Tous les deux ans, le Festival Images Vevey transforme la ville lémanique en centre d’art contemporain en plein air. Jusqu’au 2 octobre, 75 projets investissent les façades du centre-ville, mais aussi les rives du Léman et même ses profondeurs…

texte & photos: Christophe Dutoit

En immersion. Tel est le thème, au propre et au figuré, de la nouvelle édition du Festival Images Vevey, la cinquième sous cette forme depuis sa création en 1995. Dès son arrivée sur les rives du Léman, le spectateur ne peut en effet pas rater l’omniprésence de la photographie au cœur de cette cité autoproclamée «ville d’images».

Le menu est tout à la fois gargantuesque et très digeste, par la volonté de son directeur Stefano Stoll. A l’image de la diversité actuelle de la photographie. Au centre-ville, plusieurs façades présentent des œuvres de Martin Parr, Pierre et Gilles ou Renate Buser sur des bâches au format XXL. Plus loin, le festival innove et fait preuve d’une originalité à la fois ludique et pertinente. Sur la fontaine des Jardins du Rivage, Stephen Gill expose des portraits exquis, dont certains rappellent les pastels de Degas. Enduits d’un vernis «magique», les tirages doivent être aspergés d’eau pour apparaître au grand jour. Pour le grand plaisir des bambins en costume de bain.

Comme lors de la dernière biennale, le Léman sert d’écrin à plusieurs séries: le long des quais, des cannes permettent de «pêcher» les images sous-marines d’Edoardo Delille. Plus loin, Marvin Leuvrey permet aux spectateurs de fouler ses portraits sur des plates-formes à fleur d’eau, tandis qu’Asako Narahashi présente trois vues au ras de l’eau, fixées sur un système qui les fait osciller au rythme des vaguelettes. Trois manières de montrer des images comme des sculptures, dans une troisième dimension que la photographie peine ontologiquement à reproduire.

A son habitude, le Festival Images Vevey fait sortir la photographie de ses carcans habituels, les cimaises des galeries et les pages des livres. Comme à la place Scanavin, où l’artiste slovène Matjaz Tancic met en scène, derrière une rangée de jumelles, des portraits stéréoscopiques de Messieurs et Mesdames Tout-le-Monde nés en Corée du Nord. Avec un effet de surprise très réussi.

Vevey, partout en ville, jusqu’au 2 octobre (expositions intérieures, tous les jours, 11 h-19 h). www.images.ch