Les évaporés, dans le Japon d’après-Fukushima

évaporésIl s’appelle Richard B., détective privé et poète californien. Il faut évidemment y voir Richard Brautigan. Sauf qu’il vit de nos jours: avec ce personnage central, Les évaporés se placent d’emblée dans le registre de l’irréel, de l’imaginaire. Du roman, en somme. Ce Richard B. a beau détester voyager, il accepte de se rendre au Japon. Yukiko, son ex-amie dont il reste épris, l’a appelé à l’aide: son père a disparu. «Parti, envolé, plus de nouvelles.» Au Japon, on appelle johatsu (évaporés), ces personnes sans histoire qui quittent leur famille en ne leur laissant que la honte. Richard accepte d’enquêter, dans un pays traumatisé par le tsunami de 2011.

Après une remarquable trilogie autobiographique, le Français Thomas B. Reverdy évoquait le New York d’après le 11 septembre dans L’envers du monde. Cet envoûtant cinquième roman a pris forme lors d’un séjour de sept mois au Japon, en 2012. Le projet de départ (parler des johatsu) a pris une autre tournure sur place, quand il a été confronté à la réalité post-Fukushima.

A la fois enquête policière, roman d’amour et de voyage, Les évaporés forment aussi une subtile quête existentielle. On reste surtout subjugué par la finesse d’écriture de Thomas B. Reverdy, la précision de son regard, alliée à une atmosphère éthérée, mystérieuse. C’est aussi une pertinente évocation du Japon, ce pays où l’Occidental se retrouve analphabète. «Tout à coup les livres dans les librairies deviennent des objets absolument mystérieux et sans usage: de petits volumes rectangulaires de papier reliés et couverts de pattes de mouches, à quoi cela peut-il bien servir?»

Thomas B. Reverdy, Les évaporés, Flammarion, 304 pages

Notre avis: ♥♥♥

 

 

 

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