comme une bête

La vraie boucherie de Joy Sorman

Etrange idée: un roman sur un boucher, sur la passion d’un métier pas toujours bien considéré. Dans Comme une bête, Joy Sorman (révélée en 2005 par Boys, boys, boys) s’y attaque avec aplomb, en suivant ce personnage de Pim, d’abord apprenti dans son village breton, puis artisan boucher à Paris, avec toujours l’envie de devenir le meilleur. En assumant ce paradoxe: «Te manger la vache, te dévorer à la fin de l’histoire, ça n’empêche ni la beauté ni la joie ni le lien. La vache, je t’aime tant que je te mange.»

Joy Sorman s’efforce de coller à son sujet, avec une précision de vocabulaire et de style qui l’entraîne à ne rien cacher, y compris dans une éprouvante scène à l’abattoir. Elle y parvient si bien (malgré une fin onirico-fantastique moins convaincante) que l’on croit sentir et toucher les carcasses et les viandes. En posant de pertinentes questions sur notre rapport aux animaux, son roman finit par dépasser sa première apparence d’exercice de style.

par Eric Bulliard

Joy Sorman
Comme une bête
Gallimard / 176 pages
notre avis: ♥♥

Posté le par admin dans Littérature Déposer votre commentaire