Les Francomanias de Bulle ont dévoilé la programmation d’une édition nouvelle formule. Du 31 août au 3 septembre se succéderont 25 groupes et artistes à l’Hôtel de Ville, dans la cour du château et sur la place du Marché. Les Anglais Peter Doherty et Charlie Winston, ainsi que le rappeur français Youssoupha, figurent parmi les têtes d’affiche.
Par Eric Bulliard
Six ans après leurs derniers concerts en ses murs, les Francomanias devraient connaître de nouvelles soirées inoubliables à l’Hôtel de Ville: Peter Doherty, Charlie Winston, Youssoupha vont notamment jouer dans la salle historique du festival, du 31 août au 3 septembre.
L’ensemble de la programmation a été dévoilé hier et comprend 25 artistes, tous invités pour la première fois aux Francomanias. Une tête d’affiche sera dévoilée plus tard, en accord avec un festival où elle se produira cet été. «On ne peut rien en dire de plus, sinon que ce sera vachement bien», lâche le programmateur Emmanuel Colliard.
Evénement de cette édition: après sa tournée avec The Libertines, Peter Doherty viendra donc en solo à Bulle, le vendredi 2 septembre. Pour l’heure, il s’agit de sa seule date en Suisse. «L’imaginer à l’Hôtel de Ville est exceptionnel», se réjouit Emmanuel Colliard, en affirmant avoir rarement vu un artiste seul sur scène aussi impressionnant.
Avec un nouvel album solo
Le rocker-poète anglais arrivera avec de nouvelles chansons, puisqu’il doit sortir à l’automne son deuxième album solo, qui succédera à Grace / Wastelands, chef-d’œuvre de subtilité paru en 2009. En première partie se produira Fraser Anderson, un Ecossais que le programmateur situe dans la lignée des plus grands noms du folk américain, les Nick Drake et Joni Mitchell.
Le festival avait déjà annoncé la présence de Charlie Winston, showman qui promet lui aussi une soirée marquante dans l’intimité de l’Hôtel de Ville. «Toute personne qui l’a déjà vu sur scène ne peut que se réjouir de le découvrir dans cette salle», relève Emmanuel Colliard.
Dans un autre genre, la venue de Youssoupha, tête d’affiche du premier soir (avec Alpha Wann en première partie), fait aussi figure d’événement. «Il domine le hip-hop français depuis des années», estime le programmateur, séduit non seulement par ses textes, mais aussi par «son énergie positive». Toujours sur la scène de l’Hôtel de Ville, à signaler également la première venue aux Francos de la Fribourgeoise Kassette, le dernier soir.
Une intimité unique
Son affiche, Emmanuel Colliard l’a construite avec en tête les critères de «qualité et pertinence». Et le choix, annoncé de longue date, d’«ouvrir totalement la programmation», sans se cantonner au répertoire francophone. Comme le festival ne peut rivaliser avec les mastodontes, il se démarque autrement: «L’intimité rend cet événement unique. Nous prenons le contre-pied d’autres manifestations qui ne cessent de grandir.»
Les trois lieux auront leur propre identité: des habitués de grandes scènes en version intime à l’Hôtel de Ville (800 places), des groupes acoustiques ou semi-acoustiques dans la cour du château (500 places) et des talents à découvrir sur la place du Marché, où les concerts seront gratuits.
La cour du château (payante) aussi aura son lot de concerts événements. Avec, par exemple, une des toutes premières prestations d’Ida Mae. Son nom reste peu connu, mais pas ses membres, puisque cette nouvelle formation a été créée par Chris Turpin et Stephanie Jean, leaders du groupe anglais de blues-rock Kill it Kid, désormais dissous.
Des chœurs et le rappeur
Le jeune Breton Broken Back se produira aussi dans la cour du château, après avoir fait d’importants festivals en France. «Ce sera sans doute une des dernières occasions de le voir dans un cadre aussi intimiste», selon Emmanuel Colliard. La voix et la guitare (branchée sur des machines) de Yoav ou la création acoustique de John Dear devraient aussi trouver un écrin idéal dans ces murs séculaires.
Quant à la place du Marché, où les concerts seront gratuits, elle mettra l’accent sur les talents du cru et romands, ainsi que sur les groupes festifs. Les Francomanias ne veulent surtout pas la considérer comme une scène au rabais: «Ce ne sera pas une cantine avec trois lumières et un bout de sono.» Emmanuel Colliard y a programmé des «pépites», comme Elynn the Green et Jonas, mais aussi les Romontois déchaînés de Todos Destinos, ou encore The Animen et Mountain Men.
Dans leur envie d’innover, les Francomanias vont en outre proposer des projets inattendus: en collaboration avec le Musée gruérien, le Chœur de la Confrérie du gruyère va préparer un concert commun avec le rappeur lausannois Abstral Compost. L’ensemble vocal Utopie sera également de la fête.
La boîte à souvenirs
Comme construire du neuf ne signifie pas oublier le passé, l’histoire du festival revivra à travers un Tribute to les Francos. Six groupes de la région (dont Le Bal du pendu, reformé pour l’occasion, Todos Destinos, Julien Victor…) vont reprendre à leur sauce des chansons d’artistes qui ont joué à Bulle. Emmanuel Colliard montera également sur scène, sous le nom de Manu Solo, accompagné de Sacha Love.
Parmi les nouveautés de cette édition figurent encore une silent party, un spectacle pour enfants sur la place du Marché (M le méchant par Eddy La Gooyatsch), ainsi qu’une collaboration avec le Centranim et avec l’Association Ile d’Ogoz, qui organise un spectacle avec un brass band sur l’île, le samedi.
La création d’une association des amis des Francos a en outre été annoncée lors de la conférence de presse. Que le directeur Jean-Philippe Ghillani a ouverte par une phrase résumant le sentiment général: «Cette édition 2016 s’annonce novatrice…»
Pour un festival rassembleur
Après avoir fait l’impasse en 2015, les Francomanias de Bulle ont entièrement revu leur formule. Avec cette idée forte: revenir au centre-ville pour mieux impliquer la population. Cette édition proposera «de nouvelles dates, de nouveaux lieux, des concerts payants et gratuits, en plein air et en salle», a relevé le directeur Jean-Philippe Ghillani, lors de la conférence de presse. Et «une programmation décomplexée sur des sites chargés d’histoire».
Les organisateurs avaient annoncé à l’automne déjà que ces Francomanias se tiendraient du 31 août au 3 septembre. Première date possible après le marché folklorique, elle s’est révélée positive pour le programmateur Emmanuel Colliard: les grands festivals sont passés et les tournées d’automne commencent. «Il n’aurait par exemple pas été possible d’obtenir Peter Doherty plus tôt dans l’été.»
Cette manifestation dans «certains des plus beaux lieux de la ville» se veut «populaire et rassembleuse», insiste Jean-Philippe Ghillani. Par de nouvelles collaborations avec les sociétés locales et par les concerts à la place du Marché, gratuits et ouverts à tous: «Le site ne sera absolument pas fermé. Tous les gens qui passent par là seront les bienvenus.»
Un défi technique et logistique
Alors que les scènes de l’Hôtel de Ville et de la cour du château (payantes) pourront accueillir 800 et 500 personnes, celle de la place du Marché n’est pas limitée: «Nous serons le seul festival dont la plus grande jauge est la scène gratuite», sourit Emmanuel Colliard.
La grille horaire n’est pas encore tout à fait définitive, mais les concerts à l’Hôtel de Ville et dans la cour du château se dérouleront en même temps. Avec ceux de la place du Marché, les festivaliers auront possibilité d’assister à quatre concerts par soir.
Le budget de cette édition nouvelle formule reste quasiment inchangé: «En dessus de 900000 francs et en dessous du million», selon le directeur. Qui reconnaît que, pour l’équipe des Francos, utiliser des lieux pas prévus pour accueillir un tel festival représente «un défi technique et logistique. Mais ce qui est très motivant, c’est que nous avons l’impression que ce projet est attendu de tous.»
La billetterie est ouverte sur www.francomanias.ch
