Lëila Slimani: glaçant comme la réalité

chanson-douceL’incipit donne le ton: «Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes.» Des mots secs, glaçants, que l’on garde en mémoire tout au long du récit qui suit: l’apparente bienveillance de la nounou ne peut pas nous tromper. On sait que tout finira mal et Leïla Slimani ne relâche pas sa prise. Chanson douce, son remarquable deuxième roman après Dans le jardin de l’ogre (2014), connaît certes des moments d’apaisement, mais qui ne ralentissent guère cet effroyable crescendo.

Jeune mère de famille, Myriam décide de reprendre sa carrière d’avocate et, avec son mari, se met à la recherche d’une nounou. Ils trouvent en Louise la fille parfaite, dévouée, douce, adorée des enfants. Elle prend de plus en plus de place, jusqu’à intégrer la famille. Jusqu’à l’horreur. Cet engrenage, Leïla Slimani parvient à le décrire avec précision, d’une plume vive qui raconte aussi bien la folie meurtrière que notre société frénétique. Inspiré d’un fait divers américain (l’affaire s’est déroulée en 2012 à New York), Chanson douce combine parfaitement l’implacable tension du thriller à la puissance littéraire.

Par Eric Bulliard

Lëila Slimani, Chanson douce, Gallimard, 240 pages

Posté le par Eric dans Littérature, Livres Déposer votre commentaire

Ajouter un commentaire