Eve de Castro: le sens de l’histoire

Il faut l’habileté d’une romancière aguerrie pour combiner ainsi une tueuse en série, proche de Lénine, et le portrait contemporain d’une imbuvable figure des lettres parisiennes. Ecrivain et scénariste, Eve de Castro relie ainsi avec habileté la Russie prérévolutionnaire et le Paris bourgeois d’aujourd’hui. Le lien se fait par Jeanne, une couturière octogénaire, passionnée de faits divers, qui entre en contact avec un écrivain mondain: ce coureur de jupons invétéré a blessé une jeune femme que la vieille dame indigne a croisé en larmes sur le quai du métro. Il va y avoir vengeance…

Avec son coup de théâtre final, sa manière de relier les époques, d’alterner les récits ou de digresser vers une comtesse savoyarde et un cirque ambulant, La femme qui tuait les hommes étonne comme un thriller et amuse par son humour grinçant. En particulier dans le portrait à la limite de la caricature de l’écrivain. Dans une langue simple et limpide, Eve de Castro s’interroge aussi sur ces moments où 
le destin prend un tour inattendu: «Jeanne pense souvent 
au point de bascule. L’instant où la vie change de cours. 
Où l’homme qui n’était qu’un voisin, un parent, un amant, 
un fonctionnaire, un commerçant, devient un criminel ou une victime.»

Par Eric Bulliard

Eve de Castro, La femme qui tuait Les hommes, Robert Laffont, 288 pages

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