Selon mon sonotone (8): ça compte, les Francos

Il y a Bourges et La Rochelle ou encore Spa… Les lieux qui font la part belle à la chanson d’expression française et qui se distinguent par une programmation qui doit autant aux coups de cœur qu’aux impératifs commerciaux sont plutôt rares et d’autant plus précieux. En passant au rythme annuel, les Francomanias s’inscrivent plus encore dans ce calendrier, parmi les dates entourées en rouge bonheur.

Comme Angoulême rime avec bande dessinée, comme Avoriaz se marie aux films fantastiques, Bulle résonne fort et loin pour son amour de la chanson. Il est étonnant de voir combien les cités de petite taille se grandissent à accueillir et à cultiver un événement fort sur leur sol. Le label «ville artistique» est un plus indéniable sur une carte de visite.sonotone

Reste, peut-être, qu’à la différence de ses cousines françaises, on peine à ressentir «l’heure franco» au cœur de la cité. Si l’affluence n’est pas mauvaise, on pourrait rêver à un peu plus de fièvre, plus d’envie de voir les artistes, plus d’affiches, de conversations… Disons, tout simplement, qu’on attend en vain le légitime enthousiasme qu’un tel festival devrait provoquer.

Invoquer encore le changement de salle serait un peu facile: Espace Gruyère, franchement, même pour un marcheur particulièrement lent, ce n’est pas le bout du monde.

Est-ce une certaine modestie, l’impression que ces stars passent ici un peu par hasard et que la ville n’y est pour rien, qui explique ce manque d’identification? Je ne sais, mais Bulle aurait tout à gagner à se montrer chaleureuse, plutôt que de se complaire dans le rôle de belle indifférente.

Mais peut-être qu’une cité fière de son identité locale, qui bombe le torse sitôt qu’il s’agit de faire connaître les beautés de sa région, considère plutôt les Francos comme «des musiques qu’on accueille», plutôt que comme une manifestation typiquement bulloise. Est-ce une certaine modestie, l’impression que ces stars passent ici un peu par hasard et que la ville n’y est pour rien, qui explique ce manque d’identification? Je ne sais, mais Bulle aurait tout à gagner à se montrer chaleureuse, plutôt que de se complaire dans le rôle de belle indifférente.

Bashung, Thiéfaine et Desjardins ne sont pas nés ici, mais voir passer dans un même endroit, hors des circuits et des mégapoles obligées, les voix les plus respectées de leur époque, des artistes dont on citera les textes dans des décennies, c’est tout sauf anodin. Car, c’est le plus beau, les stars reviennent, s’imprègnent des lieux, en font un passage obligé de leurs tournées. Bien des manifestations regardent vers ce coin de pays avec un brin de jalousie! Il ne serait pas tout à fait idiot de s’en rendre compte et de faire fructifier un pareil élan.
Les Francomanias, c’est un bon moyen d’apprendre à voir loin. Une aubaine à ne surtout pas bouder pour une ville qui grandit plus vite qu’elle ne le croit.

Bon, c’est dit, l’année prochaine, vous venez!

par Michaël Perruchoud

 

 

Posté le par Eric dans Francomanias Déposer votre commentaire

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