époque d’Eastwood, au milieu des années 1990, on a acheté nos instruments pour monter le groupe. On ne savait pas jouer. On balançait des riffs en open tuning. Faire comme Rage Against The Machine n’est pas si dur: c’est surtout l’intention qui compte.»

Le Valaisan d’origine raconte avoir appris la guitare à l’âge de vingt ans. «Avec les Stooges. Je faisais des solos à un doigt. Ça permet d’être très puissant!» Avec plus de vingt ans de recul, François Barras regarde ces années-là avec beaucoup de bienveillance. Avec Shovel, on a été invités en 2000 au live de Nulle part ailleurs pour remplacer Rage Against The Machine. A cette époque, on donnait des concerts tous les week-ends. Une fois, on a joué à Lille le vendredi, à La Rochelle le samedi et à Montpellier le dimanche. J’étais encore à l’uni à cette époque. Autant dire que j’ai dormi le lundi matin.»

Le bomber côté orange
«En ce temps-là, on se sentait alternatifs. On retournait nos bombers du côté orange, comme les Bérus. Aller au concert était un acte politique. On fréquentait des endroits marginaux, comme les Caves du Manoir, à Martigny. On faisait cent bornes pour aller à la Dolce Vita. On n’avait pas le choix d’aller ailleurs. Le concert était une expérience, un lieu de rébellion qui faisait un peu peur. Aujourd’hui, les concerts sont trop souvent lyophilisés. De nos jours, un musicien a du succès quand il a réussi à vendre un titre pour une pub Citroën.»

Au début des années 2000, Shovel vend 7000 disques, un chiffre à faire pâlir d’envie certains groupes d’aujourd’hui, mais une paille à l’époque où Lofofora ou Watcha en atteignaient les 100 000 exemplaires. «Certains musiciens comme Gojira ou Mickey 3D ont cité nos albums en référence. Notre musique a marqué beaucoup de musiciens, mais elle n’a pas touché le grand public. Elle était sans doute trop violente, trop exigeante. Et notre label n’avait pas les moyens de faire une énorme promotion.»

Aujourd’hui, François Barras s’amuse du succès obtenu par son nouveau groupe. «A l’époque, on ne touchait pas un rond.» Mais l’industrie de la musique a changé depuis 2008. «Avec Hey Satan, on a vendu des vinyles jusqu’en Argentine. Notre clip a été vu plus de 100 000 fois sur un site américain. On joue dans la cour de récré mondiale. C’est plus marrant qu’avant, c’est plus valorisant et on gagne – un peu – plus d’argent. On est un minuscule acteur, mais on fait partie de ce jeu.»

A Ebull comme à la maison
En décembre 1995, François Barras a foulé pour la première fois la scène d’Ebullition avec Eastwood. «C’est sans doute le club où j’ai joué le plus souvent. On s’y sent un peu comme à la maison. Même si parfois le lieu est presque “trop agréable”. Dans le sens: on aimerait bien qu’il y ait plus de cent personnes qui veulent du rock dans le public. Il faut qu’on le muscle un peu…» Chiche?

Hey Satan, Hey Satan,
Cold Smoke Records,
https://heysatan.bandcamp.com

Bulle, Ebullition, Le week-end du hard 2, dès 21 h. Vendredi 24 mars: Ogmasun, Hey Satan et The Last Moan. Samedi 25 mars: Reaptile, Oregon Trail et The Prestige. www.ebull.ch

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Thomas Wiesel, invité spécial de «La Gruyère»

Entre deux soirées à Ebullition, l’humoriste Thomas Wiesel a rendu visite à La Gruyère. Le temps d’une matinée, il a posé son regard acéré sur l’actualité locale. Avant de retourner à Paris, sur le plateau de Quotidien, au côté de Yann Barthès.

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

par Christophe Dutoit

Mardi et mercredi soir, Thomas Wiesel disposait d’une carte blanche à Ebullition, où l’humoriste vaudois a présenté six de ses acolytes romands. Entre ces deux spectacles, le chroniqueur de 26 ans a répondu à l’invitation de La Gruyère. Pour poser un regard critique et décalé tant sur l’actualité locale que sur la manière dont la rédaction la traite. L’occasion également d’en savoir davantage sur cet homme qui vient de faire ses premiers pas à Paris.

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Quel regard portez-vous sur la presse locale, après votre visite de ce matin?
Un temps, je me suis essayé au journalisme, à Vigousse. J’étais très mauvais, car je voulais tout le temps donner mon avis. J’admire les journalistes qui font de leur mieux pour présenter les faits avec objectivité, au plus proche de leur conscience et sans laisser leurs préjugés prendre le dessus. Moi, c’est tout le contraire. Mettre mon petit grain de sel, c’est ce que je fais de mieux. Ces temps, je suis confronté à la presse, notamment à L’Hebdo où je pratique mon métier d’humoriste. Un truc m’échappe totale-ment en Suisse: cette méfiance qu’on a envers les médias. Elle est sans doute importée de France, où certains font preuve de sensationnalisme. Le métier de journaliste est hyperimportant et il est plutôt bien exercé en Suisse.

Revenons à vous: racontez-nous votre rencontre avec l’équipe de Yann Barthès sur TMC?
C’était un peu inattendu. Au départ, je n’étais pas du tout enthousiaste, parce que j’étais sûr qu’ils me voulaient simplement comme auteur. Je les ai finalement rencontrés. Or, ils me voulaient en plateau. J’ai fait un test, puis un pilote, puis ma première émission. Toutefois, à cause mon agenda surchargé, je n’y suis pas retourné depuis trois semaines.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Au soir de la première, les réactions étaient plutôt bonnes…
Les Français sont un peu partagés, car mon style est plus porté sur le fond que sur la forme. Je ne suis pas un show-man, je n’ai pas le sourire charmeur de certains chroniqueurs, je ne suis pas dans l’aisance ni la décontraction. Du coup, beaucoup de commentaires ont dit que j’avais l’air crispé, que je récitais mon texte. Des trucs qui font partie de mon style. Mais les Français sont en train de m’apprivoiser. Certains aiment, d’autres pas du tout. Je divise. Du côté suisse, je bénéficie d’un élan un peu particulier de patriotisme, de fierté irrationnelle d’avoir un des leurs là-bas.

Vous allez continuer à Quotidien?
J’y retourne la semaine prochaine. Ils m’ont calé quelques dates jusqu’à Noël. Quand ils en auront marre, ou quand j’en aurai marre, on arrêtera. On fonctionne à l’envie et ça, c’est cool. J’aimerais juste avoir le double de temps pour prépa-rer mes interventions et m’habituer à la présentation en télé. Ça m’énerve quand on me dit que je suis stressé. Je suis un peu narcissique: la critique, j’aime bien quand c’est moi qui la fais.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Depuis janvier, votre carrière a véritablement explosé…
Mon passage au Jamel Comedy Club, en août 2015, a été le déclencheur, le premier impact en France. A partir de là, tout s’est enchaîné. Durant les élections fédérales, j’ai fait L’abstentionniste tous les soirs à la télé durant deux semaines. Les chroniques sur les réseaux sociaux et sur One FM ont bien marché. Mais surtout, celle sur l’UDC en janvier a eu l’effet d’une étincelle. Ces derniers temps, mon passage à Quotidien a engendré une folie médiatique. Il me semblait que je parlais davantage aux journalistes qu’à ma famille. J’avais l’impression d’être François Hollande. Maintenant, les gens ont l’impression que j’habite à Paris. Alors que j’y suis allé trois jours en trois mois.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Vous venez de jouer en première partie de Gad Elmaleh et Kev Adams à Genève, devant 20000 personnes en quatre jours. Quelles sont vos impressions?
J’étais hyperpartagé. Artistiquement, je suis très éloigné d’eux, ce n’est un secret pour personne. Eux, c’est le show à gros budget, avec décor et huit danseuses. Moi, j’ai assez peu de danseuses sur scène… Et je me sens assez éloigné de Kev Adams, même si on a le même âge. Cela dit, j’ai un certain respect pour leur succès et leur carrière force le respect. Jouer devant 20000 personnes, ce n’est pas tous les jours. J’ai pu leur envoyer quelques blagues. Ça m’a légitimé d’un point de vue artistique. Pareil avec mes potes à Ebullition: j’adore les vanner, c’est comme ça que je corresponds avec les gens. En revanche, ce n’est pas le même plaisir que jouer dans des petites salles, où je peux interagir avec le public.

Mardi soir, vous avez plusieurs fois parlé de «garder les pieds sur terre»…
Si je n’arrive pas à garder les pieds sur terre, je perds toute ma légitimité, toute ma crédibilité. Or c’est la seule manière de pratiquer mon humour. Mes idoles, pour la plupart anglo-saxonnes, ont cultivé cet aspect. Elles sont restées au contact des gens normaux. En écrivant des chroniques depuis un an, je me rends compte que j’ai moins de trucs à raconter sur moi. Je vais essayer de diminuer ma charge de travail. Pour vivre des choses. Garder les pieds sur terre est essentiel. Je fais un métier certes public, mais pas plus valable que les autres. Forcément, j’ai besoin que les gens me connaissent, car j’interviens dans leurs loisirs. Mais ça ne fait pas de moi un être humain supérieur. Je ne pense pas que je vais prendre la grosse tête. Ma vie change et je dois apprendre à apprivoiser les gens qui m’arrêtent dans la rue pour prendre des photos. Je suis assez timide. Je suis très content que ça marche bien, mais il y a plein d’effets secondaires dont je me passerais volontiers.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

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«Ebullition n’est pas qu’un club, c’est aussi une école de vie»

Cet automne, le centre culturel Ebullition fête ses vingt-cinq ans d’activité et s’apprête à sortir, samedi, son livre anniversaire. En 2014, son programmateur Flavien Droux avait réalisé un travail de bachelor sur le thème «Les structures culturelles, des lieux de formation?» Depuis 1991, de nombreux éclairagistes, ingénieurs du son ou membres du comité ont fait carrière après leur passage à la rue de Vevey.

ebullberger

par Christophe Dutoit

«Certains voient Ebullition comme un lieu de bruit, de danse et de nuisances. Mais pas d’emblée comme un lieu de formation.» Le constat émane de Flavien Droux, l’actuel programmateur de la salle bulloise et auteur d’un travail sur la question en 2014. à suivre…

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