Dog Days: «Jouer fort et planant est hyperjouissif»

Dog Days est sans conteste la sensation stoner suisse du moment. Ce vendredi, le trio fribourgeois vernit son premier album à Ebullition, après trois jours de résidence subventionnée par le canton. Rencontre avec Vincent Yerly, docteur ès fuzz et alchimiste de gros sons.

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par Christophe Dutoit

En anglais, le terme dog days décrit le pic de la canicule (de canis en latin: le chien), cette touffeur qui peut rendre à tel point fou que les Romains sacrifiaient jadis un chien pour apaiser ces moiteurs. Mais ceci est de l’histoire ancienne.

Depuis quelques mois, Dog Days est la sensation stoner suisse du moment. Avant même que le trio fribourgeois ne vernisse son premier album Heat ce vendredi à Ebullition, le prestigieux magazine metal américain Decibel les a déjà remarqués. Tout comme le site de New Noise, qui affiche le groupe à sa une et propose cette semaine le disque en streaming gratuit. Pas mal pour des petits jeunes qui débutent!

Que nenni! Derrière Dog Days se cache un trio magique ou mieux, un triangle infernal. A l’un de ses sommets, Vincent Yerly, docteur ès fuzz et alchimiste de gros sons. Le guitariste est connu comme le loup blanc et pas seulement pour être monté sur scène lors du tout premier concert organisé par Ebullition. C’était en 1991, au Marché-couvert, avec les estimés Living Sons. Mais ceci est encore de l’histoire ancienne.dd02

«Depuis 2013, je joue du banjo et du lap-steel avec Jim the Barber & his Shiny Blades, raconte le quadra établi à Fribourg. L’année suivante, Marie Riley nous a rejoints comme contrebassiste et nous avons tout de suite eu un superfeeling entre nous.»

A fond les potards
Malgré un cursus dans le monde des big bands, la blogueuse de Food & Fuzz passe avec Vincent et avec succès son permis de conduire une basse électrique. Premier conseil: baisser la sangle au maximum, jusqu’à ce que l’instrument atteigne les genoux. Puis brancher une lourde pédale de fuzz et à fond les potards.

«Je lui ai mis le pied à l’étrier et on a très vite commencé à composer, explique Vincent Yerly. De manière très naïve et très insouciante. Jouer fort et planant est hyperjouissif.»

Avec Dog Days, nous jouons du stoner instrumental de la manière la plus radicale qui soit.

Ce que ne dit pas le guitariste, c’est qu’il ne s’est jamais remis des albums de Curve au début des années 1990 et qu’il a vécu en plein la première vague stoner, celle de Kyuss et de Fu Manchu. Avant de prendre en pleine face Songs for the deaf, le disque mythique des Queens of the Stone Age en 2002. «Je n’avais jamais eu l’occasion de pratiquer ce genre de musique auparavant. Avec Dog Days, nous jouons du stoner instrumental de la manière la plus radicale qui soit. Il est bon de casser les carcans. On en a marre de ces trucs trop formatés et gentillets. Nous, on joue fort, avec un maximum de distorsion.»

Depuis son premier concert à Fri-Son en décembre 2014, le groupe a trouvé en Julien Vonlanthen le batteur idéal. «Il n’a pas baigné dans ce style et il tente des trucs que d’autres ne se permettraient pas, explique Vincent Yerly. On l’a emmené écouter des concerts et il a tout de suite pigé: taper fort et ouvrir le charleston… Julien a cette incroyable capacité de se lâcher totalement sans perdre le contrôle.»

Urgente et sans concession
Sous l’influence certaine du désert rock ou de Motörhead – le groupe balancera un nouveau titre très influencé par Lemmy – Dog Days livre une musique urgente et sans concession. Tel un trip noisy et halluciné dans la moiteur d’un désert américain, à la tombée de la nuit de préférence. Enregistré au studio de La Fonderie par le démiurge Sacha Ruffieux (qui apparaît sur un titre) et mastérisé par Jacques Roubaty, l’alter ego de Vincent Yerly au sein d’Electrobolt, Heat est de ces brûlots qui laissent des cicatrices dès leur première écoute.

«On ne joue ni pour le fric, ni pour le prestige, ni pour plaire à quiconque. Juste pour le fun, c’est notre moteur», avoue Vincent Yerly. Ce vendredi, le groupe étrennera son vinyle à Ebullition après trois jours de résidence subventionnée par le Service de la culture fribourgeois. Il sera entouré de deux groupes anglais, Steak et Crystal Head. Avant de donner une série de concerts en Suisse, en Angleterre et, peut-être bientôt, sur la route du stoner, entre Seattle et Los Angeles…

Bulle, Ebullition, vendredi 15 janvier, dès 21 h, www.ebull.ch
Dog Days, Heat, www.dogdaysband.bandcamp.com

 

 

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