Des images pour évoquer le vide après Cardinal BCU. Deux ans après le départ de Cardinal, le photographe Christophe Maradan expose, à la BCU de Fribourg, ses images ténébreuses de la brasserie désertée.

par Christophe Dutoit

Sur l’affiche, une vieille chaise esseulée devant un mur un peu sale. Puis, dans la salle d’exposition de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg (BCU), vingt-six tirages grand format, dans un noir et blanc à la beauté apocalyptique. On y voit l’intérieur de la brasserie Cardinal désertée de ses ouvriers, des halles industrielles laissées en friche, des fantômes errant dans les couloirs. Devant ces photographies de Christophe Maradan, un paradoxe: autant l’émotion est vive à l’évocation de la triste fin de ce fleuron de l’industrie fribourgeoise, autant l’œil est flatté par l’esthétique raffinée de ses textures métalliques, de ses lumières.

«J’ai commencé de prendre des photos à Cardinal un peu avant que la brasserie ne ferme, au printemps 2011», se souvient le Fribourgeois de 39 ans. D’abord muni d’un guide, puis laissé seul dans l’usine, le photographe immortalise ses ressentis sur la pellicule. «Ce n’est ni du reportage ni un inventaire.»

Dans sa chambre noire, cet artisan à l’ancienne tire ses images sur des papiers barytés, avec le souci de l’alchimiste et le mystère du magicien. Son travail, il l’a conçu d’abord comme un hommage aux ouvriers, bien que très peu apparaissent sur ses images. En effet, les tirages dialoguent avec des citations récoltées auprès des employés avant la fermeture, des textes mis en scène l’an dernier dans le spectacle Je suis à Cardinal, d’Isabelle-Loyse Gremaud.

«Mes images sont sombres, car cette histoire n’est pas gaie. Sur certaines, tout a été laissé en plan. Comme si les ouvriers étaient partis boire un café.» Mais ils ne sont jamais revenus.

Fribourg, BCU, jusqu’au 28 février. Infos: www.fr.ch/bcuf