Vendredi soir, Ebullition reçoit Desireless. L’égérie des années huitante se produira avec le projet électro dark Operation of the Sun. En seconde partie de soirée, les Genevois de BAK XIII verniront leur nouvel album.

par Christophe Dutoit

Pour qui était ado en 1986, ces paroles doivent rappeler de fiévreux souvenirs: «Au-dessus des vieux volcans / Glisse tes ailes sous le tapis du vent / Voyage, voyage / Eternellement.» Avec Voyage, voyage, Claudie Fritsch décrochait la lune pour son premier 45-tours sous le nom de Desireless. En quelques mois, ce tube synthétique se hissait aux sommets des charts un peu partout en Europe, en Amérique du Sud, au Japon.

La carrière de Desireless fait cependant long feu malgré une poignée d’albums plus personnels. Mais, depuis quelques mois, la chanteuse à la coiffure de balai-brosse (elle arbore aujourd’hui une toison grise ultracourte) se refait un nom par le biais du monde de l’électro gothique. C’est d’ailleurs en compagnie d’Antoine Aureche, alias Operation of the Sun, que Claudie Fritsch sera vendredi sur la scène d’Ebullition. Interview.

Expliquez-nous comment vous en êtes arrivée à travailler avec Operation of the Sun, ce groupe électro-dark plutôt underground?
Desireless: Antoine Aureche m’a contactée il y a un peu plus de deux ans. Il préparait un album et il m’a demandé de venir faire un featuring. Voilà. J’ai bien aimé son e-mail. Il est passé à la maison et on a enregistré deux ou trois petits bouts de voix sur un de ses titres. On a tout de suite eu un bon feeling. Quelque temps plus tard, on s’est dit qu’on allait continuer cette petite collaboration. Pour faire de la scène ensemble. Et voilà, de fil en aiguille, on a fait un EP et on est en train de préparer un album.

Sur scène, à quoi va ressembler votre show?
A quoi ça peut ressembler (soupirs dubitatifs)? En gros, à Operation of the sun et à Desireless… Gretas Gratos (n.d.l.r.: la reine trans des nuits genevoises) chantera également sur deux ou trois titres. Grâce à Antoine, je découvre le milieu gothique que je ne connaissais pas bien avant. Je suis ravie de rencontrer tous ces gens qui, derrière un masque qui peut faire peur, sont des anges…

Il paraît que vous jouez des titres comme Sweet dreams d’Eurythmics…
Oui, c’est la seule reprise que nous faisons.

Et bien sûr Voyage, voyage?
Ah! oui, évidemment, quand même. On ne peut pas faire autrement. On ne va pas être vilains.

Comment avez-vous vécu le succès international de cette chanson?
Plutôt bien (rires). C’était mes premiers pas dans le show-business. Avant, j’avais fait de la musique pendant six ans. Ce n’était pas toujours ma tasse de thé. Mais bon, j’ai assumé mon rôle de chanteuse de tube. J’ai eu de la difficulté au départ pour faire de la promo avec les médias. Après, je m’y suis faite. Maintenant, ça m’amuse. Et je suis très heureuse.

Est-ce vrai que cette chanson aurait dû être interprétée par Michel Delpech?
Non. En fait, John devait être interprétée par Michel. Mais c’est finalement moi qui j’ai chantée.

Après le concert à Bulle, est-ce juste que vous continuez votre périple en Russie?
Oui, on va très loin à l’est du pays. La Russie, j’y suis allée plein de fois, à Moscou, à Leningrad et à Saint-Pétersbourg (sic). Mais c’est la première fois que je vais aussi loin, tout près de la Sibérie.

Avec Voyage, voyage, vous avez connu un succès que peu de chanteurs français ont vécu…
Oui, la chanson est connue dans le monde entier. J’ai eu beaucoup de chance. C’est une belle chanson. Je peux le dire, car ce n’est pas moi qui l’ai écrite ni composée. Je suis peut-être arrivée au bon moment. Je ne sais pas…

On revient toujours à cette chanson alors que vous avez sorti d’autres albums. N’est-ce pas un peu frustrant?
Evidemment, pour les gens, Desireless se résume à Voyage, voyage. C’est mon petit vêtement à moi. C’est ma meilleure amie, ma petite clé magique qui ouvre tous les cœurs. Grâce à cette chanson, j’ai une porte ouverte sur tous les gens, un peu partout. Je suis très contente de chanter Voyage, je suis très heureuse de la repartager à chaque fois. Cela dit, je monte rarement sur scène pour n’interpréter que Voyage. J’en profite pour faire entrer les gens dans mon univers, au présent.

Parlez-nous de votre prochain album avec Operation of the Sun…
Il est très avancé. On a déjà tous les titres. Il reste encore à faire les mix. A Bulle, on va chanter quelques extraits du nouvel album.

Toujours avec ce côté électro sombre?
Electro, oui. Sombre, je ne sais pas. Chacun y voit sa couleur. Ce qui est assez rigolo, au départ, quand je jouais avec Antoine, je me demandais comment allaient réagir les gens qui ont aimé Voyage ou des titres plus variétés. En fait, ça passe très bien. Il n’y a pas de frontière dans la musique. Pas de case. Pas de prison. Les barreaux s’effacent vite.

Bulle, Ebullition, vendredi 22 novembre, dès 21 h. Infos: www.ebull.ch

Vernissage de BAK XIII

Vendredi, Ebullition aura des allures de cathédrale gothique avec le vernissage du nouvel album des Genevois de BAK XIII. Fondé en 2001 par DDDmix et Baron Von Smock, le groupe pratique un mélange de musiques industrielles et new-wave très inspirées des années 1980 et des sonorités électro-rock-metal assez brutes. Sur scène, le groupe agrémente ses prestations de visuels très travaillés, qui lui confèrent une esthétique très personnelle.

Après avoir sorti un best of en 2009 au Japon (eh! oui), BAK XIII sort cette fin de semaine son septième album, In omnia paratus, précédé du single Ace of spades, une reprise monstrueuse du «tube» de Motörhead. Rien que pour ça, il leur sera beaucoup pardonné, à ces ténébreux Genevois.

BAK XIII
In omnia paratus
Urgence Disk/Tenacity Music