Faber, roman des désillusions, de l’amitié perdue

Avec Faber, le destructeur, Tristan Garcia signe un roman troublant. Qui forme aussi le portrait d’un personnage fascinant et d’une époque désenchantée.

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Par Eric Bulliard

Il a fait une entrée fracassante en littérature avec La meilleure part des hommes, prix de Flore 2008. Tristan Garcia (né en 1981) signe, avec Faber, le destructeur, un roman percutant, désenchanté, tourmenté. A la fois extrêmement troublant, parfaitement charpenté et d’une lecture aisée. Au cœur du roman, Faber, jeune homme charismatique, d’une intelligence suprême. A l’école, Madeleine, Basile et lui formaient un trio inséparable. Des années plus tard, Maddy va rechercher Faber, devenu marginal et pitoyable, au fin fond de nulle part.fabercouv

Elle le ramène dans leur ville (imaginaire) de Mornay. Ange déchu, révolutionnaire déçu, Faber n’a plus rien du flamboyant adolescent qui stupéfiait tous ceux qu’il croisait. Comment en est-il arrivé là? Quand a-t-il perdu le fil? Et pourquoi aller le rechercher?

Roman des désillusions, de l’amitié perdue, des talents gâchés, Faber, le destructeur dissèque au scalpel une époque, celle des «enfants de la classe moyenne d’un pays moyen d’Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée». Extrêmement habile, avec ses changements de narrateur et ses mises en abyme, le roman présente surtout un magistral portrait de cet étrange Faber. Personnage fascinant, démoniaque, il incarne toutes les possibilités de l’enfance et de l’adolescence. Qui finissent par se heurter aux réalités d’une époque où l’on rêve de changer le monde et où l’on se contente avec bonheur d’une place de pharmacienne ou de coiffeuse dans sa bourgade de province.

Tristan Garcia, Faber, le destructeur, Gallimard, 480 pages

notre avis: ♥♥♥♥

 

 

 

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