Bill Griffith: La femme derrière la mère

griffithBill Griffith est une institution de la bande dessinée aux Etats-Unis: auteur underground dans les années 1970, créateur incompressible de Zippy the Pinhead, coéditeur du magazine Arcade avec Art Spiegelman, il a l’habitude d’interroger le monde, de regarder en face son incohérence. A près de 70 ans, il retrouve une boîte et un journal ayant appartenu à sa mère. Commencent alors une introspection et une recherche sur cette femme et son aventure de seize ans avec Lawrence Lariar, fameux dessinateur de la fin des années 1920 jusqu’au années 1960. Au final, cela donne Secret de famille, ou comment un fils apprend que sa maman est aussi une femme. à suivre…

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Hervé Bourhis et Brüno: la musique black dans l’âme

black-musicUne histoire des musiques populaires afro-américaines, de 1945 à 2015: le projet d’Hervé Bourhis et Brüno découle d’un amour absolu, mais constitue surtout une gageure presque insensée. Même sans le jazz – qui mériterait un ouvrage à lui seul, reconnaissent les auteurs – la tâche reste démesurée. Après la bande dessinée, les Beatles ou le rock, ce nouveau tome, le cinquième, de la série Le petit livre de… perpétue les qualités exaltantes de cette collection. Avec une double page par année, à gauche l’album incontournable, dont la couverture est magnifiquement retravaillée par Brüno, à droite des anecdotes illustrées, des références à la «grande histoire», une sélection de cinq autres disques marquants… Tout a l’air décousu, pourtant la composition est extrêmement cohérente, stimulante et se laisse picorer à l’envi.
à suivre…

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Eric Faye: cachés par les dieux, éclairés par le roman

Dans un habile roman choral, Eric Faye revient sur un étonnant épisode des relations entre le Japon et la Corée du Nord: les enlèvements de citoyens nippons par le régime communiste, il y a quarante ans.eric-faye

par Eric Bulliard

Un jour, en cette fin des années 1970, ils disparaissent. Evaporés, sans laisser de trace. Une collégienne de 13 ans, un archéologue, une future infirmière et sa mère… Longtemps, très longtemps après, on comprendra que ces Japonais sans histoire ont été enlevés par des services de la Corée du Nord. En particulier pour les forcer à enseigner leur langue et leur culture aux futurs espions du régime communiste… On les a appelés les kamikakuchi, «cachés par les dieux». à suivre…

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Takuya Kuroda, une signature de caractère

kurodaEn 2014, Takuya Kuroda sortait Rising Son, un disque marquant qui le hissa immédiatement sur les plus hautes marches des talents prometteurs. Avec Zigzagger, on retrouve les caractéristiques qui avaient donné cette patte originale à sa musique, très influencée par la scène hip-hop et soul, mais résolument jazz. Le trompettiste japonais a émigré à New York depuis plus de dix ans et son univers s’en ressent. Si l’album se veut libre et exploratoire, l’ambiance générale est très marquée par une atmosphère underground plus proche du béton et du clubbing que des balades en forêts. à suivre…

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Pierre-Alain Morel: l’art, ici et maintenant, dans son énergie vitale

Le Musée d’art et d’histoire expose le travail récent de Pierre-Alain Morel. Le peintre et sculpteur glânois joue des échos entre figuration et abstraction.

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par Eric Bulliard

L’exposition vibre d’une énergie vitale, d’une intensité joyeuse ou grave. Jus-qu’au 26 février, le Glânois Pierre-Alain Morel présente quelque 80 œuvres au Musée d’art et d’histoire. Des peintures abstraites (mais pas totalement), des sculptures figuratives (mais pas seulement), des collages créant de stimulantes collisions. Un riche parcours qui permet à la fois d’apprécier son travail récent et sa manière intime de relier l’art et la vie. à suivre…

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Sylvain Tesson: Pas à pas en compagnie du cosaque magnifique

sur-les-chemins-noirs-de-sylvain-tesson-1084352137_lUn soir de fête, c’est le drame: Sylvain Tesson grimpe sur un toit, comme il aimait à le faire, et tombe. Il s’en sort, fracassé: «J’avais pris cinquante ans en huit mètres.» Il lui faut accepter le fait que «la vie allait moins swinguer». L’écrivain voyageur, tête brûlée magnifique, se lance un défi: au lieu du raisonnable centre de rééducation, il va traverser la France à pied, du nord au sud. En suivant les «chemins noirs», les sentiers oubliés, loin des villes et de leur agitation. D’août à novembre, Sylvain Tesson avance lentement, fait de brèves rencontres, dort à la belle étoile: «Le bivouac est un luxe qui rend difficilement supportables, plus tard, les nuits dans les palaces.» à suivre…

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All Them Witches, entre blues ancestral et stoner venimeux

all-them-witchesComment un groupe qui s’excuse – presque – d’être là, sapé T-shirt quelconque et jeans sans trou, qui joue dans la pénombre de l’Ancienne Belgique devant un public – presque – silencieux, comment, disait-on, un groupe avec un tel charisme d’huître peut-il dégager une si grande puissance? Par la musique, pardi… à suivre…

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Nicolas Crispini: Les couleurs du paradis perdu

Jusqu’au 23 décembre, la Médiathèque Valais – Martigny montre Les couleurs du paradis perdu, une très belle exposition qui dévoile la manière dont la photographie en couleurs a influé sur l’image du Vieux-Pays durant le XXe siècle.

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La chapelle du Schwarzsee © Robert Doebeli /Médiathèque Valais – Martigny, don Nicolas Crispini

par Christophe Dutoit

«Pourquoi le paradis perdu?» se demande-t-on à l’entrée de la Médiathèque Valais – Martigny, au moment de découvrir son exposition à voir jusqu’au 23 décembre. Parce que, jusqu’au milieu du XXe siècle, le Valais s’est prudemment maintenu à l’écart de la modernité et qu’il a continué à cultiver des valeurs montagnardes de vertu et de pureté. Une sorte de paradis rousseauiste en quelque sorte. Déjà chanté par les écrivains voyageurs depuis la fin du XVIIIe siècle, le Vieux-Pays a fait l’objet d’une impressionnante iconographie, qu’elle soit gravée, peinte ou photographique depuis les années 1850. à suivre…

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Jean-Baptiste Del Amo, une sauvagerie si humaine

delamoAttention, c’est du brutal. Au départ, une famille paysanne au tournant du XXe siècle. Avec «la génitrice», une «femme sèche à la nuque rouge et aux mains laborieuses», qui lance aux cochons le fruit de sa fausse couche… Eléonore grandit dans ce monde dur et sale, auprès de son cousin Marcel. Son futur époux et future gueule cassée de la Grande Guerre. Fresque familiale impitoyable, Règne animal s’intéresse ensuite à leurs descendants, au début des années 1980. L’exploitation est devenue un élevage intensif de porcs, où «les hommes mènent contre la merde un combat chaque jour renouvelé». Où la violence faite aux bêtes confine à la barbarie. à suivre…

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Luc Lang, des questions sans réponses

luc-lang-coverTout commence comme dans un polar. A 4 h du matin, Thomas reçoit un appel: son épouse a eu un grave accident de voiture, sur une route où elle n’avait aucune raison de se trouver. Resté seul avec leurs enfants, alors que Camille se trouve dans le coma, il mène l’enquête et découvre qu’il était loin de tout savoir sur sa femme. à suivre…

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Gaston Cherpillod, la révolte, mais avec le style

Ecrivain engagé et prosateur hors du commun, Gaston Cherpillod occupe une place unique dans les lettres romandes. Confirmation avec les deux inédits qui viennent de paraître.

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Gaston Cherpillod en 1995. ©Yvonne Bühler

Par Eric Bulliard

Cette sensation de ne rien connaître de comparable. D’explorer des recoins inconnus d’un univers, celui de la langue française. Deux inédits de Gaston Cherpillod (1925-2012) viennent rappeler la place à part qu’occupe le Vaudois dans les lettres romandes et francophones. Cet ouvrier des mots – qu’il concasse autant qu’il les polit – se pose en «styliste qui jalouse le langage des anges», selon ses propres termes. à suivre…

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Leonard Cohen: des chants funèbres d’un dernier grand songwriter

cohenLeonard Cohen vient de fêter ses 82 ans. Sept de plus que Bob Dylan, dix de plus que Keith Richards. Et il vient de sortir son 14e album. Il faut dire que sa retraite, il l’a déjà prise, de 1994 à 1999, lorsqu’il s’est retiré dans un monastère bouddhiste sur les hauts de Los Angeles… A l’heure où les gens de son âge laissent couler l’air du temps, le Canadien le chante. Et de quelle manière. à suivre…

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Lescop, un chassé-croisé pop-électro au cœur de la nuit

Le Nouveau Monde, à Fribourg, accueille Lescop. Le chanteur français vient de sortir son deuxième album, Echo, troublant chassé-croisé de silhouettes nocturnes, sur fond de pop-électro. Rencontre. à suivre…

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Tardi: un chant d’adieu à la Grande Guerre

Jacques Tardi poursuit et termine son interrogation sur la Première Guerre mondiale. Il s’associe cette fois à sa compagne Dominique Grange pour explorer cette grande boucherie en BD et en musique. à suivre…

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Thomas Wiesel, invité spécial de «La Gruyère»

Entre deux soirées à Ebullition, l’humoriste Thomas Wiesel a rendu visite à La Gruyère. Le temps d’une matinée, il a posé son regard acéré sur l’actualité locale. Avant de retourner à Paris, sur le plateau de Quotidien, au côté de Yann Barthès.

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

par Christophe Dutoit

Mardi et mercredi soir, Thomas Wiesel disposait d’une carte blanche à Ebullition, où l’humoriste vaudois a présenté six de ses acolytes romands. Entre ces deux spectacles, le chroniqueur de 26 ans a répondu à l’invitation de La Gruyère. Pour poser un regard critique et décalé tant sur l’actualité locale que sur la manière dont la rédaction la traite. L’occasion également d’en savoir davantage sur cet homme qui vient de faire ses premiers pas à Paris.

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Quel regard portez-vous sur la presse locale, après votre visite de ce matin?
Un temps, je me suis essayé au journalisme, à Vigousse. J’étais très mauvais, car je voulais tout le temps donner mon avis. J’admire les journalistes qui font de leur mieux pour présenter les faits avec objectivité, au plus proche de leur conscience et sans laisser leurs préjugés prendre le dessus. Moi, c’est tout le contraire. Mettre mon petit grain de sel, c’est ce que je fais de mieux. Ces temps, je suis confronté à la presse, notamment à L’Hebdo où je pratique mon métier d’humoriste. Un truc m’échappe totale-ment en Suisse: cette méfiance qu’on a envers les médias. Elle est sans doute importée de France, où certains font preuve de sensationnalisme. Le métier de journaliste est hyperimportant et il est plutôt bien exercé en Suisse.

Revenons à vous: racontez-nous votre rencontre avec l’équipe de Yann Barthès sur TMC?
C’était un peu inattendu. Au départ, je n’étais pas du tout enthousiaste, parce que j’étais sûr qu’ils me voulaient simplement comme auteur. Je les ai finalement rencontrés. Or, ils me voulaient en plateau. J’ai fait un test, puis un pilote, puis ma première émission. Toutefois, à cause mon agenda surchargé, je n’y suis pas retourné depuis trois semaines.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Au soir de la première, les réactions étaient plutôt bonnes…
Les Français sont un peu partagés, car mon style est plus porté sur le fond que sur la forme. Je ne suis pas un show-man, je n’ai pas le sourire charmeur de certains chroniqueurs, je ne suis pas dans l’aisance ni la décontraction. Du coup, beaucoup de commentaires ont dit que j’avais l’air crispé, que je récitais mon texte. Des trucs qui font partie de mon style. Mais les Français sont en train de m’apprivoiser. Certains aiment, d’autres pas du tout. Je divise. Du côté suisse, je bénéficie d’un élan un peu particulier de patriotisme, de fierté irrationnelle d’avoir un des leurs là-bas.

Vous allez continuer à Quotidien?
J’y retourne la semaine prochaine. Ils m’ont calé quelques dates jusqu’à Noël. Quand ils en auront marre, ou quand j’en aurai marre, on arrêtera. On fonctionne à l’envie et ça, c’est cool. J’aimerais juste avoir le double de temps pour prépa-rer mes interventions et m’habituer à la présentation en télé. Ça m’énerve quand on me dit que je suis stressé. Je suis un peu narcissique: la critique, j’aime bien quand c’est moi qui la fais.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Depuis janvier, votre carrière a véritablement explosé…
Mon passage au Jamel Comedy Club, en août 2015, a été le déclencheur, le premier impact en France. A partir de là, tout s’est enchaîné. Durant les élections fédérales, j’ai fait L’abstentionniste tous les soirs à la télé durant deux semaines. Les chroniques sur les réseaux sociaux et sur One FM ont bien marché. Mais surtout, celle sur l’UDC en janvier a eu l’effet d’une étincelle. Ces derniers temps, mon passage à Quotidien a engendré une folie médiatique. Il me semblait que je parlais davantage aux journalistes qu’à ma famille. J’avais l’impression d’être François Hollande. Maintenant, les gens ont l’impression que j’habite à Paris. Alors que j’y suis allé trois jours en trois mois.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

Thomas Wiesel © Chloé Lambert

Vous venez de jouer en première partie de Gad Elmaleh et Kev Adams à Genève, devant 20000 personnes en quatre jours. Quelles sont vos impressions?
J’étais hyperpartagé. Artistiquement, je suis très éloigné d’eux, ce n’est un secret pour personne. Eux, c’est le show à gros budget, avec décor et huit danseuses. Moi, j’ai assez peu de danseuses sur scène… Et je me sens assez éloigné de Kev Adams, même si on a le même âge. Cela dit, j’ai un certain respect pour leur succès et leur carrière force le respect. Jouer devant 20000 personnes, ce n’est pas tous les jours. J’ai pu leur envoyer quelques blagues. Ça m’a légitimé d’un point de vue artistique. Pareil avec mes potes à Ebullition: j’adore les vanner, c’est comme ça que je corresponds avec les gens. En revanche, ce n’est pas le même plaisir que jouer dans des petites salles, où je peux interagir avec le public.

Mardi soir, vous avez plusieurs fois parlé de «garder les pieds sur terre»…
Si je n’arrive pas à garder les pieds sur terre, je perds toute ma légitimité, toute ma crédibilité. Or c’est la seule manière de pratiquer mon humour. Mes idoles, pour la plupart anglo-saxonnes, ont cultivé cet aspect. Elles sont restées au contact des gens normaux. En écrivant des chroniques depuis un an, je me rends compte que j’ai moins de trucs à raconter sur moi. Je vais essayer de diminuer ma charge de travail. Pour vivre des choses. Garder les pieds sur terre est essentiel. Je fais un métier certes public, mais pas plus valable que les autres. Forcément, j’ai besoin que les gens me connaissent, car j’interviens dans leurs loisirs. Mais ça ne fait pas de moi un être humain supérieur. Je ne pense pas que je vais prendre la grosse tête. Ma vie change et je dois apprendre à apprivoiser les gens qui m’arrêtent dans la rue pour prendre des photos. Je suis assez timide. Je suis très content que ça marche bien, mais il y a plein d’effets secondaires dont je me passerais volontiers.

Thomas Wiesel ©C.Lambert

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