J.M.G. Le Clézio, un Nobel resté lui-même, dans l’errance et la solitude

A-t-on le droit de faire la fine bouche devant le roman d’un Prix Nobel de littérature? De reconnaître la qualité de l’écriture, l’ampleur de l’œuvre, tout en avouant que l’on s’est assez souvent ennuyé à cette lecture? Alma clôt un «cycle mauricien» que J.M.G. Le Clézio a commencé il y a plus de trente ans avec Le chercheur d’or. Autant dire que s’y retrouvent nombre de ses thèmes habituels: la dimension autobiographique, l’errance, 
la solitude, la critique de la société moderne…

Deux narrateurs, deux histoires croisées: Jérémie revient sur l’île Maurice, terre de ses ancêtres (et de ceux de Le Clézio). En quête de ses racines, il s’intéresse aussi au dodo, cet oiseau emblématique disparu vers la fin du XVIIe siècle. Dodo, c’est aussi le surnom de l’autre narrateur, ce prince des clochards qui fera le chemin inverse, vers Paris. Les deux hommes sont liés par 
Alma, un ancien domaine familial, du temps où prospéraient les sucreries. Riche d’échos et de légendes, d’errances et de souffrances, Alma entremêle ses histoires entre passé colonial, 
esclavagisme et désillusions contemporaines. Et Le Clézio de dérouler son écriture sagement classique, parsemée de (trop) rares élans lyriques: «Je porte en moi la couleur du sang dans 
la terre, la mort de mes frères et la honte de mes sœurs.»

Par Eric Bulliard

J.M.G. Le Clézio, Alma, Gallimard / 352 pages

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