Il n’est jamais facile de commencer sa carrière avec un chef-d’œuvre. Tel fut néanmoins le cas de Brett Anderson et Bernard Butler lorsqu’ils sortirent en 1993 le premier album de Suede, alors que l’Angleterre vivait en plein la déferlante britpop. Vingt ans, la défection du guitariste et pas mal de déconvenues plus tard, le groupe tentait une première réapparition avec le très apprécié Bloodsports en 2013. En forme olympique, Anderson et ses nouveaux comparses viennent de signer Night thoughts, un septième disque qui les replace au firmament.

Après avoir forgé le son de la britpop avec des titres comme Animal nitrate ou So young, Suede fait preuve d’une nouvelle ambition, nettement plus progressive. Malgré quelques reliques très XXe siècle – le puissant Outsiders ou le tube No tomorrow – le groupe lorgne vers des horizons plus vastes et plus abstraits. A l’image du très planant Pale snow ou du magistral Tightrope et ses atmosphères troublantes. Surtout, la voix si caractéristique de Brett Anderson – désormais libérée de ses trop fréquents vibratos – suffit pour faire de cet album l’un des plus intéressants de l’hiver.

par Christophe Dutoit

Suede
Night thoughts
Warner