Plonger dans les abîmes, dans une noirceur aux nuances spectrales, s’y perdre pour un temps, le vivre et l’observer. Voilà comment l’on pourrait résumer la proposition du compositeur américain Rafael Anton Irisarri.

Travaillant dans une forme d’électro minimaliste, nourri de bruits saturés et de distorsions, l’artiste bâtit sa création sur un monde sonore à l’identité extrêmement forte, irréelle et étrange. Irisarri se met au service de ses sonorités, il les superpose et les laisse œuvrer dans une sorte d’expérience hypnotique. L’atmosphère est lourde et on se sent chahuter par cet univers qui nous renvoie directement à ces parts d’ombres que l’on préférerait éviter. Mais, si l’on ose s’y aventurer, on entre dans un inconnu fascinant. Les quelques ondes mélodiques qui parsèment ce monde lui donnent des reflets bienveillants, comme l’expression rassurante de l’auteur face à son auditoire et cette orchestration d’outre-tombe.

A fragile geography est une parenthèse sonore inquiétante. Mais surtout une proposition artistique forte et sans concession qui nous éloigne des préjugés rationnels pour nous proposer une véritable expérimentation intérieure. Troublant.

par Guy Fragnière

Rafael Anton Irisarri
A Fragile Geography