Pierre-Alain Morel: l’art, ici et maintenant, dans son énergie vitale

Le Musée d’art et d’histoire expose le travail récent de Pierre-Alain Morel. Le peintre et sculpteur glânois joue des échos entre figuration et abstraction.

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par Eric Bulliard

L’exposition vibre d’une énergie vitale, d’une intensité joyeuse ou grave. Jus-qu’au 26 février, le Glânois Pierre-Alain Morel présente quelque 80 œuvres au Musée d’art et d’histoire. Des peintures abstraites (mais pas totalement), des sculptures figuratives (mais pas seulement), des collages créant de stimulantes collisions. Un riche parcours qui permet à la fois d’apprécier son travail récent et sa manière intime de relier l’art et la vie.

_q6a6126Plutôt qu’une exposition rétrospective, l’artiste de Villaz-St-Pierre (né en 1966) a préféré un panorama d’œuvres actuelles. Fruits, de toute manière, de ses recherches précédentes. Nourries du passé, des classiques, elles se révèlent ancrées dans le présent, avec des images d’aujourd’hui et un traitement contemporain.

Une approche nouvelle
Cet art se goûte ici et maintenant, comme l’indique le Hic et nunc en titre de l’exposition. «Chercheurs, voyageurs ou artistes, beaucoup rêvent d’ailleurs. Je préfère d’abord ici, où ça se passe», affirme Pierre-Alain Morel, comme un principe de vie. Cette jubilation du présent se retrouve dans ses vidéos. Une quinzaine de séquences sont projetées au MAHF, qui vont de quarante-cinq secondes à trois minutes. Avec humour, «elles parlent de quotidienneté, de choses de tous les jours qui jouent un rôle dans le plaisir que j’ai à traverser la vie».

Il développe une approche nouvelle et fascinante mêlant, comme jamais auparavant, peinture gestuelle et figuration dessinée

Il y a quelques années encore, comme le montre la toile qui accueille le visiteur, Pierre-Alain Morel restait dans les limites de l’abstrait. Avec des rouges et des noirs puissants, des tons sable. Depuis peu, comme le souligne Caroline Schuster Cordone, vice-directrice du MAHF, il «développe une approche nouvelle et fascinante mêlant, comme jamais auparavant, peinture gestuelle et figuration dessinée»._q6a6107

Par des collages ou par la peinture, nombre de tableaux présentés à Fribourg juxtaposent ainsi des images figuratives à des traces de couleurs, à des lignes, des dégoulinures. L’abstrait interagit avec des reproductions de gravures anciennes représentant le sacrifice d’Abraham, Adam et Eve, ou encore, dans une mise en abyme vertigineuse, un dessin de Banksy lui-même inspiré du Radeau de la Méduse.

Fertiles juxtapositions
Un jeu d’écho naît des collages à partir de sculptures antiques, (Apollon ou Caligula, par exemple) ou des dessins, intégrés à l’énergie de l’abstraction. Les couleurs désormais plus vives répondent à ce moteur figuré dans un coin de la toile, à ce chevalier observant un chaos enflammé. Les sculptures entrent dans une même relation avec les tableaux, multipliant les résonances fertiles. Réalisées en bois, elles représentent des objets du quotidien (d’ici et maintenant) agrandis, monumentalisés.

Certains sont des instruments de l’artiste, comme la tronçonneuse ou les tubes de peinture. Toutes ouvrent la voie aux interprétations: de simples sacs à commissions ont quelque chose à dire sur notre société de consommation. La juxtaposition d’un bateau origami, d’un appareil photo et de jumelles peut aussi bien évoquer des souvenirs de vacances balnéaires que des images de migrants dans leurs frêles embarcations, sous nos yeux indifférents.

Si on est peintre, il est naturel et évident d’aimer la peinture et surtout celle des autres.

Le corps, la figure humaine se trouvent aussi au cœur des préoccupations de Pierre-Alain Morel. Des bustes de chevalier ou d’astronaute côtoient une Vierge classique, comme Fribourg en a tant produit. Sauf qu’elle porte des lunettes à soleil. Aveugle ou éblouie? A chacun de décider. L’artiste, lui, insiste sur «sa fascination pour les religions, les croyances, qui ont suscité les choses les plus belles comme les plus horribles».

Dialoguer avec les œuvres
Pierre-Alain Morel a encore réservé une place à quelques œuvres qui lui sont chères. «Si on est peintre, il est naturel et évident d’aimer la peinture et surtout celle des autres.» Les tableaux réunis dans cette section, éclairent son propre travail. Même si l’on découvre des toiles figuratives assez éloignées de sa manière, comme celle de Wojtek Klakla, un ami avec qui il travaille régulièrement ou de Hubert Fernandez.

D’autres – Daniel Gaemperle, René Guignard (son ancien professeur), Alain Nicolet ou la star Antoni Tapiès – se rapprochent de façon plus évidente de sa peinture. Les exposer, c’est proposer un «manifeste personnel». Et prolonger le plaisir, cette notion que Pierre-Alain Morel juge «indéniablement liée à l’art.»

Fribourg, Musée d’art et d’histoire, jusqu’au 26 février. Vernissage ce jeudi, 18 h 30. www.mahf.ch_q6a6103

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