Le Fribourg «simplement beau» de Garopesani

L’artiste Ferruccio Garopesani aurait eu cent ans cette semaine. Le Musée Gutenberg lui rend hommage avec une exposition de ses lithographies. Un livre est en préparation pour le mois de décembre.garob

par Christophe Dutoit

Garo aurait eu 100 ans lundi. Garo, car tout le monde à Fribourg – et surtout à la Basse – l’appelait par son diminutif, quand bien même il est né Ferruccio Garopesani, le 6 octobre 1914, à Milan. De son Italie d’origine, l’artiste peintre à gardé la chaleur des tons et la facilité du trait, acquise dans les prestigieuses académies de Milan et de Bergame. Après être monté à Paris, il a découvert la Suisse au milieu des années 1950, s’est installé d’abord à Lausanne, puis à Leysin, avant de poser son chevalet à Fribourg.

Habitué à peindre sur le motif, dans les rues basses de la ville, Garo devint rapidement un «personnage connu et aimé de tous, comme le décrit Stefan Ledergerber, le directeur du Musée Gutenberg, à Fribourg. Il peignait d’abord l’huile, dans la rue. Puis, de retour à l’atelier, il dessinait sur ses pierres lithographiques d’après le même sujet.»

Cette technique de reproduction sur pierre, inventée à la fin du XVIIIe siècle, permet de conserver la finesse du crayon, tout en proposant des variations de couleurs infinies, comme en témoignent les dix encrages monochromes montrés à l’étage – qui forment finalement une épreuve couleur – dans la très éclairante partie didactique de l’exposition, où figure notamment la dernière pierre encore dessinée par l’artiste.

Garo semble tourner autour de la cathédrale, depuis Lorette, depuis le pont de Bourguillon, depuis le pont du Milieu. Elle est toujours là, imposante ou à l’arrière-plan.

«Pour la première fois, nous montrons le Fribourg de Garo, explique Stefan Ledergerber. Nous avons fait des appels dans la presse pour réunir ses lithos et de nombreuses personnes nous les ont prêtées.» Du coup, l’exposition s’articule autour d’un des thèmes favoris de l’artiste, la vieille ville, toujours déserte, comme figée dans son apogée médiéval. «Garo semble tourner autour de la cathédrale, depuis Lorette, depuis le pont de Bourguillon, depuis le pont du Milieu. Elle est toujours là, imposante ou à l’arrière-plan.»

Ses aises avec la réalité
Très pertinemment, le Musée Gutenberg adjoint à ses légendes des photographies récentes de points de vue utilisés par Garopesani. Car les lieux ont parfois changé. A moins que l’artiste n’ait pris ses aises avec la réalité, à l’image des tourelles de l’Hôtel de Ville ou, plus généralement, de la manière dont il étire les bâtiments en vertical ou dont il appointit les toits.garoa

Au fil de l’exposition, le spectateur se laisse conduire dans une balade pittoresque (de l’italien pittore, le peintre) en ville de Fribourg, au gré des épreuves d’artiste dédicacées et des tirages bichromes, pour la plupart réalisés dans l’atelier Robert. «Dans les lithos de Garopesani, Fribourg est simplement beau, calme, intime, affirme Stefan Ledergerber. On s’y reconnaît.»

A noter que l’acteur Jean Winiger propose une série de «visites théâtralisées», à partir de ce dimanche (15 h), où, «à la manière des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, il crée des liens dans l’œuvre de Garopesani, avec humour, satire et empathie». On se réjouit.

Fribourg, Musée Gutenberg, jusqu’au 1er février 2015, www.gutenbergmuseum.ch

Ferrucio Garopesani, Mon Fribourg – Mein Fribourg, invitation à souscription jusqu’au 5 novembre. Sortie prévue le 10 décembre

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