Dave Grohl et ses potes font honneur à Sound City

soundcityAncien batteur de Nirvana, Dave Grohl consacre un magnifique documentaire au studio Sound City. Pour l’occasion, il a invité quelques amis pour recréer l’ambiance magique des lieux.

par Christophe Dutoit

Quel est le point commun entre ces disques majeurs de l’histoire de la musique: After the gold rush (Neil Young), Fleetwood Mac (titre éponyme), Southern accent (Tom Petty and the Heartbreakers), Nevermind (Nirvana), Rage against the machine (titre éponyme) ou Lullabies to paralyze (Queens of the stone age)? Réponse: les studios Sound City, un lieu mythique dans la banlieue de Los Angeles, aux abords d’une usine Budweiser, dont on craint les vapeurs éthyliques loin à la ronde.

Depuis 1969, cet endroit mal famé a vu naître la crème du rock’n’roll, comme le raconte Dave Grohl dans un intéressant documentaire intitulé Sound City – Real to reel. Avec beaucoup de tact, l’ancien batteur de Nirvana et actuel leader des Foo Fighters ne se contente pas d’exhumer des archives parfois dantesques (l’enregistrement «bourré de pains, mais très authentique» de Nevermind), mais il s’est fait un plaisir fou à rencontrer une bonne partie des acteurs qui ont fait de Sound City un mythe à part entière.

Dans la première partie du film, Dave Grohl s’attache à retracer les débuts du studio, au tournant des années septante, lorsque Neil Young s’y installe pour peaufiner After the gold rush, car il n’osait pas aller en ville sans un permis de conduire valable…

Surtout, le studio gagne ses premiers titres de noblesse avec Fleetwood Mac, qui y trouve l’écrin idéal à sa musique. En 1975, le groupe revient sur la terre des premiers enregistrements de Buckingham Nicks, le duo intégré alors à Fleetwood Mac qui cartonne aux Etats-Unis (hasard du calendrier, le groupe entame ces jours une tournée mondiale, avant la sortie d’un nouveau disque).

La fameuse console Neve
Lindsey Buckingham fut le premier musicien à enregistrer sur la fameuse console Neve, «un tank» selon Neil Young. Une des quatre seules tables de mixage du genre, un centre de contrôle digne d’une station spatiale, qui enregistre la musique sur des bandes analogiques, comme l’explique Rupert Neve, son géniteur fou, dans la scène la plus hilarante du film.

D’anecdotes croustillantes («personne ici ne nous engueulait si on allait pisser au coin du bâtiment») en moments clés de l’histoire de la musique (les 150 prises de Refugee, le tube de Tom Petty and the Heartbreakers), le documentaire déroule ses images d’époque et des interviews récentes, dans une apologie destinée avant tout aux nostalgiques.

Par chance, Dave Grohl ne s’est pas contenté de réaliser cet important travail de mémoire. En 2011, lorsque Sound City ferme définitivement ses portes, il rachète une bonne partie du matériel vintage (dont la console Neve, évidemment), qu’il installe dans son propre studio. Et comme l’homme n’est pas avare de musique, il convie ses potes à taper le bœuf.

Lorsque lesdits amis se nomment Paul McCartney, Stevie Nicks, Rick Springfield, Josh Homme ou Trent Reznor, la fine équipe ne se contente pas de reprendre des vieux standards.

Bien sûr, lorsque lesdits amis se nomment Paul McCartney, Stevie Nicks, Rick Springfield, Josh Homme (leader des Queens of the stone age) ou Trent Reznor (tête pensante de Nine Inch Nails), la fine équipe ne se contente pas de reprendre des vieux standards. Au contraire, les gars ont «simplement» enregistré onze chansons inédites, comme sorties de la cuisse de Jupiter.

En tête de liste sur la bande originale publiée en parallèle au DVD, Dave Grohl rejoint les Black Rebel Motorcycle Club pour Heaven and all, héritier de vingt-cinq ans de rock californien. Comme si de rien n’était, les perles s’enchaînent, avec notamment You can’t fix this, chanté par Stevie Nicks affûtée comme jamais.

Sans artifices ni poudre aux yeux, les musiciens mettent en commun leurs idées, leurs visions, en oubliant leur ego. Selon le casting, les titres penchent tour à tour vers le punk (Your wife is calling), avec le rigolo Lee Ving, adorable petit vieux radoteur qui fut jadis le chanteur de Fear, ou la ballade enivrante (Centipede), avec un Josh Homme hanté comme rarement.

McCartney, quelle jeunesse
Mais, tout cela ne serait que futilité si Paul McCartney (70 ans s’il vous plaît!) n’était parvenu à mettre son grain de sable dans la mécanique. Accompagné des trois rescapés de Nirvana, il balance Cut me some slack, un titre coup de poing qui fait écho, quarante-cinq ans plus tard, à l’indémodable Helter skelter. A l’aise comme une allumette un 1er Août, il met le feu au studio, face à une assistance hébétée devant tant de jeunesse d’esprit. Sans doute la scène la plus émouvante du film.

Comme si cela ne suffisait pas, Dave Grohl, Josh Homme et Trent Reznor (peut-on rêver mieux?) parachèvent le travail avec le titre le plus intéressant du disque, Mantra, lente mélopée sonique, que l’on ne rêverait que d’écouter en boucle.

Sound City, Real to reeldocumentaire de Dave Grohl, avec Tom Petty, Paul McCartney, Stevie Nicks, Rick Springfield, Josh Homme, Trent Reznor (entre autres), Sony Music 

 

 

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