Dirty Sound Magnet vise au-delà de la Suisse

Le trio fribourgeois Dirty Sound Magnet vernit son troisième album ce vendredi à Fri-Son. Rencontre avec le guitariste Stavros Dzodzosz et le bassiste Marco Mottolini pour évoquer la lente maturation de Western lies.

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par Christophe Dutoit

Demain soir sera le grand soir pour Dirty Sound Magnet. Sur la scène de Fri-Son, le trio fribourgeois vernira son troisième album, Western lies, fruit de plus d’une année de travail acharné.

Revenons en arrière. Après plusieurs années de bons et loyaux services, le groupe se sépare à l’amiable de son chanteur Didier Coenegracht. Il engage bien un remplaçant irlandais pour une trentaine de dates. Mais le charme n’opère pas et le gaillard tire sa révérence. Le trio rescapé ne baisse pas les bras pour autant. «On nous proposait une tournée à l’étranger. D’abord, on a hésité à ne jouer que des instrumentaux, raconte le bassiste Marco Mottolini, rencontré la semaine passée à l’Ancienne Gare.

Je n’osais pas chanter, car j’avais honte de moi-même. Mais devenir chanteur était quand même un rêve caché.

«Puis on chantait les trois, sans micro», poursuit le guitariste Stavros Dzodzosz, qui se décide enfin à endosser ce rôle pour de bon. «C’était une question de confiance et d’attitude. Je n’osais pas chanter, car j’avais honte de moi-même. Mais devenir chanteur était quand même un rêve caché.» Le guitariste – qui a toujours écrit les paroles et composé les lignes de voix – fait enfin le grand pas. Le bassiste et le batteur Maxime Cosandey s’y collent aussi. «Avec trois nouvelles voix, un univers vachement cool s’ouvrait à nous», explique Marco Mottolini. Le virage est si important que Dirty Sound Magnet songe un temps à changer de nom. «Mais on a toujours été nous 3 + 1 chanteur. Le noyau du groupe est finalement resté le même.»

Au même moment, le groupe monte un vrai home studio dans son local de répétition. «On a tous dû apprendre à utiliser ce matériel, détaille Stavros Dzodzosz. Mais, comme on adore expérimenter, ça nous a ouvert énormément de portes, qui nous ont permis d’affirmer un vrai style, une sorte de creative rock.»

«Des idées farfelues»
«Avant, on jouait du classic rock, mais on se trouvait face à un mur, évoque Marco Mottolini. On avait parfois des idées farfelues que les ingénieurs du son ne comprenaient pas. Maintenant, on les concrétise nous-mêmes.» Grâce à ce nouvel outil, le groupe gagne «le luxe de bosser trois jours sur un son, quelques mesures de piano enregistrées à l’envers par exemple». Le diable se cache toujours dans les détails, paraît-il.dsmnb

Dans cette quête perpétuelle d’absolu, Dirty Sound Magnet s’est sans cesse mis en danger. Quitte à jouer ses nouveaux morceaux devant des salles de 800 à 1000 personnes, durant sa tournée hollandaise. «Ça nous a permis de driller nos nouvelles compositions. Plus on les joue, plus elles prennent forme, avoue Stavros Dzodzosz. Certains titres ont des dizaines de versions différentes. Ils évoluent tout le temps. Ceux du premier album arrivent enfin à être aboutis.»

Les onze titres de Western lies découlent de cette lente maturation. «Certaines chansons sont plus engagées, comme Homo economicus, qui parle de ces faiseurs d’argent qui ne vont pas tomber, au contraire de la pluie.» Sous ses allures de rock ambitieux, cet album – presque concept – aborde des thématiques complexes, tel The sophisticated dark ages, sous-titré 2007-present, qui fait référence à l’avènement des premiers smartphones… «Pour A gutted diva [anagramme d’un musicien connu], je me suis réveillé à 3 heures du matin et j’ai écrit les paroles en trente minutes, d’une seule traite. D’organique, la mélodie devient de plus en plus simple, presque machinale.»

«J’ai regardé le public»
Durant l’été, Dirty Sound Magnet profite d’une résidence à Fri-Son avec Raphaël Noir pour peaufiner son show. «Il m’a dit: “Tu n’es plus le guitariste fou du groupe.” Ça a tout changé. J’ai pris conscience de mon rôle, affirme Stavros Dzodzosz. Pour la première fois, j’ai levé les yeux de la scène et j’ai regardé le public. Maintenant, je recherche la perfection dans le moment présent. Avant, je jouais avant tout pour que la musique soit parfaite.» De passage aux Docks en août, le trio avoue même avoir «rigolé avec le public». Un must.

Pour accompagner la sortie de ce nouvel album, les trois Fribourgeois se verraient bien changer d’air. «Quel est le meilleur endroit pour propager notre musique? Il est temps de voir plus loin que la Suisse», avouent le bassiste et le guitariste. On hésite à partir à Londres ou à Berlin. Tout le monde nous dit que c’est impossible. Mais on aimerait bien essayer. On vit les trois à 100% pour le groupe. On a 30 ans. C’est le moment.»

L’énergie de jeunes loups
«On a peint à la main nos pochettes de disques. On possède encore l’énergie de jeunes loups, image Stavros Dzodzosz. Mais ce ne sera pas éternel. On a le choix de rester dans notre confort ou de faire le pas. Si on n’essaie pas, on le regrettera.» Un nouveau tournant dans la vie du guitariste, comme celui de sa première écoute de Stairway to heaven. «Ma vie a changé à l’âge de 15 ans, lorsque ma maman a estimé que j’étais prêt pour découvrir Led Zeppelin. J’ai repris ma vieille guitare et j’ai appris ce morceau.» En pleine adolescence, le garçon se met à apprécier l’anglais, lui qui parlait déjà hongrois, grec et français. Il finira par étudier la littérature anglaise à l’université. Le groupe a d’autant plus envie de se lancer dans le bain qu’il garde en réserve une trentaine de titres. «Ça nous motive à poursuivre, affirme Marco Mottolini. On ne cherche pas forcément le succès, mais notre créativité ne s’arrête pas.»Impression

Le concert de vendredi à Fri-Son sera précédé par une performance artistique teintée de bizarreries par l’artiste fribourgeoise Nathalie Stirnimann sur Ecstasy of god, le dernier titre de Western lies, qui dure plus de quatorze minutes. Quant à la première partie, elle sera assurée par MoonDrift.

Dirty Sound Magnet, Western lies, www.dirtysoundmagnet.ch

Fribourg, Fri-Son, vendredi 14 octobre, dès 21 h. www.fri-son.ch

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