Didier Blonde, l’inconnue du Père-Lachaise

leilahok

Lors d’une de ses mystérieuses errances dans le cimetière du Père-Lachaise, Didier Blonde resta figé devant la case 5011 du columbarium. Sur le vieux marbre, la photo en noir/blanc d’une sublime éphémère et une ligne gravée en lettres majuscules: Leïlah Mahi 12 août 1932. «Desnos aurait pu faire de ses yeux un poème, Cocteau un dessin, Chanel un parfum.»

Autoproclamé «détective de la mémoire», l’écrivain parisien en a fait l’objet de son dernier roman, lui qui ne demandait qu’à se plonger dans ce genre d’enquêtes dont il sait explorer la futilité, après s’être intéressé aux héros masqués du roman populaire (Arsène Lupin, Fantômas) ou aux actrices oubliées du cinéma muet (Suzanne Grandais). Obsédé par ce «besoin de faire parler les morts», Didier Blonde se laisse prendre au piège de son imaginaire et raconte le quotidien de ses recherches convulsives, entre une administration rigide, la lecture des journaux de l’époque et la visite improbable à une artiste américaine qui a pris le cliché pour modèle de ses toiles.

Avec son écriture limpide, ses descriptions minutieuses et l’acuité de son questionnement («à quel âge les morts ressuscitent-ils?»), le lauréat du Renaudot Essai 2015 tisse une intrigue aussi fascinante qu’inutile, comme dans les plus belles pages de Modiano. L’intrigante inconnue de la photo devient prétexte à déambuler dans un Paris sans âge, à la recherche, non pas du temps perdu, mais d’une mémoire effacée.

Didier Blonde
Leïlah Mahi 1932
Gallimard, 124 pages

 

 

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