Elles ont l’air de pas grand-chose, ces quelques lignes. N’empêche qu’on s’y arrête et qu’on se laisse prendre. Ça grince, ça rigole, ça fait même réfléchir, parfois. En 2005, sous son pseudonyme Gossip, le Vaudois Jean-Luc Fornelli publiait des Poésies bonsaï. Les voici rééditées avec une nouvelle fournée. Et l’on se régale toujours de son humour noir, de son mauvais esprit, de son sens de la chute cruelle et volontiers graveleuse.

Jean-Luc Fornelli manie à merveille le politiquement incorrect («Un albinos tout de blanc vêtu / exagère quand même»), la méchanceté gratuite («Ô mon amour / Je t’aimais à mourir / Jusqu’au jour / Où je t’ai vu courir») et le jeu de mots plus ou moins foireux («Rondo Veneziano: le pire est à Venise»). Certes, il le reconnaît: «Entre mes poésies et le n’importe quoi / Il y a un pas / Que je franchis parfois». Mais on pardonne beaucoup de choses au gars qui a écrit cette «Brève biographie d’un fumeur: Taffes / Epitaphe».

Par Eric Bulliard

Jean-Luc Fornelli
Poésies bonsaï et autres haïkukus suisses
Hélice Hélas, 160 pages. Notre avis: ♥♥♥