Anglo-saxon

The Young Gods, digitalissimes improvisations

Huit ans après Everybody knows, The Young Gods publient enfin leur nouvel album, Data mirage tangram. Avec le retour de son premier «homme-orchestre» Cesare Pizzi, le groupe fribourgo-genevois raconte la composition de cet opus et évoque ses projets à venir.

par Christophe Dutoit

Quelle place le doute et la remise en question ont-ils eu dans la création de Data mirage tangram?

Franz Treichler: Tout s’est enchaîné logiquement. Cometo (Al Comet) ne savait pas trop ce qu’il voulait faire. Cesare nous a rejoints pour jouer sur scène les deux premiers albums. De fil en aiguille, il est resté. Tant qu’on jouait l’ancien répertoire, il n’y avait aucun doute. Durant deux ou trois ans, on ne savait plus trop sur quel pied danser. Dès qu’on s’est dit qu’on allait faire de la nouvelle musique, le doute a disparu.

Comment s’est passé le retour de Cesare Pizzi?

Bernard (Trontin, le batteur) et moi n’avions pas envie de trouver un pro comme troisième membre. Il fallait que ce soit une rencontre. Un truc musical. Quelqu’un avec qui on ait des atomes crochus. Le retour de Cesare a coïncidé avec le vernissage du livre Heute und danach. Il a pu reprendre ses marques en tant que musicien. Il est devenu clair qu’on allait continuer les trois lors de notre résidence au festival de Cully. On repartait vers quelque chose de nouveau, sans gabarits, en incluant les idées de chacun. Durant ces cinq jours de sessions, on ne s’est pas appelé les Young Gods. Pour être libres. Et pour que ça ne soit pas confus dans la tête du public. A partir du moment où le matériel nous a plu, on s’est mis à bosser. On s’en fiche que ça ne soit pas très rock. C’est ce qu’on fait maintenant. C’est une nouvelle histoire.

A un certain moment, n’avez-vous pas eu l’envie de partir dans une carrière en solo?

J’ai fait des trucs en solo, mais pas beaucoup. Parce que c’était avant tout des collaborations, avec des chorégraphes, avec l’image. Je n’ai jamais fait de disque vraiment solo. Car je trouve plus marrant de faire de la musique à trois que tout seul. Au début des Gods, j’étais un peu le seul compositeur. Je suis allé au bout de ma vision. J’ai eu envie d’échanges. Pour me défier, pour ne confronter à d’autres idées. Maintenant, nous sommes dans un processus collectif. C’est un travail d’équipe. Je pourrais toujours faire un disque solo quand il n’y aura plus de groupe… Mais je ne suis pas pressé, je n’ai pas ce besoin-là de m’exprimer. J’aime l’idée qu’on peut aller plus loin ensemble que ce qu’on ferait individuellement.

En quel sens votre rôle est-il différent aujourd’hui de celui aux débuts du groupe?

Cesare Pizzi: En fait, il n’est pas si différent. J’ai toujours eu un fort attrait pour la technologie. Pour créer des processus qui permettent de s’exprimer sur scène à travers la technique. Que ça soit avec la technologie de 2020 ou celle des années 1980, l’exercice est identique. Les outils sont différents, les protocoles ont évolué, mais l’approche est la même. Ce qui a changé, c’est que je n’avais plus rejoué sur scène depuis très longtemps. Je n’ai jamais vraiment lâché la musique en tant qu’intérêt technique, mais jouer avec un groupe est une autre approche. Un séquenceur ou un batteur, ce n’est pas pareil.

Franz Treichler: Par rapport au début, tu amènes des idées musicales, ce qui n’était pas le cas avant. Sur deux titres, les riffs de base viennent de toi. Tu as ramené des thèmes, des sons. A l’époque, tu voulais faire en sorte que ce soit possible de jouer notre musique sur scène, avec ces samplers qui n’en était pas vraiment. Tu ne t’intéressais pas à composer.

Lors de cette résidence à Cully, expliquez-nous votre manière de travailler?

Chacun est venu avec des bouts d’idées: des banques de sons préparés sur nos ordinateurs, des séquences organiques qui évoluent et qui peuvent donner des idées rythmiques. Nos ordinateurs étaient synchronisés au niveau des tempos. Si C’était un gros labo où chacun rebondissait sur l’idée de l’autre. Avant ces quinze sessions d’une heure, on définissait les bases rythmiques, les textes. Comme si on peignait un tableau à trois: on s’accordait pour rester dans les mêmes tons… On a joué certains morceaux huit fois, de manière différente. Après, il y a eu un gros travail d’écoute. On a sélectionné ce qui nous plaisait. Puis, on a ergonomisé tout ce matériel.

Durant ces improvisations, quel était votre rapport au texte?

J’ai toujours un petit carnet avec moi. Parfois, j’écris tous les jours. Quand arrive le moment de chanter, il me sert de référence. Trois mots qui se courent après peuvent donner un titre. Après, je brode autour. C’est ma banque de mots, que j’ai toujours à disposition et que je relisais avant chaque impro. Quand tu joues trois heures par soir, tu entres dans une espèce de transe. Les choses te viennent, car tu es dans une disponibilité créatrice. C’est en direct, le public est là. Mais c’est vrai que je ne voulais pas uniquement chanter. J’avais peur de tourner en rond, de répéter une formule. J’ai pris une guitare, car j’avais envie de dire autre chose que des mots, qui sont plus lourds de sens. J’avais différentes fenêtres.

Peut-être grâce à l’apport de la guitare ou de l’harmonica, vous musique semble tendre vers davantage de simplicité. Elle semble presque liquide…

Notre musique paraît simple, mais elle ne l’est pas vraiment. Sur le premier album, le titre A ciel ouvert n’a qu’un seul son, joué sur quatre clés différentes, mais jamais en même temps. Fait la mouette, c’est cinq sons. Est-ce forcément plus simple. Je ne sais pas. C’est peut-être plus minimal. Le mot liquide est un bon exemple. Une rivière peut paraître simple, elle n’est jamais identique, il y a une vie en dessous. Ces morceaux sont très liquides, c’est vrai. Moi, je la compare souvent à la forêt, parce que c’est une grosse influence pour moi. Entre en matière, c’est comme le survol de la canopée. C’est insectoïdes. C’est vrai que la voix, la guitare, donne un côté très simple. C’est une question d’équilibre.

Dans les années 1980, l’usage du sampling et des échantillonneurs étaient très novateur. Aujourd’hui, ces techniques sont à la portée de tous. En quoi avez-vous eu envie de faire autrement?

On a toujours eu envie d’essayer autre chose. Il y a quand même beaucoup de samplings sur cet album, Mais il s’agit davantage de textures qui évoluent dans le temps. La technologie a évolué. A l’époque, con utilisait des petits bouts de son, parce qu’on était limité à deux secondes. Le collage était plus restreint. Mais il y avait cet élément de surprise. Maintenant, on travaille sur d’autres trucs. Sur la répétition. C’est lié à la manière dont on a composé de disque, en semi-improvisation. C’est ce qu’on a voulu gardé sur le disque. Le sampling reste un outil très intéressant.

Comment cela va-t-il dorénavant se passer sur scène?

On va essayer de recréer cette ambiance. Je vais jouer de la guitare et de l’harmonica sur les nouveaux morceaux. Je serai moins «le frontman qui gesticule». On va essentiellement jouer le nouveau disque, comme dans un trip. Certains morceaux sont très improvisés, d’autres ont pris une forme plus carrée, comme Figure sans nom. Moon above ou All my skin standing vont rester très improvisés. Après, on fera certainement un bloc plus rock… On est en train d’y bosser justement.

Actuellement, comment vous positionnez-vous en tant qu’artiste sur le marché de la musique?

On reste fidèles à nous-mêmes. On fait des expériences musicales à plusieurs. Nous sommes un groupe classique et nous regardons passer les tendances. Avec 35 ans d’existence, on a vu la naissance du CD : tout le monde criait à la mort des labels indépendants. Ça n’a pas été le cas. Ensuite, on a vécu la problématique du MP3 et du piratage: tout le monde criait à la mort de tout. Maintenant, au tour du streaming… De toute façon, peu importe le support: la musique est là. On nous a dit: «De nos jours, faire des disques, ça ne sert à plus rien !» Et tout à coup il y a eu un engouement pour le vinyle… Le CD est mort et nous on se dit que ce n’est pas si con, parce qu’on peut l’écouter dans la voiture sans une connexion wifi ni un abonnement de streaming.

Finalement, on s’en fout ! Notre préoccupation est de faire de la musique. C’est plus difficile en tant qu’artiste de tracer sa route, de vivre avec la musique que tu vends. Les gens considèrent de plus en plus que la musique est gratuite. Qu’elle n’a, indirectement, pas de valeur. On est dans une dynamique où les ventes physiques remboursent à peine la production. On est en plein bouleversement. Nous, on est contents quand on a des activités : on donne de des concerts, on vend des disques. Je me sens à l’aise ainsi et je n’ai pas tellement envie de faire d’autres compromis.

«Décloisonner les frontières»

Le 25 mai prochain, vous allez donner un concert à BlueFactory avec la Landwehr. Expliquez-nous cette envie?

Le président et le directeur musical m’ont approché avec l’envie de tenter de nouvelles choses. J’étais assez surpris, car mon image était poussiéreuse. Quand j’étais gamin, c’était le truc ringard. Mais les choses ont changé. Leur moyenne d’âge est de 32 ans. La nôtre est de 58  ans! C’est nous, les vieux! Le directeur Benedikt Hayoz a eu l’idée de jouer In C de Terry Riley. Cette pièce est un terrain neutre, car nous ne voulions pas forcément que chacun joue le répertoire de l’autre. In C existe en version pour orchestre, pour piano, pour ensemble africain: c’est une partition très ouverte, avec 53 thèmes que l’on peut entrecroiser selon certaines règles. Une espèce de gros animal musical qui peut partir en vrille ou se reposer. Je trouve très fort de réunir deux extrêmes de la culture. Pour nous, la musique a toujours été une manière de créer des ponts, de décloisonner les frontières, entre le classique, le rock et l’électronique.

Avec cette pièce, on va un peu dans l’inconnu. Chaque instrumentiste devra gérer sa partie, ses départs. Terry Riley et les pionniers de la musique minimaliste américaine ont réussi à intégrer la notion que le musicien doit laisser de la place à la musique. Que tout n’est pas écrit. Que l’interprète doit se retirer pour lui laisser le dessus. Cette notion est encore très peu comprise aujourd’hui. Le musicien doit être au service de la partition et il n’est pas là pour montrer ta virtuosité.

The Young Gods, Data mirage tangram, Two Gentlemen.
En concert aux Docks de Lausanne le 21 mars.

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Salomon Saj: «Dans mes textes, je fais campagne pour l’espoir»

A 37 ans, le rappeur bullois Salomon Saj sort un excellent second EP. Derrière ce pseudo, Claudino Monteiro parle de son besoin irrépressible d’écrire, de ses racines cap-verdiennes, de son séjour à New York, de son travail chez Liebherr, de sa fille. Rencontre.

par Christophe Dutoit

Lorsqu’il publie son premier six-titres, Bas les masques en 2007, Salomon Saj raconte à La Gruyère qu’il espère sortir «un album complet l’année prochaine». Le rappeur bullois a finalement attendu près de dix ans pour donner une suite à ses aventures musicales, avec la mise à disposition, gratuite, de Pertes de mémoires, en décembre. «Entre-temps, j’ai rencontré ma compagne et je suis devenu papa, raconte Claudino Monteiro derrière sa modestie et son sourire inaltérables. Je n’ai pas sorti l’album à l’époque, car je n’étais pas assez content de moi. Peut-être étais-je trop autocritique?» à suivre…

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Jim the Barber & his Shinny Blades, un E-Street Band d’ici

Jim the Barber & his Shinny Blades vernissent leur second album ce samedi soir à Fri-Son. A onze sur scène, avec la crème des musiciens fribourgeois.

Jim The Barber & His Shinny Blades en résidence à Fri-Son, Fribourg, avec Thomas Rueger, Vincent Yerly, Mario Weiss, Stéphane Eichenberger, Marie Riley, Cynthia Weiss, Floriane Gasser

par Christophe Dutoit

Quel casting, mes aïeux! Imaginez un peu: un ancien de Tasteless, la moitié de Monoski, des membres de Dog Days, de Hubeskyla, de The Fawn, des Memphis Knights, sans parler de la féerique violoncelliste Sara Oswald en invitée de prestige. Rarement les Shinny Blades n’auront aussi bien porté leur surnom de «fines lames» au côté de Jim the Barber. A onze sur la scène de Fri-Son, le band vernira samedi son second album intitulé The silence of monuments, après une résidence artistique de deux jours pour peaufiner les derniers détails. à suivre…

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Tout sur The Young Gods

A l’occasion de la sortie de The Young Gods/Documents 1985-2015, le chanteur Franz Treichler a donné un long entretien à Vincent de Roguin. Extraits choisis, entre bons mots et fulgurances.

choix des extraits: Christophe Dutoit

Les balbutiements
«J’avais mon minihome studio dans ma piaule, à Genève: le sampler posé sur le bureau, le clavier pour moduler, un 4 pistes cassette pour enregistrer et un Roland Cube pour l’écoute. Tout en mono.» à suivre…

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Hey Satan: «Je viens du hardcore, j’aime quand ça dépote»

Hey Satan vient de sortir son premier album et se produit vendredi à Ebullition. «La salle où j’ai sans doute joué le plus de fois», avoue son chanteur et guitariste François Barras, ancien d’Eastwood, de Shovel ou de Houston Swing Engine. Rencontre.

par Christophe Dutoit

Rendez-vous est pris au Bar Tabac, à Lausanne, un troquet à l’ancienne à deux pas de la tour Edipresse. Journaliste à 24 heures depuis dix-sept ans, François Barras porte la chemise noire de rigueur sous un sweat à capuche et une casquette qui témoigne de son passé hardcore. Devant un Arkina cassis à l’heure de l’apéro, le quadragénaire est affable, volontiers drôle, intarissable sur les musiques actuelles, dont il est un spécialiste dans la presse romande. Rien à voir avec le furieux guitariste que d’aucuns ont croisé sur les scènes underground de Suisse et de Navarre.

Une fois n’est pas coutume, le journaliste devient l’interviewé, à l’occasion de la sortie de l’album de son nouveau groupe Hey Satan et de sa venue vendredi à Ebullition.

La question brûle les lèvres: depuis peu, le guitariste François Barras s’est mis à chanter: «Oui, je suis devenu chanteur. C’était ça ou plus rien.» Il sourit, sirote son cassis et reprend. «Depuis 1993, je joue avec le batteur Frank Matter (oui, l’animateur de Couleur 3). Tous les chanteurs de nos divers groupes, soit ils sont partis, soit on a fini par les virer. En répétition, il m’arrivait de chantonner des mélodies. Mais Frank me disait à chaque fois: “Ta gueule, tu chantes comme une merde!” Le sujet était donc clos pour moi.»

«Ne pas dérailler»
Début 2015, François Barras hésite à relancer Houston Swing Engine, «un groupe cool où on jouait des morceaux avec huit riffs différents en cinq minutes.» De la balle pour un guitariste. «On s’est bien marrés au sein de ce groupe, mais Frank ne voulait pas rejouer des vieux trucs. Il préférait aller vers quelque chose de nouveau.»

A trois avec le second guitariste Laurent Macquat, le combo se donne trois mois pour «essayer» son nouveau chanteur. «En Suisse romande, beaucoup de groupes sont instrumentaux par défaut. J’ai eu l’occasion d’interviewer Josh Homme, leader des Queens of the Stone Age, qui a influencé la musique comme guitariste, avant d’empoigner le micro. Il m’a dit: “Je dois seulement chanter juste.” J’ai trouvé cette réponse assez cool. Du coup, j’essaie simplement de ne pas dérailler.»

Et le bougre fait le job plutôt bien, tantôt en voix de tête, tantôt lorsqu’il pousse une gueulante. «Je manque de puissance. Je sais mes limites. Mais je viens du hardcore et j’aime quand ça dépote. Je fais ce que je sais faire, sans tricher.» Le résultat: un rock à riffs tendu à souhait, rentre-dedans et mélodique, avec juste ce qu’il faut de sonorités vintage. «Le format power trio nous permet davantage de concision», sourit-il.

A l’époque d’Eastwood, au milieu des années 1990, on a acheté nos instruments pour monter le groupe. On ne savait pas jouer. On balançait des riffs en open tuning. Faire comme Rage Against The Machine n’est pas si dur: c’est surtout l’intention qui compte.»

Le Valaisan d’origine raconte avoir appris la guitare à l’âge de vingt ans. «Avec les Stooges. Je faisais des solos à un doigt. Ça permet d’être très puissant!» Avec plus de vingt ans de recul, François Barras regarde ces années-là avec beaucoup de bienveillance. Avec Shovel, on a été invités en 2000 au live de Nulle part ailleurs pour remplacer Rage Against The Machine. A cette époque, on donnait des concerts tous les week-ends. Une fois, on a joué à Lille le vendredi, à La Rochelle le samedi et à Montpellier le dimanche. J’étais encore à l’uni à cette époque. Autant dire que j’ai dormi le lundi matin.»

Le bomber côté orange
«En ce temps-là, on se sentait alternatifs. On retournait nos bombers du côté orange, comme les Bérus. Aller au concert était un acte politique. On fréquentait des endroits marginaux, comme les Caves du Manoir, à Martigny. On faisait cent bornes pour aller à la Dolce Vita. On n’avait pas le choix d’aller ailleurs. Le concert était une expérience, un lieu de rébellion qui faisait un peu peur. Aujourd’hui, les concerts sont trop souvent lyophilisés. De nos jours, un musicien a du succès quand il a réussi à vendre un titre pour une pub Citroën.»

Au début des années 2000, Shovel vend 7000 disques, un chiffre à faire pâlir d’envie certains groupes d’aujourd’hui, mais une paille à l’époque où Lofofora ou Watcha en atteignaient les 100 000 exemplaires. «Certains musiciens comme Gojira ou Mickey 3D ont cité nos albums en référence. Notre musique a marqué beaucoup de musiciens, mais elle n’a pas touché le grand public. Elle était sans doute trop violente, trop exigeante. Et notre label n’avait pas les moyens de faire une énorme promotion.»

Aujourd’hui, François Barras s’amuse du succès obtenu par son nouveau groupe. «A l’époque, on ne touchait pas un rond.» Mais l’industrie de la musique a changé depuis 2008. «Avec Hey Satan, on a vendu des vinyles jusqu’en Argentine. Notre clip a été vu plus de 100 000 fois sur un site américain. On joue dans la cour de récré mondiale. C’est plus marrant qu’avant, c’est plus valorisant et on gagne – un peu – plus d’argent. On est un minuscule acteur, mais on fait partie de ce jeu.»

A Ebull comme à la maison
En décembre 1995, François Barras a foulé pour la première fois la scène d’Ebullition avec Eastwood. «C’est sans doute le club où j’ai joué le plus souvent. On s’y sent un peu comme à la maison. Même si parfois le lieu est presque “trop agréable”. Dans le sens: on aimerait bien qu’il y ait plus de cent personnes qui veulent du rock dans le public. Il faut qu’on le muscle un peu…» Chiche?

Hey Satan, Hey Satan,
Cold Smoke Records,
https://heysatan.bandcamp.com

Bulle, Ebullition, Le week-end du hard 2, dès 21 h. Vendredi 24 mars: Ogmasun, Hey Satan et The Last Moan. Samedi 25 mars: Reaptile, Oregon Trail et The Prestige. www.ebull.ch

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Yellow Teeth: «Je mâche exprès les mots, pour que les gens fassent l’effort de chercher à comprendre»

A une semaine de son concert dans la cour du château, Yellow Teeth sort un magnifique second album intitulé Rags and pearls. Son chanteur, le Valaisan Tiziano Zandonella, raconte sa conception, son amour pour la littérature anglo-saxonne et la musique de Neil Young.

yellowteeth

par Christophe Dutoit

Avec Night birds en 2014, Yellow Teeth faisait une entrée remarquée sur la scène romande. Deux ans et une cinquantaine de concerts plus tard, le Sédunois Tiziano Zandonella et son groupe ont sorti hier un second album d’une rare élégance. Rags and pearls est hanté par la folk américaine, les années 1960-1970, les figures de Bruce Springsteen (période Nebraska ou The ghost of Tom Joad), Leonard Cohen ou Neil Young. Entretien, à une semaine de sa venue aux Francomanias. à suivre…

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Nik Bärtsch, une hypnose jazz contemporaine

Nik-Bärtsch-Mobile-coverAu carrefour de la musique contemporaine et du jazz, Nik Bärtsch a développé une approche très personnelle, dans un minimalisme hypnotique. Pour Continuum, le pianiste zurichois s’est entouré de son trio Mobile et d’un quatuor à cordes. Deux entités qui s’harmonisent à merveille, les cordes apportant une profondeur de son qui sublime les interventions du trio. Dans un art très maîtrisé de la répétition, l’écriture entremêle les boucles dans une progression qui fascine par sa densité et sa palette sonore. à suivre…

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Kassette revient plus sensuelle que jamais

Samedi soir, Laure Betris vernit le quatrième album de Kassette au Bad Bonn de Guin. Un disque plus sensuel et plus chaloupé que les précédents.k71

par Christophe Dutoit

Laure Betris savoure le moment présent. Dans quelques heures, elle sortira son quatrième album, intitulé Bella lui et publié chez Cheptel Records. Dans la foulée, elle donnera un concert au Bad Bonn de Guin, en prémices à une tournée qui l’emmènera de Zurich à Porrentruy, en passant par l’excellent Kremlin de Monthey ou la non moins exotique Ecurie de Genève. à suivre…

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Erik Truffaz, un regard timide vers l’Afrique

TruffazLa discographie d’Erik Truffaz est tapissée de voyages et de rencontres qui l’ont conduit à une exploration vaste et très personnelle du jazz. Sa renommée n’est plus à faire et sa signature inimitable, qu’il s’aventure dans la musique indienne ou dans le hip-hop. Pour Doni Doni, le trompettiste ouvre son horizon vers l’Afrique en invitant les voix de Rokia Traoré et d’Oxmo Puccino. L’ennui avec les invités, c’est qu’ils ne restent pas. à suivre…

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Dog Days: «Jouer fort et planant est hyperjouissif»

Dog Days est sans conteste la sensation stoner suisse du moment. Ce vendredi, le trio fribourgeois vernit son premier album à Ebullition, après trois jours de résidence subventionnée par le canton. Rencontre avec Vincent Yerly, docteur ès fuzz et alchimiste de gros sons.

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par Christophe Dutoit

En anglais, le terme dog days décrit le pic de la canicule (de canis en latin: le chien), cette touffeur qui peut rendre à tel point fou que les Romains sacrifiaient jadis un chien pour apaiser ces moiteurs. Mais ceci est de l’histoire ancienne. à suivre…

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Sacha Love: «Etre le meilleur moi-même au monde»

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Sur scène, on l’appelle Sacha Love. Sans doute en référence aux Beatles. En coulisses, Sacha Ruffieux est l’un des musiciens les plus respectés à Fribourg. Rencontre, en aparté du concert qu’il donne vendredi à Nuithonie.

par Christophe Dutoit

Un truc infaillible pour reconnaître Sache Love: il porte des Ray-Ban bleu ciel. Et parfois un costume de tigre, mais c’est une autre histoire. Et si vous ne le connaissez pas, sachez que Sacha Ruffieux est connu comme le loup blanc dans le monde de la musique. à suivre…

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Pierre Lautomne, l’art de se revisiter

cover_la_friche_1Il y a «une tristesse qui dégouline», comme il chante sur Les choses premières, une des plus belles chansons de ce nouvel album. Le quatrième de Pierre Lautomne, près de quatre ans après Le coeur des lièvres, titre qui ouvre La friche: la cinquantaine venue, le Genevois revisite d’anciens morceaux, parfois en les modifiant au point qu’ils apparaissent comme totalement nouveaux. à suivre…

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Jibcae: «J’écris pour sublimer ma souffrance»

Chanteuse protéiforme et artiste accomplie, Claire Huguenin vient de publier son premier album solo, sous le nom de Jibcae. Plus vulnérable que jamais, la Gruérienne installée sur les contreforts du Mont-Pèlerin revient sur la genèse de ce disque… et sa récente découverte du maraîchage.

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par Christophe Dutoit

Qui est Claire Huguenin? Le sait-elle seulement elle-même? Certains l’ont connue biologiste, grande connaisseuse des larves et des limaces, mais ils sont rares. D’autres se souviennent qu’elle fut la chanteuse de Skirt à la fin des années 1990, ce quatuor d’adolescentes gruériennes en colère qui vit éclore en son sein Laure Betris (alias Kassette) et Noémie Délèze (alias Francis Francis). Et pour ceux qui ne connaissent rien d’elle, sachez que la jeune dame a commencé la musique avec l’ensemble de flûtes à bec de Bulle et qu’elle fait partie de nombreux groupes qui ont pour point commun d’avoir des noms aussi imprononçables que AEIOU, Mmmh!, Grimsvötn, Kera, Guadalupe, Greenwoman ou Kamikaze. Sans compter, depuis quelque temps, son projet solo, sous le pseudonyme de Jibcae. C’est déjà pas mal pour une femme de 32 ans, aux talents multiples et protéiformes. à suivre…

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Moncef Genoud: Onze chansons pop prétextes à improvisation

moncefNé à Tunis en 1961, Moncef Genoud est aveugle de naissance. Arrivé en Suisse à l’âge de 2 ans pour soigner ses yeux, il est peu après adopté par une famille romande, dont le père écoute inlassablement Louis Armstrong et Fats Waller. Doté d’une remarquable mémoire auditive, l’enfant prend des cours de piano et montre un incroyable talent pour jouer n’importe quelle pièce par cœur. Il commence ainsi à développer son propre style et enregistre ses premiers disques. Professionnel depuis 1983, il bénéficie aujourd’hui d’une notoriété majeure aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis, où il a joué avec les plus grands. à suivre…

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Tordu et distordu, le fuzz selon Monoski

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Vendredi, le duo fribourgeois Monoski vernit au Bad Bonn son deuxième album intitulé Pool party. En trente-six minutes hypertendues, Floriane Gasser et Lionel Gaillard prouvent qu’ils forment l’un des groupes les plus intéressants de la scène rock helvétique.

par Christophe Dutoit

«A 35 ans, on mène une vie normale. On a sans doute davantage de confort qu’auparavant, mais ça ne veut pas dire que nous n’avons plus le droit d’écouter de la musique fort!» Dans le salon cosy de leur maison en dessus de la vallée du Gottéron, Floriane Gasser et Lionel Gaillard ne laissent pas transparaître qu’ils se transforment – la nuit venue, une fois leur petit Colin tombé dans les bras de Morphée – en loups-garous survoltés au sein de Monoski. Un binôme guitare/batterie qui sonne comme une artillerie lourde, un tandem qui vernit ce vendredi au Bad Bonn de Guin son deuxième album, l’excellent Pool party. à suivre…

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