Fri-Son: Penser à l’avenir du club au-delà de la saison prochaine

Le club fribourgeois a présenté le début de saison de sa nouvelle programmatrice. Pour l’avenir, ses regards restent tournés vers Blue Factory.SWANS

par Eric Bulliard

Ils ne cachent pas leur fierté: à la sortie du livre marquant les trente ans de Fri-Son, Les Inrockuptibles l’ont qualifié de «légendaire club suisse». Une reconnaissance que ses responsables ont savourée. Mardi face à la presse, le secrétaire général de l’association, Gil Vassaux, a toutefois rappelé: «Nous avons fêté nos trente ans, nous sommes très contents, mais c’est du passé et nous nous tournons vers l’avenir.»

Pour le club fribourgeois, l’avenir, c’est d’abord la première saison de la programmatrice Anya della Croce, nommée en janvier. Gil Vassaux a qualifié son affiche d’«ambitieuse et audacieuse». Elle assume aussi son éclectisme, avec du reggae, de la chanson, du rock, du hip-hop, de la world music…

Même s’il est «de plus en plus difficile de proposer des concerts exclusifs», Anya della Croce a réussi à caler plusieurs dates uniques en Suisse. Comme Wovenhand le 27 septembre, Timber Timbre le 5 novembre, Miossec le 20 novembre, Joan as Police Woman le 21 novembre et Deltron 3030 le 22 novembre.

A noter encore, parmi les temps forts de ce début de saison, la venue de Sleepy Sun (18 septembre), Blonde Redhead (4 octobre), Swans (7 octobre), The Antlers (19 octobre) ou encore James Vincent McMorrow (20 octobre). Anya della Croce a souligné en outre le travail de «défricheurs d’artistes suisses», que poursuivent les organisateurs des soirées Château Rösti (la première a lieu le 12 septembre) et Oh my f*cking God! (le 10 octobre).

Le club de la rue de la Fonderie continue également à proposer des soirées cinéma, roller-disco, ainsi que, pour la première fois, une compétition de skate. «Fri-Son est aussi un lieu de rencontres et d’échanges», résume la nouvelle programmatrice.

Idée «applaudie par tous»
L’avenir, c’est aussi regarder au-delà de la saison prochaine. Comme l’a rappelé Lionel Walter, membre du comité, un projet immobilier, de l’autre côté de la rue de la Fonderie, risque de causer quelques soucis de voisinage. «Quand vous avez 1200 personnes qui viennent à un concert, il y a forcément des nuisances», indique Gil Vassaux. Si les appartements de la butte de Pérolles devaient se réaliser (la mise à l’enquête n’a pas eu lieu), des aménagements seraient nécessaires pour que Fri-Son reste dans ses locaux.

Pour nous, ça n’aurait pas de sens par exemple d’aller à Marly sur l’ancien site d’Ilford.

Une autre piste demeure ouverte: intégrer Blue Factory, sur le site de l’ancienne Brasserie Cardinal. «Le dossier a été déposé en 2012, a rappelé Lionel Walter. De leur côté, il y a un intérêt et il a toujours été dit que la culture aurait sa place là-bas.» Dans la dernière newsletter de Blue Factory, on lit que «l’idée d’accueillir un acteur comme Fri-Son fut applaudie et chaudement plébiscitée par tous» lors d’un meeting du conseil stratégique consultatif. Pour Fri-Son, ce déménagement signifierait un changement de taille: la nouvelle salle aurait une jauge de 2500 à 3000 places. Soit une situation enviable et rare en Suisse, à mi-chemin entre les clubs et les grandes salles de type Arena.

En attendant la décision de Blue Factory, un comité de soutien a été créé au printemps, qui a récolté environ 300 signatures. Un deuxième appel suivra cet automne sur la toile. L’idée est de rappeler non seulement l’importance de Fri-Son dans la vie culturelle fribourgeoise, mais surtout la nécessité de conserver sa place au centre-ville. «Pour nous, ça n’aurait pas de sens par exemple d’aller à Marly sur l’ancien site d’Ilford», souligne Gil Vassaux.

Fréquentation stable
En moyenne, Fri-Son propose 150 événements par année, qui attirent quelque 50000 spectateurs. Une fréquentation que le secrétaire général qualifie de «constante et bonne». Son budget annuel s’élève à environ 1,8 million de francs, autofinancé à 80%.

Sa saine situation financière n’empêche pas l’association de considérer comme vitales les aides extérieures de l’Agglo, de la Loro et de Coriolis Infrastructures, qui ne compte pour l’heure que cinq communes. Fri-Son souhaiterait qu’elle s’élargisse et soutient les démarches dans ce sens. Enfin, les responsables en ont profité au passage pour appeler à la mise en œuvre «sans délai» des recommandations issues des assises de la culture.

www.fri-son.ch 

 

Jo Mettraux en Bonnet C

En attendant l’ouverture officielle de la saison (le 6 septembre), Fri-Son accueille ce samedi le vernissage du nouvel album de Jo Mettraux. Après Talons aiguilles et bottes de foin (2009) et Sirènes allumées (2011), l’auteur-compositeur-interprète fribourgeois reprend les ingrédients qui ont séduit son public: de la légèreté, de l’humour et des thèmes éternels comme les potes, les femmes, l’amour paternel.

Pour la première fois, Jo Mettraux se contente du seul rôle d’interprète sur un titre, Choses perdues. Le Dicodeur Marc Boivin signe en effet le texte, qui rappelle le principe de ses Listes de listes. Quant à la musique, elle est composée par Wally Veronesi, qui, à coups de guitares, a également posé une couleur plus électrique sur tout l’album. Il a aussi participé aux arrangements, aux côtés de Jack Roubaty.

Si le ton du disque reste le plus souvent joyeux et bon enfant, avec des airs de chanson-variété, Jo Mettraux se montre parfois plus sérieux, quand il évoque les difficultés à retrouver ses rêves et son énergie d’adolescent (Toi mon ami), voire rageur et engagé quand il aborde un sujet aussi grave que la pédophilie (Sous les soutanes).

Dans les bacs depuis quelques jours, Bonnet C permettra à Jo Mettraux de partir en tournée, lui qui vient de la scène et n’est jamais aussi à l’aise que devant un public: après ce vernissage à Fri-Son, des dates sont déjà prévues en Valais, à Neuchâtel, au Chat-Noir de Carouge…

Fribourg, Fri-Son, samedi 30 août, 20 h.

www.jomettraux.ch

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