Ce qui frappe d’emblée, c’est l’écriture. Elégante et solide, avec le souci du mot précis, le refus de la platitude comme de la pédanterie. On sent tout de suite une voix, un souffle qui parcourt ces huit nouvelles ancrées dans le quotidien, mais jamais banales. Une assurance, aussi, qui ne laisse pas supposer qu’En plein vol est le premier livre de la Genevoise, critique littéraire au Courrier.

Une vibration intense traverse ses héroïnes et ses narratrices. Il y a des amours douloureuses, mais des amours quand même (comme dans Vacances, une des plus troublantes nouvelles), des histoires de jeunesse et de vieillesse, des désirs, des envies d’évasion par l’hypnose ou les drogues, des moments où ces femmes se sentent en décalage. Et une observation des relations humaines, jamais simples, comme dans Nocturne, où, avec une pertinence presque douloureuse, Anne Pitteloud évoque aussi bien la maternité (et son absence) que les liens entre sœurs. Toujours, son regard touche par sa justesse pleine de sensibilité. De quoi ajouter à sa fonction de critique respectée celle d’auteure subtile.

par Eric Bulliard

Anne Pitteloud, En plein vol, D’autre part / 148 pages