Plonger dans un livre de Jacques A. Bertrand, c’est retrouver sa tendre ironie, son esprit distingué. C’est aussi partir sur des chemins inattendus. Avec Biographies non autorisées, le prolifique auteur de la Brève histoire des choses (2015) et de Tristesse de la balance et autre signes (2001) poursuit dans cet art de la chronique qui lui convient si bien. L’inattendu, ici, c’est d’abord le choix des vies racontées en quelques pages: on y croise Dieu et Lucifer, la première épouse, la larme, l’évolution, la mélancolie…
Jacques A. Bertrand suit sa fantaisie pour proposer une savoureuse balade où son sens de l’observation et son érudition modeste font merveille. Et peu importe si, sur la vingtaine de chapitres, certains nous laissent un peu sur notre faim. L’essentiel reste cet art «de ne rien dire à propos de tout, de tout dire à propos de rien», selon la définition de la chronique donnée par Léon-Paul Fargue. Cet art, Jacques A. Bertrand le parsème de mélancolie douce et d’humour léger, qu’il vaut mieux, de nos jours, avoir en réserve pour affronter le monde: «Chacun de nous a sa douleur secrète. Le port du nez rouge est fortement conseillé. Avec une larme d’élégance.»
par Eric Bulliard
Jacques A. Bertrand
Biographies non autorisées
Julliard, 162 pages
