Georges Plattner, le peintre en bâtiment devenu artiste peintre

Vingt ans après sa mort, Georges Plattner ressort un peu de l’oubli le temps d’une exposition à la galerie Osmoz, à Bulle.Georges Plattner©C.Lambert

par Christophe Dutoit

Observons avec minutie les tableaux de Georges Plattner (1920-1993), exposés jusqu’au 16 mars à la galerie Osmoz, à Bulle. Par exemple, L’usine Guigoz et la gare de Vuadens, une huile datée de 1966. Comme souvent chez lui, ses ciels remués s’envolent dans un tourbillon de couleurs. «Ses toiles étaient comme le reflet de ses tourments intérieurs», écrivait d’ailleurs Pierre Gremaud, en 2008 dans La Gruyère. Approchons-nous encore. Aussi étrange ce que cela puisse paraître au premier coup d’œil, la touche est posée très épaisse sur un fond noir, en succession d’à-plats juxtaposés qui laissent resurgir entre eux le contour du fond. Ainsi, sans dessiner la moindre ligne, Georges Plattner parvenait à tracer des formes – en premier lieu les arêtes des bâtiments – qui apparaissaient comme en négatif sous son pinceau.plattnerc

Regardons maintenant son Moléson daté de 1968. Le ciel est toujours aussi fiévreux et expressionniste et ses à-plats de jaunes et de verts se superposent en de subtiles transparences pour donner des nuances de dégradés. Et, toujours, le fond noir apparaît entre les couleurs, pour tracer le contour des formes de cette montagne comme étirée dans sa verticalité.

Ainsi, que l’artiste s’attaque à des sujet plus pittoresques (les montagnes des Préalpes, des sous-bois hantés, des chalets d’alpage) ou des thèmes plus contemporains (le très moderne Garage Spicher à Fribourg), son approche picturale est toujours identique. Un mélange entre réalité appréhendée de manière très expressive et largesses d’interprétation, surtout dans son approche fauviste de la couleur et de ses interactions.

Frère cordelier au couvent
D’origine bâloise, Georges Plattner est né à Lausanne en 1920. Après avoir peint des paysages lémaniques dans sa jeunesse, il s’installe en Gruyère dans les années cinquante, notamment à la ferme de Praz-Cornet, à Vuadens, à La Tour-de-Trême et à Bulle, dans le bâtiment du Mercure, à la place des Alpes.

Son premier «emploi» fut celui de… frère cordelier, au couvent de Fribourg. Plus attiré par la restauration d’art que par la bure, Frère Georges quitta les ordres et fonda une famille.

«Georges Plattner avait tous les métiers dans les mains: menuisier, ébéniste, staffeur… rapportait le journaliste et proche du peintre. Son premier “emploi” fut celui de… frère cordelier, au couvent de Fribourg.» Plus attiré par la restauration d’art que par la bure, Frère Georges quitta les ordres et fonda une famille. «Pour gagner sa pitance», il exerça alors le métier de peintre en bâtiment et vendait «ses tableaux à la petite semaine», lors de rares expositions. Il participa notamment à la première volée des Imagiers en 1972 et exposa à la galerie des Pas-Perdus, au sous-sol de son immeuble bullois…

Vingt ans après sa mort (il est décédé en novembre 1993 à Marly), Georges Plattner ressort un peu de l’oubli. La plupart de ses œuvres maîtresses («de superbes vues de la Trême ou sa série des galetas») ont trouvé preneur de son vivant. Une première exposition rétrospective avait levé le voile sur son œuvre en 2008, à la Brocante de la Gruyère, où une soixantaine de tableaux avaient été montrés.

Bulle, galerie Osmoz, jusqu’au 16 mars. Vernissage ce samedi, dès 17 h. Infos: www.galerieosmoz.ch

Georges Plattner©C.Lambert

 

 

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