Transatlantic, à travers l’océan et les générations

Mise en page 1Les saisons de la nuit (1998) avaient révélé un auteur surprenant d’habileté, émouvant mais jamais larmoyant. Puis, Colum McCann a confirmé son talent, jusqu’à l’excellent Et que la vaste monde poursuive sa course folle (2009). Avec Transatlantic, cet Irlandais installé à New York reprend les principes qui ont fait son succès: une construction virtuose, des histoires sans lien qui se rejoignent, des personnages d’une extraordinaire humanité.

Transatlantic relie les deux pays de l’écrivain. Tout débute en 1919 avec la première traversée sans escale de l’Atlantique en avion. Non pas celle de Lindbergh (c’était le premier vol New York – Paris en solitaire), mais celle de John Alcock et Arthur Brown, huit ans auparavant. Suit l’évocation de Frederick Douglass, ex-esclave venu en Irlande en 1845 plaider la fin de l’esclavage. Un regard et Lily change de vie: cette jeune domestique décide de quitter son pays pour rejoindre l’Amérique.

Au début, on se demande où nous emmène le roman, qui suit le destin de quatre générations de femmes, à travers notamment la guerre de Sécession et celle d’Irlande. Peu à peu naissent des échos: «Nos vies sont des tunnels qui parfois se connectent, laissant entrer le jour à des moments inattendus, puis elles nous replongent dans le noir.» Certes, Colum McCann se laisse parfois entraîner à quelques lourdeurs («l’aube habillait le matin de touches croissantes de gris»). Mais il trouve souvent l’image qui fait mouche, comme dans cette description de l’accent anglais: «Elles vous servent leurs voyelles avec une pince à sucre».

Colum McCann, Transatlantic, Belfond, 384 pages

notre avis: ♥♥♥

 

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