Jean-Baptiste Del Amo, une sauvagerie si humaine

delamoAttention, c’est du brutal. Au départ, une famille paysanne au tournant du XXe siècle. Avec «la génitrice», une «femme sèche à la nuque rouge et aux mains laborieuses», qui lance aux cochons le fruit de sa fausse couche… Eléonore grandit dans ce monde dur et sale, auprès de son cousin Marcel. Son futur époux et future gueule cassée de la Grande Guerre. Fresque familiale impitoyable, Règne animal s’intéresse ensuite à leurs descendants, au début des années 1980. L’exploitation est devenue un élevage intensif de porcs, où «les hommes mènent contre la merde un combat chaque jour renouvelé». Où la violence faite aux bêtes confine à la barbarie.

Cette sauvagerie, Jean-Baptiste Del Amo la montre avec un réalisme cru et une écriture puissante. Règne animal est plein de boue, d’excréments, d’odeurs: «Ils ont acquis, au fil des générations, cette capacité de produire et d’exsuder l’odeur des porcs, de puer naturellement le porc.» L’auteur d’Une éducation libertine (prix Goncourt du premier roman en 2008) nous plante le nez dans une réalité difficilement supportable. Un roman éprouvant et magistral.

Par Eric Bulliard

Jean-Baptiste Del Amo, Règne animal, Gallimard, 432 pages

 

 

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