Les mots d’Enthoven pour penser notre quotidien

Une préface qui commence par «j’ai d’abord lu Mythologies de Roland Barthes comme un livre un peu canaille et incongru», ça vous pose un philosophe. Le médiatique Raphaël Enthoven part de cette lecture pour s’intéresser à son tour au monde quotidien, à ses objets, à ce que nous en faisons. En brefs chapitres, il esquisse des réflexions sur des sujets aussi divers que les selfies, les émoticônes, le gaz de schisme, les sacs plastiques, la poupée Barbie, les Barbapapas, le sèche-mains, le vintage, la cigarette électronique…

Souvent, on se dit qu’il y a effectivement, dans ces symptômes de notre époque qu’on ne sait plus voir, matière à réflexion. Mais aussi à sourire, quand par exemple il voit dans le beatboxing «un faux-cul qui élève au grade de mélodie l’inepte vacarme du corps et, remplaçant l’anus par la bouche, donne à la pétomanie ses lettres de noblesse». Matière à s’agacer, aussi, quand il se laisse aller à jouer lourdement avec les mots («aux armes, mitoyens», «polymère nature», «vas-y-comme-j’te-pouce», «un discret hochement de texte»). Au passage, on apprend que «laisser pisser les citoyens» ou les «laisser penser», ça «revient au même». Bon, d’accord, pourquoi pas?

par Eric Bulliard

Raphaël Enthoven
Little brother
Gallimard, 128 pages

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