«Tyago a le sang qui chauffe», il vernit son disque à Ebullition

Sur la route depuis 2011, Tyago ouvre vendredi la nouvelle saison d’Ebullition et en profite pour fêter la sortie de Palarbres, son premier disque.tyago

par Christophe Dutoit

Dans la grande histoire de la musique en Gruyère (qu’il faudra bien écrire un jour), on se souvient que Matthieu Huwiler fut l’un des premiers chanteurs locaux à fouler la grande scène des Francomanias. C’était avec Regard du Nord, un soir de 2004, en première partie de –M–.

En pause prolongée depuis quelques années, le chanteur guitariste avait des fourmis dans la voix. «Le groupe avait moins de temps, moins de motivation. On n’était des jeunes ados prépubères! Peut-être qu’on refera un truc ensemble, un jour.» Entre-temps, Matthieu Huwiler a des envies de renouveau. Avec la violoniste Sabrina Morand (souvent invitée par Regard du Nord), il forme le Duo Vapatrovitch pour jouer du manouche dans la rue ou pour animer des mariages. Puis, de fil en aiguille, le percussionniste Guy Fragnière apporte son «bric-à-brac», Ivan De Luca sa basse et Salvatore Lombardo son kit de batterie. Tyago (la chanson) naît un soir à Ebullition, pour être précis trois heures avant un concert en faveur de la Croix-Rouge. «Je voulais affirmer le nom du groupe, alors j’ai composé cette chanson avec ce personnage fantastique, raconte le Gruérien. J’ai embêté les musiciens durant tout le sound-check pour qu’on la crée ici, car c’est un peu notre salle.»

Vendredi soir, Tyago (le groupe) vernira donc son premier disque dans son antre bullois. Et le public ne s’y trompera pas. Il hurlera lorsque Matthieu chantera «Quand Tyago a le sang qui chauffe / On dit qu’il est à Ebullition» et se dira que la vie est décidément vachement belle.

«Je préfère dire que je suis un chansonnier. Pas un musicien.»

«Je suis un chansonnier»
Mais revenons quelques mois en arrière. Entre deux cours de guitares (tous les membres du groupe sont semi-professionnels), Matthieu Huwiler peaufine ses textes, «slammé en rythme sur deux accords». Il explique: «Je préfère dire que je suis un chansonnier. Pas un musicien.» Ses esquisses de chansons, il les livre au groupe, qui se charge des arrangements et des textures musicales.

Très vite, Tyago joue ses compositions sur scène et fédère un public de fidèles. Tout naturellement, le groupe se retrouve aux Studio Eko, à Marly. «J’ai repris goût au studio, car nous avons enregistré plusieurs titres en direct. De cette manière, le groupe s’est retrouvé très impliqué. Ce n’est pas comme si l’on joue pour des jolies filles au premier rang.»

«J’ai aussi appris que savoir jouer du Bob Marley peut parfois nous sauver de situations périlleuses.»

Metallica à Cuzco
Douze titres se retrouvent ainsi sur Palarbres, qui aurait pu sortir à la fin de l’année passée. Sauf que le chanteur a profité de ce printemps pour voyager en Amérique du Sud durant six mois. «J’ai pris ma guitare, car la musique est un bon moyen de faire des rencontres et, parfois, de manger à l’œil.» Pour lui, le voyage est aussi une source d’inspiration, notamment pour ses textes, qui forment toujours la charpente de ses chansons. «Et j’ai aussi appris que savoir jouer du Bob Marley peut parfois nous sauver de situations périlleuses», sourit-il au souvenir de cette rencontre dans un quartier chaud de Buenos Aires. «A Cuzco, on a joué du Metallica sur la grande place. C’était interdit et un policier n’a pas tardé à arriver. Il nous a dit que c’était très joli, qu’on pouvait encore continuer un peu et qu’il fallait partir.»

De retour en ses terres, Tyago est désormais fin prêt pour conquérir le monde. A commencer demain soir à Ebullition, avec une pléiade d’invités et quelques surprises.

 

De textes et de textures

Rodées sur scène depuis deux ans, les chansons de Tyago passent haut la main la gravure sur disque. A commencer par l’ambiance manouche de Tyago, amorce d’un dialogue guitare/violon qui transpire au fil des douze compositions. Dialogue qui hausse parfois le ton comme sur Une navette pour Jupiter, dans un soubresaut qu’on n’a plus connu depuis le premier Louise Attaque. Trentenaire aguerri, Matthieu Huwiler s’érige en auteur de textes profonds et percutants («Sur les pancartes publicitaires, il y a des Venus en petites culottes / Des créatures épilées au laser, modifiées sur Photoshop») et manie avec subtilité la poésie des gros mots («J’aime pas payer pour pisser / J’préfère chier dans la nature»).

Avec des titres parfois coups de poing (Embrassons-nous sous les cyprès) ou des comptines faussement naïves (J’suis périmé), Tyago expérimente des textures sonores très éclectiques, non sans humour (La sensibilité aiguë) ni ambition (L’arc-en-ciel). Bref, Palarbres est un album hautement recommandable et pas seulement aux Gruériens.

 Tyago, Palarbres.
Le groupe est invité 
toute la semaine sur Option Musique

 

Résidence subventionnée

Dans la perspective de son concert de vendredi à Ebullition, Tyago répète depuis mercredi dans la salle bulloise. En effet, le groupe bénéficie pour cette résidence d’une subvention du Service de la culture, qui applique ainsi ses nouvelles directives en faveur des musiques actuelles.

Depuis cette année, le canton a changé les règles du jeu. Il ne soutient plus les musiciens selon le principe du saupoudrage, mais il octroie une bourse de 30000 francs à l’un d’eux, sur la base d’un concours. La chanteuse Pony del Sol a été ce printemps la première lauréate de cette aide. En outre, le Service de la culture soutient les résidences de création, à raison de quinze dates par année, dans l’une des cinq salles rock du canton, à savoir Fri-Son, La Spirale, le Nouveau Monde (toutes trois à Fribourg), le Bad Bonn, à Guin, et Ebullition, à Bulle. Après Cortez, Kassette, Jim the Barber et Nénuphar is what we are, les Gruériens de Tyago bénéficient de cette subvention pour préparer leur vernissage à Ebullition. «Cela nous permet de défrayer les musiciens et de payer correctement les techniciens», se réjouit Matthieu Huwiler, le chanteur.

Bulle, Ebullition, vendredi 20 septembre, dès 21 h. Avec Soda & Jam en première partie

  

 

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