Alt.+1000 interroge la notion de territoire

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© Georges Rousse

Pour sa quatrième édition, le festival Alt.+1000 de Rossinière fait peau neuve: nouvelle directrice artistique, nouvelle thématique, nouveaux lieux d’exposition et nouvelle synergie avec le château de Gruyères.

par Christophe Dutoit

La photographie contemporaine est décidément à l’honneur en Suisse romande. Alors que se tient l’exposition reGeneration3 au Musée de l’Elysée, le festival Alt.+1000 de Rossinière présentait hier, toujours dans les entrailles de l’institution lausannoise, les grandes lignes de sa quatrième édition, qui se déroulera du 11 juillet au 21 septembre.

Lire le compte-rendualt.+1000-2013
de l’édition 2013
du festival Alt.+1000

Nommée il y a huit mois, la nouvelle directrice artistique Béatrice Andrieux a pris le parti (le pari?) de s’éloigner de la thématique de la montagne, qui accompagnait le festival depuis ses débuts en 2008. «J’ai choisi de mettre en avant la notion de territoire, sur laquelle beaucoup de photographes travaillent», explique la Française, qui avoue avoir travaillé dans une certaine urgence pour boucler sa programmation. En tête d’affiche, le plasticien français Georges Rousse présentera l’installation qu’il vient de réaliser en mai, lors d’une résidence dans l’une de ces fameuses granges de Rossinière. Deux cercles peints, un noir et un blanc, se chevauchent dans une zone grisée à la craie, comme si l’un éclipsait l’autre, pour une relecture éloignée du yin et du yang. L’œuvre est à la fois ce trompe-l’œil virtuose dans les trois dimensions qui prend forme uniquement lorsque le spectateur se trouve à l’exact point de la projection originelle. Mais elle est également l’étonnante photographie qui en résulte, réalisée sans trucage ni retouche, qui restera comme le seul témoin de cette performance le jour où le temps aura fini par la détruire. De la très belle ouvrage.

Cinq lauréats parmi 187 dossiers
Au-delà de cette création majeure, Alt.+1000 présente onze autres expositions. A commencer par les cinq lauréats du concours, sélectionnés parmi les 187 dossiers reçus par le festival. On retrouvera ainsi les travaux de deux jeunes artistes genevois: Yvan Alvarez, qui conditionne ses prises de vue à l’utilisation d’un sonomètre et à la mesure du bruit ambiant, et Clément Lambelet, qui a photographié le paysage mongol à travers la fenêtre d’un train, puis qui a monté son diaporama avec pour fil rouge un poteau électrique central. En outre, le Français d’origine Slovène Klavdij Sluban présentera, sur des grandes bâches extérieures, ses images d’exil et de solitude, réalisées sur les traces de Victor Hugo à Guernesey.

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© Edgar Martins

Comme à son habitude, le festival invite une école de photographie. Cette année, le Mexique sera à l’honneur, avec la venue de sept jeunes talents du Centro de la Imagen de Mexico et la PFC de Monterrey.

Pour la première fois, Alt.+1000 délocalisera une exposition hors ses murs. Jusqu’au 1er novembre, le château de Gruyères accueillera en effet plusieurs travaux du photographe portugais installé à Londres Edgar Martins. «Dans sa série This is not a house, il montre des intérieurs américains abandonnés abruptement après la crise des subprimes, en 2008, explique Filipe Dos Santos, le conservateur du château de Gruyères. On y voit comment la nature reprend le dessus.» Le public de Gruyères verra également la série A metaphysical survey of British dwellings, l’étrange évocation d’une ville fantôme qui sert de lieu d’entraînement à la police anglaise. A noter encore que deux très grands formats seront installés dans le château. «Cette collaboration nous permettra d’accueillir de nouveaux publics et de créer des synergies», espère le conservateur.

Rossinière et château de Gruyères, du 11 juillet au 21 septembre, www.plus1000.ch

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© Yael Martinez

 

 

 

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