Michaël Perruchoud: tendres portraits de femmes

Michaël Perruchoud côté tendresse. Editeur, chanteur, amoureux du sport (sa chronique «De mauvaise foi» le rappelle une fois par mois dans ces colonnes), le Genevo-Fribourgeois s’est rarement montré aussi émouvant que dans Sa préférée. Un roman qui allie une construction rigoureuse à un triple portrait de femmes, profondément touchant, mais jamais larmoyant.

L’histoire débute dans une ville anonyme, en un temps indéterminé, où l’on devine les conséquences d’une guerre. Une seule chose est certaine: la faim. «La vérité, c’est que chaque matin, on ramassait des corps dans les rues, et que demain, ce soir peut-être, elle n’aurait plus la force de sortir, de chercher, de quémander.»

La mère doit prendre une décision déchirante: dans une scène à vous tirer des larmes – aux allures de contes de jadis – elle abandonne sa fille cadette. «Une gamine courageuse, douce. Sa préférée.» La fillette sera recueillie par une famille aisée et la mère devra vivre avec le poids de ce souvenir, de ce remords. L’aînée va grandir avec cette ombre omniprésente, au point qu’elle ne cessera de chercher sa sœur. Le roman suit le destin de ces trois femmes, en évitant les chemins trop attendus. Dans une langue forte et juste, Michaël Perruchoud démontre une fois de plus son talent à trousser des histoire et à soigner la psychologie de ses personnages. Le livre à peine refermé, on sait déjà qu’on n’oubliera pas ces trois femmes-là.

Par Eric Bulliard

Michaël Perruchoud, Sa préférée, 
L’Age d’Homme, 152 pages

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