Selon mon sonotone (5): Axel Bauer et Guesch Patti

Il y a les chanteurs d’un seul titre, les nymphettes d’un été, ceux qui ont entonné un jour J’ai encore rêvé d’elle, Blues trottoir ou Voyage voyage. Et puis, il y a les auteurs au long cours, ceux qui roulent leur bosse d’arrière-salles en petites scènes, traînant avec eux un titre de gloire un peu pesant, un tube bien rutilant, qui masque le reste de leur répertoire avec une certaine injustice…sonotone

Dites Guesch Patti, on vous répondra «Etienne… oh, tiens le bien», que pourrait-on dire d’autre? Esquissez le nom d’Axel Bauer et l’on risque fort de vous entonner Cargo de nuit, alors qu’il y aurait bien plus à conter sur l’œuvre du bonhomme.

Chienne de vie, quand même, mon bel Axel. Se résumer à une chanson, allez, disons une chanson et demie: car pas besoin d’être trop érudit ni de fouiller indéfiniment dans sa mémoire pour citer Eteins la lumière, la deuxième étincelle médiatique de trente ans de carrière…

Car Axel Bauer crée encore, malgré l’écho entêtant de cette «machine dans sa tête» qui empêche d’apprécier son travail à sa juste valeur. Quand les années passent, qu’on a l’impression de se bonifier, de trouver mieux, et qu’on est sans cesse renvoyé à un péché initial (rémunérateur), on doit connaître des fins de soirée saumâtres, à méditer sur les aléas du succès et de la reconnaissance.

Je ne vais pas affirmer ici qu’Axel Bauer est le grand méprisé de la chanson française (le titre est dévolu à jamais à l’immense Nino Ferrer) ni que ses mélodies se hissent au niveau de celle d’un Bashung, mais quand même, le garçon fait une carrière, une vraie, digne représentant d’un rock français qui n’en compte pas tant que cela.

Oui, Axel Bauer mériterait de terminer un concert, un jour, sans qu’on lui ait réclamé «Cargo de nuit»

Et puis voilà, la voix un peu poussiéreuse, un peu plus vraie dirait-on, entouré de ce qui se fait de mieux (Brigitte Fontaine, Marcel Kanche et même Gérard Manset), l’homme pond Peaux de serpent, un album trompeur, car il ne s’agit pas d’une énième mue, simplement d’un artiste qui, peu à peu, a su se débarrasser de ses artifices pour pondre une galette qui lui ressemble. Un bien bon album, sans doute son meilleur, affirmerais-je si je connaissais sa discographie par cœur; la preuve en tout cas, et c’est heureux, que l’on est bien loin des années 1980. Oui, Axel Bauer mériterait de terminer un concert, un jour, sans qu’on lui ait réclamé Cargo de nuit.

(D’ailleurs, sale con que je suis: Guesch Patti a pondu cinq albums et le prochain est prévu pour ce printemps… On ira jeter une oreille, histoire de mourir moins bête)

par Michaël Perruchoud

 

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