L’Etudiante et Monsieur Henri, le charme suranné d’Au théâtre ce soir

monsieurhenriaEn accueillant L’étudiante et Monsieur Henri, le public de la salle CO2 a renoué, samedi soir, avec ce genre de pièces qui ont fait le succès d’Au théâtre ce soir. Vous vous souvenez sans doute (à considérer la moyenne d’âge dans la salle, je pense que oui) de ces vaudevilles délicieusement surannés, avec ces monstres sacrés en tête d’affiche, ces répliques qui claquent, cette mise en scène millimétrée et ce public acquis d’emblée à un humour volontiers cocasse, potache, voire subtilement misogyne.

Après avoir triomphé au Petit Théâtre de Paris l’automne dernier, la pièce d’Ivan Calbérac tourne en province, comme on dit dans le show-biz. Dès l’ouverture du rideau (applaudissements), Roger Dumas (re-applaudissements) apparaît plus Gabin que nature, dans un rôle de grognon virtuose qui «aime la franchise et la solitude». Face à ce vieux bougon, la charmante Claudia Dimier prend les traits de Constance, une étudiante désargentée qui loue une chambre dans son appartement. Bien décidé à se débarrasser de sa nunuche de bru (la «magnifique» Lysiane Meis), Monsieur Henri charge bientôt la jeune demoiselle de séduire son fils Paul (le drôlissime Sébastien Castro). Sans doute le moment le plus hilarant de cette comédie, si drôle que Constance a eu toutes les peines du monde à dissimuler un adorable fou-rire, ce qui n’a fait que renforcer son charme juvénile.

Roger Dumas, oui, il était très bien. Parfois un peu essoufflé, mais très crédible dans son rôle de râleur.

Evidemment, ce type de théâtre ne fonctionne que si la mécanique est parfaitement huilée et que les acteurs sont à la hauteur, ce qui est le cas notamment de Claudia Dimier qui – il convient de le souligner – vient à peine de sortir du Cours Florent (comme quoi, on peut réussir malgré lui).

Migros et gruyère
Bien qu’écrite très récemment, la pièce d’Ivan Calbérac se réclame de la grande tradition de la comédie française, que l’on verrait volontiers adaptée au cinéma. D’ailleurs, elle ose aussi bien la pique homophobe – «Ah! vous aimez les filles. Vous n’êtes pourtant pas si moche» – que la vanne sur les fonctionnaires. Mieux, elle remet en scène Knulp d’Hermann Hesse (pas facile à placer dans les conversations) et se permet de glisser Migros et gruyère dans des répliques.

Quant à Roger Dumas, oui, il était très bien. Parfois un peu essoufflé, mais très crédible dans son rôle de râleur. D’ailleurs, lorsque les quatre acteurs ont salué à la fin de la pièce, un spectateur s’est levé. Il aurait tellement espéré susciter cette standing ovation que le public aime offrir à ces monstres sacrés. Mais finalement non. Il a manifestement manqué un petit quelque chose samedi soir et le monsieur a fini par se rasseoir, tout penaud. Le rideau rouge s’est alors refermé. Au rang de derrière, une dame a soufflé à sa voisine: «On a bien fait de venir. C’est quand même mieux que la télévision.»

Bien d’accord. Il manquait juste la phrase mythique d’Au théâtre ce soir: «Les décors sont de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell…»

par Christophe Dutoit

 

(lettre de lecteur – enfin de lectrice – reçue quelques jours plus tard…)

penaud

 

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