Darius, le Facteur Cheval du rock monumental

Les Fribourgeois de Darius vernissent vendredi leur nouvel EP à Ebullition. Rencontre avec deux de ses «non-musiciens», Yannick Neveu et Sylvain Aebischer, pour évoquer «ces machins à raconter».

Sylvain Aebischer (guitare), Yannick Neveu (guitare), Daniel Huguenot (basse), Julien Bernard (batterie) et Alan Brunetti (guitare) vernissent Clôture ce vendredi à Ebullition, en première partie des Chaux-de-Fonniers de Coilguns, qui baptisent également leur nouveau disque.

par Christophe Dutoit

Et si on allait enregistrer un disque au stand de tir de Courfaivre? En juin 2017, les cinq membres de Darius ont répondu par l’affirmative et se sont retrouvés dans le Jura profond. «Au Glaucal, un stand de tir désaffecté un peu en dehors du village, un endroit recyclé en lieu de création artistique, de résidences et de répétitions», raconte Yannick Neveu, homme de radio-télévision et l’un des trois guitaristes. En effet, toute la famille artistique des montagnes jurassiennes a, un jour ou l’autre, transité par ce lieu bizarre et hanté. «C’était le paradis durant quelques jours», souffle Sylvain Aebischer, designer industriel à la ville et guitariste à la nuit tombée.

«On a bricolé du bruit»
«On cherchait un son assez brut et nous avons travaillé avec Louis Jucker, car son côté low-tech nous convenait assez bien», expliquent les deux gaillards. Par exemple, le souffle généré par les amplis se ressent bien sur les bandes. «On a bricolé du bruit durant quelques jours et il en ressort un disque.»

Vendredi soir, Darius retrouvera son ingénieur du son, puisque tant les Fribourgeois que le Chaux-de-Fonnier, également guitariste de Coilguns, verniront leur nouvel album respectif à Ebullition, après une résidence préparatoire en ce milieu de semaine.

Après avoir connu «une phase de léthargie» après la sortie de son premier album Grain, en 2015, puis le départ de son batteur Samuel Andrade, remplacé par Julien Bernard, Darius s’est vu repousser des ailes. «Depuis quelque temps, le groupe est un poil plus sérieux. On se voit moins et on bosse mieux», sourit Sylvain Aebischer. «Et nous avons changé de local: on peut désormais enregistrer nos répétitions, poursuit Yannick Neveu. Mais notre processus créatif reste très chaotique: on peut composer un titre en vingt minutes et, parfois, il faut six mois pour trouver la bonne structure pour un autre.»

«Besoin d’urgence»
«Nous ne sommes pas musiciens, avoue Sylvain Aebischer. Aucun de nous ne connaît la théorie musicale.» Ce qui les oblige à trouver des parades. «Jusqu’à la dernière seconde, je n’étais pas convaincu d’un titre. Et puis, tout d’un coup, on a trouvé le truc, affirme Yannick Neveu. On bosse à l’échéance. On a besoin d’urgence pour figer notre musique.» Et le résultat – Clôture  est très convaincant: quatre titres au cordeau, dont deux épopées de plus de huit minutes, pour un trip halluciné et sans paroles.

Il est vrai que Darius est un band à part. «On a formé ce groupe pour déconner, avoue le Bullois. Quand les gens ont commencé à nous dire qu’ils aimaient bien, on a presque été étonnés.» Nés d’un défi potache, les ex-Darius Rochebins créent avant tout une aventure musicale, une proposition artistique, à laquelle le public adhère ou non. «Nous n’avons pas de dogmes, ni d’interdits, nous sommes très ouverts, avance Yannick Neveu. Moi, je suis attaché à une “belle narration”, je tiens à ce que nos compositions racontent une histoire. Comme une monstre musique de film jouée un peu trop fort. Il faut qu’on raconte des machins, peu importe lesquels.»

Depuis ses premiers balbutiements en 2009, Darius n’a jamais essayé de plagier un truc existant. Pour qualifier sa musique, les préfixes se succèdent: postrock, postmetal, postenfantin (en référence à Charlotte, composé pour un hommage à Henri Dès rendu à Ebullition) ou, comme l’affirme Louis Jucker, une manière de faire du rock «à la Facteur Cheval», à la fois (art) brut, futile, imparable et monumental.

«Tous les membres du grou-pe ont un style différent. Chacun joue des trucs simples qui, une fois mis ensemble, donnent un gros son.» Et, assez miraculeusement, ça marche. «Parce qu’on s’aime bien», sourit Yannick Neveu. Le sujet est clos.

Bulle, Ebullition, vendredi 2 mars, dès 21 h. Vernissage de l’œuvre de Thanassis Fouradoulas pour la pochette, à 18 h, à Trace Ecart.

Darius, Clôture, Cold Smoke Records

 

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