Charlotte Gainsbourg ose enfin le français

Il s’en est passé de lascives secondes depuis Lemon incest (1984), cette entrée en chanson aussi provocante que d’une infinie fragilité… Trois décennies plus tard, Charlotte Gainsbourg exorcise enfin ses démons avec Rest, son excellent cinquième album. Pour la première fois, la fille de Serge Gainsbourg et de Jane Birkin ose l’écriture en français. Au plus près de sa chair, elle évoque son père, dans Lying with you: «Où est parti mon baiser/Quand le coffre s’est fermé/J’entends toujours battre les clous/Toi perdu, moi éperdue.»

Toujours à la limite de l’impudeur, l’actrice et chanteuse de 46 ans s’adresse aussi au fantôme de sa demi-sœur Kate, tragiquement disparue. Et, pour boucler la boucle, elle se regarde dans le miroir dans I’m a lie: «Je tiens encore un peu/Ce cul entre deux sorts/Mon embarras, c’est moi/J’ai les tempes aux abois.» Mis en musique par le DJ Sebastian, suppléé ici et là par la moitié de Daft Punk ou par Paul McCartney (l’horrible Songbird in a cage), Rest resplendit de mille feux, dans le genre variété de luxe, si tendance chez Biolay ou La Femme. Et sa voix de brindille est-elle toujours aussi classieuse? Affirmatif.

par Christophe Dutoit

Charlotte Gainsbourg
Rest
Warner

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