Robert Plant toujours aussi ensorcelant

robertplantA 66 ans passés, faut-il classer Robert Plant au rayon des antiques breloques, des vieux beaux qui courent après le succès de leur jeunesse, des retraités hyperactifs qui feraient mieux de se la couler douce à Miami plutôt que de s’esquinter à enregistrer, encore et encore, des nouveaux disques? A l’écoute de Lullaby… and the ceaseless roar, son dixième album solo, la réponse est évidente: non.

Après un concert (paraît-il) en tout point lumineux cet été à Montreux, l’ancien chanteur de Led Zeppelin en impose comme rarement. Entouré de son nouveau groupe – The Sensational Space Shifters – l’Anglais propose onze nouvelles perles hors du temps et atypiques. Dès les premières nappes hypnotiques du traditionnel Little Maggie, il pose sa voix de fauve sur des rythmes de savane. L’Afrique n’est pas loin, avec ses grands espaces, ses déserts, ses musiques répétitives et envoûtantes. L’Amérique non plus, source du blues et du bluegrass qui influencent depuis bientôt cinquante ans l’œuvre de Robert Plant.

Il caresse chaque note avec sa voix de satin et compose de purs chefs-d’œuvre, tel Embrace another fall, contrepoint de No quarter à trente ans d’écart.

Mais n’attendez pas de ce lion échevelé qu’il répète les formules usuelles. Au contraire, il mâtine ces inspirations issues des plus profondes traditions avec des couches d’électro contemporaines, à l’image de Pocketful of golden, ou lorsqu’il plaque ses vocalises éthérées sur Rainbow, sublime invitation à un voyage en apesanteur.

Considéré comme l’un des chanteurs les plus ensorcelants de l’histoire du rock, Robert Plant n’atteint plus les hautes aiguës. Au contraire, il caresse chaque note avec sa voix de satin et compose de purs chefs-d’œuvre, tel Embrace another fall, contrepoint de No quarter à trente ans d’écart, avec cette douleur mal contenue, cette beauté entièrement dévoilée. A 66 ans, Robert Plant semble embrasser la musique comme à ses 16 ans.

par Christophe Dutoit

Robert Plant
Lullaby… and the ceaseless roar

Warner

notre avis: 3/4

Posté le par admin dans Anglo-saxon, Musique Déposer votre commentaire

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