La chanteuse fribourgeoise Laure Perret sort un deuxième album, près de quatre ans après avoir quitté la scène. Interview.
par Thibaud Guisan
On l’avait presque oubliée. L’année 2010 était le moment de la révélation. Laure Perret sortait un premier album, Tired but happy, enchaînait les concerts, jouait à Paléo et gagnait de la reconnaissance en Suisse romande. Depuis? Quatre ans ont passé et la chanteuse d’Autigny, installée à Fribourg, s’est tue.
A 30 ans, elle est de retour sur scène. De jeudi à samedi, elle vernit son deuxième album, Somewhere out of sight, au Bilboquet de Fribourg. Un album de dix titres – trente-trois minutes – court, mais intense.
Toujours en anglais, les compositions folk-pop de l’artiste sont délicates, douces, intimistes. Une forme de musique de chambre: il faut de l’attention – presque de la concentration – pour se laisser imprégner de cette légèreté mélodique. Une marque de fabrique revendiquée. Somewhere out of sight n’est pas le genre d’album à écouter d’une oreille en voiture. «En concert, le public ne vient pas pour danser, mais pour écouter», dit-elle.
Laure Perret ne vit pas de la musique. Bientôt maman, elle travaille actuellement à 60% pour le Festival international de films de Fribourg, comme assistante administrative. Avant de retrouver la scène avec ses musiciens, l’artiste se confie à La Gruyère.
Laure Perret, votre dernier concert remonte à début 2011. Pourquoi vous êtes-vous tue depuis?
Pour le buzz, ce n’est pas le mieux de faire une pause pareille. Mais j’en avais besoin. J’étais très contente de l’engouement de 2010, mais je me suis refusée à produire juste parce qu’il fallait surfer sur la vague. C’est ma personnalité. Après la sortie de l’album, on a donné une trentaine de concerts. J’avais l’impression d’avoir fait le tour avec ces titres. Je me suis laissée le temps d’attendre que l’envie revienne, même si j’avais déjà pas mal d’idées. J’ai d’ailleurs continué à jouer et à composer pour moi.
En quoi ce nouvel album est-il différent du premier?
Je m’en sens plus proche. Peut-être parce qu’il s’est fait plus rapidement. Les chansons ont été conçues ces deux dernières années. Pour le premier album, il m’avait fallu quatre ans. Il y a davantage de ballades, très personnelles: l’ouverture de l’album Hello goodbye et les trois derniers morceaux, One of many reveries, When the birds are leaving et Feel free. Le son est plus étoffé. J’ai par exemple ajouté de la clarinette. Le morceau Take shelter est plus groovy, clairement pop: il donne la pêche. Le côté jazzy parfois présent dans le premier album a disparu. Il y a plus de douceur. Ce nouvel album est aussi plus sombre, plus mélancolique.
Parce que vous êtes quelqu’un de sombre?
Non, je suis tout le contraire de ça dans la vie. Mais c’est une atmosphère qui m’inspire. C’est peut-être une partie de moi qui s’exprime dans la musique. Dans l’album, je raconte pas mal d’histoires sombres. Ce ne sont pas tellement des choses qui m’arrivent, mais plutôt des trucs que je vois, que j’imagine.
Comment naissent vos chansons?
Ma façon de faire n’a pas changé. Je pars de l’instrument pour terminer par les paroles. Pour d’autres artistes, c’est l’inverse. Je joue au piano et à la guitare en cherchant des idées. Quand je suis contente, j’y fixe des mélodies et je «fais» de la voix. A la toute fin, je m’occupe des paroles.
Qui sont vos musiciens?
Paulo Wirz et Matthieu Chavaz continuent de m’accompagner: le premier à la batterie, le second au banjo, à la mandoline et à la guitare. Les deux jouent aussi du mélodica. Le groupe est complété par le bassiste fribourgeois Pascal Hirt, qui a aussi enregistré le CD, et la clarinettiste bernoise Joséphine Métraux. Elle chante aussi en deuxième voix.
Fribourg, Le Bilboquet, jeudi, vendredi et samedi, à 21 h 15 (en première partie, Nenuphar is what we are, à 20 h 30)
Laure Perret
Somewhere out of sight
Disques office
