C’est un livre phénomène: 1,5 million d’exemplaires vendus en Allemagne, des traductions dans 35 pays, une future adaptation au cinéma. Il faudrait des analyses fouillées pour comprendre ce que signifie ce succès. Ce qui a plu à ce point dans ce curieux roman, tour à tour drôle, inquiétant, malsain. Tout est dans le titre: Il est de retour. Pour son premier roman, le journaliste allemand (de père juif hongrois) Timur Vermes a imaginé que Hitler, le narrateur, revenait. Il se réveille un beau matin dans un terrain vague de Berlin. Tout le surprend: ces drôles d’appareils qu’on appelle portables, le nombre de Turcs dans les rues… et la puissance de la télévision et d’internet. Qu’il va mettre à profit, alors qu’on le prend pour un acteur, sosie du dictateur. C’est là que le roman devient effrayant: à l’heure du culte de la personnalité, du «tout est bon pour se faire connaître sur les réseaux sociaux», le pire démagogue se retrouverait comme un poisson dans l’eau.

par Eric Bulliard

Timur Vermes
Il est de retour
Belfond / 416 pages

notre avis: 2/4

Soirée death metal à Fri-Son. Mais le groupe phare de la soirée ne montera jamais sur scène: son chanteur est retrou­vé décapité dans sa loge. Mobilisée pour une affaire de trafic de gruyè­re AOP, la police fribourgeoise n’a pas le temps de s’en occuper. C’est donc l’inspecteur genevois Gary Abbot qui s’y colle. Deuxième polar du Fribourgeois Cédric Clément, Riff sanglant à Fri-Son se déroule (presque) entièrement dans le club de la rue de la Fonderie. Sauf qu’on ne sent guère l’atmosphère particulière de ces lieux: la description de l’ambiance de Fri-Son reste trop sommaire pour que le huis clos fonctionne vraiment. L’intrigue elle-même paraît à la fois bancale et simpliste, mais Cédric Clément sauve le tout par un humour sympathique et des personnages bien déjantés, tendance loufoques. Ce bref roman d’été a ainsi l’avantage de ne pas se prendre au sérieux.

par Eric Bulliard

Cédric Clément
Riff sanglant à Fri-Son
Faim de siècle – Cousumouche / 128 pages

notre avis: 1/4

«Tu n’es plus dans le coup», lui lâche un jour sa fille. Certes, Lily, la narratrice, continue à étendre son linge et aimerait trouver des films pour son appareil photo. Pas moderne, peut-être, mais prête à profiter de sa vieillesse, s’apprêtant même à réaliser son vieux rêve: se mettre au dessin. Dans la forme du bref récit romancé emplie d’autodérision qu’elle explore depuis plus de vingt ans, Amélie Plume trace un touchant portrait d’une femme qui sent l’âge venir. à suivre…

Une sorte de festival, pour terminer. Il paraît que c’est son dernier roman, mais, avec Milan Kundera, allez savoir. Toujours est-il que l’auteur de L’insoutenable légèreté de l’être a mis tout son art dans cette Fête de l’insignifiance. Un art qui, sous ses airs de badinage intelligent, pose un regard subtil sur notre société et fait de l’écrivain français d’origine tchèque (né en 1929) l’un des auteurs les plus importants de notre temps. à suivre…

C’est délicieusement malsain. Doublement, même, puisque deux histoires naissent ici en parallèle, se rapprochent, se frôlent… Celle d’Alexandra d’un côté, de François de l’autre. Tous deux grandissent avec leurs fêlures. Elle devient femme de pouvoir nymphomane, il se mue en psychopathe. à suivre…