François-Henri Désérable sur les traces brouillées de Romain Gary

Enfant, à Vilnius, Romain Kacew aurait promis à son voisin de rappeler son existence aux grands de ce monde qu’il ne manquerait pas de rencontrer, comme le proclamait sa mère. Devenu écrivain et diplomate sous le nom de Romain Gary, il a tenu parole. A la tribune de l’ONU, à l’ambassade 
de Londres ou encore face à De Gaulle, il a lâché: «Au N°16 
de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny.»

Qui était donc cet homme, disparu pendant la Shoah, que Gary qualifiait de «souris triste»? François-Henri Désérable s’attache à retrouver sa trace. Une enquête difficile, tant 
Romain Gary n’a cessé de brouiller les pistes, de mentir, d’inventer, d’imaginer… En se fondant sur les textes et la vie de l’écrivain – en particulier l’autobiographie romancée La promesse de l’aube – ainsi que sur ses recherches de terrain, l’auteur de Tu montreras ma tête au peuple (2013) réussit un roman troublant et passionnant. Un certain M. Piekielny approche un peu l’insaisissable Gary et se penche sur les liens entre réalité, imaginaire, fiction et création littéraire. En 
dédiant son livre «aux souris tristes», il rend aussi hommage à tous les anonymes qui ne laissent d’autres traces qu’un vague souvenir chez ceux qui les ont côtoyés.

Par Eric Bulliard

François-Henri Désérable, Un certain M. Piekielny, Gallimard, 272 pages

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