Jim the Barber & his Shinny Blades, un E-Street Band d’ici

Jim the Barber & his Shinny Blades vernissent leur second album ce samedi soir à Fri-Son. A onze sur scène, avec la crème des musiciens fribourgeois.

Jim The Barber & His Shinny Blades en résidence à Fri-Son, Fribourg, avec Thomas Rueger, Vincent Yerly, Mario Weiss, Stéphane Eichenberger, Marie Riley, Cynthia Weiss, Floriane Gasser

par Christophe Dutoit

Quel casting, mes aïeux! Imaginez un peu: un ancien de Tasteless, la moitié de Monoski, des membres de Dog Days, de Hubeskyla, de The Fawn, des Memphis Knights, sans parler de la féerique violoncelliste Sara Oswald en invitée de prestige. Rarement les Shinny Blades n’auront aussi bien porté leur surnom de «fines lames» au côté de Jim the Barber. A onze sur la scène de Fri-Son, le band vernira samedi son second album intitulé The silence of monuments, après une résidence artistique de deux jours pour peaufiner les derniers détails.

Mardi, à l’heure où la circulation se fait dense sur la route de la Fonderie, un impressionnant magma sonore perce les murs de Fri-Son. Dans la salle déserte, les Fribourgeois traversent une énième fois le set qu’ils donneront samedi. En costume affûté très classe, le groupe joue le jeu de l’enregistrement vidéo en live. Avec un supplément d’âme… et de pression, qui fait échouer la meilleure prise pour un souci de sono. Tant pis, l’heure est encore aux répétitions. Le grand soir n’est prévu que dans quelques jours.

Aussi à deux dans la rue
Sur le devant de la scène, Cynthia et Mario Weiss enchevêtrent leur voix, comme à la plus belle époque de Nancy Sinatra & Lee Hazlewood ou Isobel Campbell & Mark Lanegan. «Il faut que nos voix tiennent la baraque, répond en chœur le couple à la ville. Samedi, on sera onze sur scène. Mais il se peut aussi qu’on joue à deux devant la Placette. On aimerait que nos chansons tiennent aussi bien avec rien qu’avec des orchestrations plus étendues.»

Jim The Barber & His Shinny Blades, Cynthia Weiss

Question arrangements, le binôme ne manque pas d’allure. Contrebasse, batterie, guitares, lap-steel, banjo, harmonica, violon, violoncelle, section de cuivres: toutes proportions gardées, on dirait presque un E-Street Band à la fribourgeoise!

Quatre ans après l’excellent Thaumatrope, Cynthia et Mario Weiss ont composé leur second opus en couple, seuls à la maison, dans leur home studio. «Nous avons enregistré les voix dans notre salon, raconte-t-elle. On voulait quelque chose de cosy, de confortable.»

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«Un peu notre thérapie»
«Duri Darms (ex-Hoosiers) est venu de nombreuses fois à la maison pour nous enregistrer, poursuit Mario. Il avait un peu le rôle de producteur. Quand on fonctionne ainsi, c’est primordial d’avoir un gars autour de soi pour nous dire si on fait de la merde…» Peu de risques de ce côté-ci. Car le groupe file droit dans ses bottes et explore à l’envi ses influences américaines revendiquées. «C’est la musique qui me touche le plus, depuis toujours.»

Au niveau de l’écriture, Cynthia et Mario ont beaucoup travaillé en symbiose. «Je lui parle de choses dont j’ai besoin de parler et il les retranscrit en chansons, dit-elle. C’est un peu notre thérapie.» «Tout à coup, une chanson apparaît, rétorque-t-il. Souvent, j’ai une idée assez précise des arrangements. Mais, programmer une batterie avec l’ordinateur, c’est un peu rigide. Pareil pour les cordes. En digital, ça sonne trop juste, ça manque de vie. Car la musique a une âme dans ses défauts.»

Jim The Barber & His Shinny Blades, avec Mario Weiss et Cynthia Weiss

C’est à ce moment-là qu’interviennent les membres du groupe. «Eux poussent le projet plus loin. Ils ne sont pas juste des musiciens de session. Ils apportent leur patte.»

Bien qu’à géométrie variable, Jim the Barber est bien un groupe. «On a envie de jouer avec nos potes, explique Cynthia. Si on n’est que les deux, on entend tous les pains (soupirs)…» «En revanche, à deux, nous sommes à fleur de peau, réplique Mario. Et cette tension capte certainement les spectateurs. Si on dégage une belle énergie, c’est gagné.»

Nouvelle pêche
De fil en aiguille, au rythme des enregistrements successifs, le groupe passe l’équivalent d’une semaine en studio, «même s’il nous semble que ça a pris 4000 ans», sourient les deux Weiss. A l’écoute du dernier filage à Fri-Son, le groupe dégage une cohésion qui tranche singulièrement avec la méthode d’enregistrement. Comme si les pièces du puzzle avaient soudain trouvé leur place dans le maelström sonore. Le plus naturellement du monde. Parfois un brin fluettes sur disque – c’est peut-être le seul bémol – les compositions gagnent une nouvelle profondeur sur scène, une pêche communicative qui amplifie tous les sens. Dans un monde idéal, l’enregistrement aurait dû commencer demain, en condition presque live, à l’ancienne… Mais c’est une autre histoire.

Pour autant, rien n’est à jeter dans les dix titres de The silence of monuments. A commencer par Coal girl, la chanson phare, belle comme un road-movie vers les Rocheuses. Ou Snowflakes et ses lentes accélérations. A Fri-Son, le groupe ne se contentera pas de distiller ses nouvelles compositions. «Nous avons également réarrangé des chansons du premier album. Nous avons du plaisir à jouer ces vieux titres. Il faut différencier le studio et le live. On ne les dénature pas, on les fait seulement vivre. Nous aussi, on évolue. C’est ce qui donne de la magie.»

Fribourg, Fri-Son, samedi 9 décembre, avec Toronaut en première partie, dès 20 h.

Jim the Barber & his Shinny Blades, The silence of monuments, Saiko Records

Jim The Barber & His Shinny Blades, Marie Riley

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