Des paysages avec la liberté de la touche et de la texture

Julien Victor Scheuchzer expose ses toiles à Osmoz, sa galerie bulloise. A mi-chemin entre abstrait et figuratif.
julienvictor

par Eric Bulliard

Il y a là le château de Gruyères, l’île d’Ogoz, le Lavaux, le lac Noir. Ce sont eux, mais pas seulement, pas tout à fait. Ces trente paysages qu’il expose dans sa galerie Osmoz, à Bulle, Julien Victor Scheuchzer ne les a pas voulus comme des «posters». Suffisamment fidèles pour qu’on les reconnaisse, assez stylisés pour qu’on y décèle la patte, la personnalité du peintre.

Au fil des années et des expositions, l’art de Julien Victor Scheuchzer évolue: «Au départ, je restais influencé par mes études d’illustrateur, avec toujours une touche surréaliste, fantasmagorique. Je m’en suis détaché et aujourd’hui mon travail est beaucoup plus fondé sur la touche, sur la texture de la matière.»

C’est ainsi presque naturellement qu’il s’approche du non-figuratif. A coups de brosses ou de spatules, les couleurs vibrent, des carrés vifs animent la colline gris-bleu de Gruyères. «Ma démarche est presque celle d’un peintre abstrait: la façon de faire est plus importante que le thème. Mais l’abstraction pure ne me parle pas trop. J’ai besoin du sujet comme support.»

Des Gastlosen à Fribourg
Pas de monotonie toutefois: la peinture de paysage permet d’infinies variations. Surtout dans une région comme celle-ci, entre les lacs et leurs reflets, les Gastlosen à l’extraordinaire puissance graphique, la ville de Fribourg, où Julien Victor Scheuchzer a passé ses premières années.

«J’ai été marqué par cette ville, les falaises, la molasse, la cathédrale. Entre Fribourg et la Gruyère, nous avons la chance d’avoir deux décors très typés.» Pour la première fois, il a peint aussi Bulle. Sous un ciel sombre, presque menaçant, des rectangles de couleur évoquent les stands de ce jour de marché.

Matière et couleurs
Julien Victor Scheuchzer n’a pas abandonné l’acrylique, mais la majorité des œuvres de cette exposition sont réalisées à l’huile, qu’il considère comme «un peu plus vivante». Il travaille d’après photo, sans croquis préalable. «Je ne suis pas un grand amateur de dessin. J’ai beaucoup plus de plaisir à utiliser les couleurs.» Ce qui n’empêche pas la précision de certains traits: quand on peint le Moléson ou le château de Gruyères, mieux vaut avoir la main sûre… «Deux ou trois éléments doivent être justes, pour poser le sujet.»

La liberté artistique fait le reste. Elle permet un magnifique ciel fauve au-dessus du lac Noir, un subtil trait de neige pour séparer le bleu du ciel de celui des montagnes, au-dessus du Léman. Sa finesse contraste avec d’autres œuvres où le travail se concentre sur la matière, les à-plats. Et lui permet parfois, comme dans ce lumineux paysage de Seedorf, de toucher la pure abstraction, malgré tout.

Bulle, galerie Osmoz, jusqu’au 6 octobre. Jeudi, samedi et dimanche, 14 h-18 h. www.galerieosmoz.ch

 

 

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