Romano P. Riedo fête vingt ans d’instants

De retour en Gruyère – à Marsens, jusqu’au 2 mars – Romano P. Riedo revient sur vingt ans de liaisons aventureuses avec la photographie.mami

par Christophe Dutoit

Romano P. Riedo est un photographe gourmand, un artiste qui aime les bonnes choses de la vie et qui sait les apprécier. Un autodidacte touche-à-tout, assoiffé de découvertes et de nouvelles expériences. Surtout, un regard affûté sur le monde et ses infinis détails. «Je suis difficile à cerner, car j’ai tellement de facettes différentes. J’aime beaucoup la photographie de rue. Dommage que ce soit un style du siècle passé», avoue le Fribourgeois.

Parfois, Romano P. Riedo réfrène sa boulimie d’images. Ces derniers temps, il poursuit par exemple la numérisation de ses archives sur pellicule. «Il y a trois ans, ma mère m’a rendu des bobines que j’avais mises à la poubelle lorsque j’étais adolescent, mais qu’elle avait récupérées. J’ai développé les films et je suis tombé sur la photo de ce cheval qui figure dans l’exposition. Je m’en souviens très bien. J’avais 13 ans et je prenais des photos avec le vieux 6 x 9 cm d’un oncle qui vivait au Vatican. C’était à 500 mètres à peine de la maison.»

cheval

A l’époque, Romano P. Riedo n’aurait jamais pensé que cette image soit un jour exposée dans une galerie. «Le film s’est détérioré depuis quarante-cinq ans, la bande de protection a commencé à attaquer le négatif.» Intrigué par ces traces mystérieuses autant que par la lumière frêle qui effleure le canasson, le photographe en fait une nouvelle icône, non désirée, mais entièrement assumée. Et sublime dans son dégradé de gris sourd.

En Lys avec Mami
Plus loin dans les alcôves du Vide-poches, le photographe renoue avec vingt ans d’instants. A commencer par ses reportages En Lys avec Mami Castella, à l’été 1995. «J’ai adoré ce personnage, c’est un peu mon l’Est et l’Ouest à moi», dit-il en référence à Marcel Imsand. En effet, la comparaison est évidente, avec ses tirages pigmentaires très charbonneux et ses images emplies de nostalgie.

De ses photos d’alpages, Romano P. Riedo en a tiré un livre en 1996. «J’ai retrouvé plein d’images inédites dans mes archives, de celles que j’avais écartées à l’époque, mais qui valent la peine d’être montrées et que j’ai réunies dans mon nouveau recueil Hinterland. D’ailleurs, j’ai envie prochainement de revisiter ces alpages vingt ans plus tard, pour photographier les fils de ceux qui se trouvent sur les photos.»

De part et d’autre du couloir, il a réuni des animaux croqués au gré des rencontres, ici un chat arc-bouté, là un cochon qui rêve de s’échapper de son bouèton.

Comme pour son récent projet en couleur sur la Gruyère, exposé à Charmey en 2010, le photographe laisse transparaître son humeur pince-sans-rire. A l’image de ce bestiaire, de part et d’autre du couloir, où il a réuni des animaux croqués au gré des rencontres, ici un chat arc-bouté, là un cochon qui rêve de s’échapper de son bouèton.

Et, pour ne pas rester dans le vase clos du noir et blanc, il montre également une série de compositions en couleur, des «petits riens» très graphiques qui dévoilent à quel point Romano P. Riedo a l’œil aiguisé.

Marsens, Le Vide-poches, jusqu’au 2 mars. Vernissage ce vendredi, 18 h, avec l’accordéoniste Oskar Coursin, ouverture me-je-sa-di 13 h-17 h.

Romano P. Riedo, Hinterland, disponible à l’adresse www.fotopunkt.ch

 

 

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