C’est une littérature gourmande, sensuelle. Avec Aux noces de nos petites vertus, le Vaudois Adrien Gygax parvient à combiner brillamment écriture rythmée et sens du récit, avec en particulier un coup de théâtre final réussi. Cette curieuse épopée balkanique prend des allures de conte de la folie contemporaine, où les brumes d’alcool peinent à cacher le mal-être et le dégoût de la vie.
«Je ne voulais pas y aller, moi, mais ils m’ont convaincu», lâche d’emblée le narrateur dans un incipit aux allures céliniennes. Lui n’avait pas envie de se rendre en Macédoine, avec ses amis Paul et George, pour assister au mariage d’un quatrième larron, Valentin. Mais il se laisse entraîner dans cette aventure, bien plus loin qu’il l’imaginait. Entre débauches et folles rêveries, il se retrouve avec George et Gaïa, femme ensorcelante que les fêtards séduisent et emmènent jusqu’à Istanbul. Surprenant, ce premier roman se révèle jubilatoire et exaltant, joyeusement bravache: «On est tous des artisans de notre propre fin, des sculpteurs de l’évanescent, de beaux menteurs désireux de vivre encore un peu hors des limites de notre brave existence.»
Par Eric Bulliard
Adrien Gygax, Aux noces de nos petites vertus, Le Cherche Midi, 160 pages