Kassette, fièvre bruitiste et mélopées dépouillées

La Fribourgeoise Kassette vernit samedi son troisième album au Bad Bonn de Guin. Avec un repérage Couleur 3 à la clé.

kassettenbpar Christophe Dutoit

«Lors de l’enregistrement du disque précédent, on se disait: “Oh! ce titre-là, je pense qu’il pourrait bien passer à la radio!” Mais, cela ne s’est jamais produit!» Du coup, quelle n’a pas été la surprise pour Laure Betris, alias Kassette, lorsqu’elle a appris que son nouveau titre, Big sur, était choisi comme repérage Couleur 3… Avec sa rythmique tribale, ses riffs lourds, sa voix aérienne et son efficacité immédiate, la chanson fait mouche dès la première écoute. «En studio, on était cette fois convaincus qu’aucun morceau ne passerait en radio… Comme quoi, on n’est jamais sûrs de rien!»

Cette reconnaissance de la radio nationale tombe à point nommé pour la Fribourgeoise Laure Betris, à l’occasion de la sortie de Far, son troisième album, verni samedi au Bad Bonn de Guin. Un disque intense et furieux, né de la collaboration avec Christian Garcia, le leader de Velma. Rencontrée la semaine passe dans son antre, l’incroyable tea-room du Rex, à Fribourg, elle raconte: «On a passé du temps ensemble à Berlin, il y a quelques années. On s’échangeait des disques. Il était assez critique avec mes deux premiers albums, car il trouvait que je n’étais pas allée assez loin et qu’il y avait trop de chœurs (rires). Du coup, comme il avait des envies de production, je l’ai choisi.»

Sur les cinquante esquisses de chansons qu’elle tient dans sa besace, Laure Betris en a présenté la moitié à ses musiciens, le batteur Nicolas Pittet et les polyinstrumentistes Sacha Love et Michel Blanc. «On a fait le choix ensemble, car j’aime que les gens qui m’accompagnent apprécient mes chansons.»

On a pas mal cherché notre identité sonore, parfois très nue, parfois très noisy.

«Notre identité sonore»
L’été dernier, la bande se retrouve ainsi au studio de La Fonderie, à Fribourg, pour enregistrer dans des conditions très proches du live. «On a pas mal cherché notre identité sonore, parfois très nue, parfois très noisy, explique la chanteuse. Christian Garcia m’a poussée à trouver l’émotion juste. Il était derrière moi lorsque j’enregistrais les voix. Il m’a convaincu de ne pas trop en faire.»

Soudés dans un état d’esprit de dépouillement vers l’essentiel, les musiciens travaillent comme des forcenés, dans une chaleur suffocante à en perdre la raison. Des moments où survient tout à coup «la prise magique, pas forcément parfaite, mais où surgit cet élément mystérieux et incontrôlable qui fait que la chanson est bonne».

En chaldéen
Plus massif que ses prédécesseurs, Far est pour Kassette le disque de l’entrée dans la cour des grandes. Avec ses blues sauvages (Dead end), ses envolées fiévreuses (Dreaming again) et, à l’inverse, ses lentes mélopées minimales telles By the sea ou Imori (tell me), l’une des deux chansons en dialecte chaldéen. «Mon père a fui l’Irak avant ma naissance. Je comprends sa langue maternelle et j’ai même pris des cours. J’ai écrit cette berceuse avec les mots que je connaissais et mon père m’a aidée pour Visit me, car il est l’un des seuls membres de la famille à écrire cette langue liturgique catholique. Cette chanson parle du dynamisme des gens déracinés…»

Laure Betris avoue avoir eu plus de facilité à écrire en chaldéen qu’en français. Dans la foulée, elle s’excuse presque de ne pas écouter beaucoup de rock, mais surtout du hip-hop et de la musique orientale. «Is it the right direction? (est-ce la bonne direction)», se demande-t-elle dans la chanson We go, au moment où son disque sort au format vinyle, car «l’objet est tellement beau et le son tellement plus dynamique». Dès que Far tourne pour la première fois sur la platine, la réponse est évidente.

Guin, Bad Bonn, samedi 27 avril, 21 h 30. Avec Nénuphar Is What We Are en première partie.

Kassette
Far
Vitesse Records
www.kassettemusic.com

notre avis: ♥♥♥♥

 

 

 

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